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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Le pays en quête de stabilité Un problème majeur, le dossier économique (photo)

Back to the future, retour vers le futur : c’est le passé qui éclaire le mieux l’avenir. À ses partisans, qui s’inquiétaient des attaques de ses opposants, Chamoun répondait quand il était président : «Le pays est prospère. Alors, laissez-les s’égosiller autant qu’ils veulent». Une façon polie de dire, «ils peuvent toujours courir»; ou encore, comme le veut l’adage oriental, «les chiens aboient, la caravane passe». Mais cette superbe indifférence n’est possible que lorsqu’une nation se porte bien. Ainsi, malgré son retentissant triomphe dans la guerre du Golfe, George Bush senior a été renvoyé dans ses foyers par les électeurs américains à cause d’une toute légère récession économique. Inversement, malgré ses frasques, Clinton pour sa part a été réélu sans peine parce qu’il avait su relancer la croissance US. Dès lors, comme Karl Marx l’avait deviné, la stabilité politique d’un État ou d’un système passe d’abord par le facteur économique et ensuite par l’élément politique. Le Japon, dont la classe politique est plutôt agitée sans que cela perturbe vraiment l’archipel, en donne un exemple devenu classique. Mais une nuance s’impose : dans les pays en voie de développement, ce qui vient avant même les finances ou l’économie, c’est l’ordre public, la stabilité sécuritaire. On se souvient du slogan brandi par les pacifistes de tous bords durant la guerre : «la sécurité avant le pain». Ce qui est tout à fait logique, car sans l’une on ne peut avoir l’autre. Sauf catastrophe, cette stabilité sécuritaire semble désormais garantie au Liban. Son grand problème reste donc la situation malsaine de ses finances publiques et la stagnation accentuée qui frappe son économie. Des difficultés d’autant plus redoutables que la caste politique, qui a pour tâche de les traiter, s’en détourne pour s’intéresser aux prochaines élections. Et accessoirement à ces négociations régionales de paix auxquelles la participation libanaise s’annonce quasiment symbolique. Dans son dernier sermon dominical, le patriarche Sfeir a mis le doigt sur la plaie. En soulignant que la priorité doit aller au dégagement économique «pour dissiper l’inquiétude qui ronge notre collectivité nationale. Et lui redonner la paix de l’esprit». Avec une pointe d’humour, le prélat a lancé aux politiciens faiseurs de beaux discours que «ventre affamé n’a point d’oreilles… ». Le pouvoir affirme pour sa part qu’il a mis le redressement sur les rails. Le président Sélim Hoss, lui-même économiste de formation, soutient que son gouvernement a appliqué le principe de la réorientation des dépenses publiques, aussi bien pour le prochain budget que pour celui de l’année courante. Il ajoute qu’un plan d’assainissement des finances publiques a été mis au point. À l’en croire, les premiers effets de ce programme de redressement se font déjà sentir par la réduction des taux d’intérêt sur les bons du Trésor et par l’accroissement des réserves en devises de la Banque du Liban. M. Hoss se félicite également de la mise sur pied du Conseil économique et social. Il se décerne également un satisfecit appuyé en relevant que son gouvernement ménage les libertés économiques, l’initiative privée, la liberté de transfert des capitaux et d’investissement. Autrement dit, le gouvernement respecte les lois en vigueur et on ne peut effectivement que l’en remercier chaleureusement. Mais M. Hoss affirme ensuite que son gouvernement jouit, sur le plan économique, de la totale confiance des Libanais. Ce qui n’est pas tout à fait certain. Car les gens savent qu’ils vivent des temps plutôt durs, même si la plupart ignorent, par exemple, que le taux de croissance qui était de + 7 % en 1995 est tombé cette année à 1 %. Un marasme que confirme, entre autres indices, la réduction de 13 % du volume des chèques échangés. Cela alors que les surtaxes décrétées par l’actuel pouvoir n’ont fait qu’accabler le commerce, ralentir la consommation, fouet de croissance, et réduire paradoxalement les rentrées du Trésor par le frein apporté aux importations. Du reste, et le public ne l’ignore pas, le gouvernement présent ne fait que s’endetter et augmenter le volume de la dette libanaise au lieu de le comprimer. De ce fait, comme les officiels l’avouent maintenant, le déficit réel du Trésor sera cette année non pas de 36,25 % comme annoncé, mais bien de 47 % au moins. Parallèlement, selon des spécialistes, le taux de chômage atteint 23 % parmi les diplômés d’université et 13 % parmi les ouvriers. Ainsi les 3 500 ingénieurs qui étaient sans travail fin 1998 ont vu leur nombre doubler pour passer à 7 000 cette année. L’opinion sent aussi, confusément, qu’un symbole flamboyant des affaires est mieux susceptible d’attirer les capitaux étrangers qu’un austère professeur d’université. Il est dès lors possible, il est même souhaitable en un sens, que la situation économique constitue l’un des thèmes principaux de la campagne électorale qui va s’ouvrir. Cela peut être utile, si l’on évite les surenchères faciles à caractère purement politicien.
Back to the future, retour vers le futur : c’est le passé qui éclaire le mieux l’avenir. À ses partisans, qui s’inquiétaient des attaques de ses opposants, Chamoun répondait quand il était président : «Le pays est prospère. Alors, laissez-les s’égosiller autant qu’ils veulent». Une façon polie de dire, «ils peuvent toujours courir»; ou encore, comme le veut...