Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Festival du cinéma européen C'est quoi la vie, François Dupeyron ?

Metteur en scène, scénariste français, François Dupeyron a présenté au cours du Festival du film européen (qui clôture ses activités demain jeudi au cinéma Stargate Zahlé) son quatrième long métrage C’est quoi la vie ?, prix du meilleur film au festival de «San Sebastian» 1999. C’est quoi la vie ?, c’est cette question ambitieuse que François Dupeyron pose dans son film, une œuvre à la grande beauté formelle. Où paysages, êtres et sentiments sont filmés avec grâce. «C’est une question que l’on se pose quand les choses se bousculent», note françois Dupeyron. «Ce genre de question on ne sait pas comment l’aborder. À l’école on nous a appris d’apporter une réponse. Mais ce genre de question, il vaut mieux la laisser en suspens car si on y répond, on n’a plus à se la poser». Le film ne répond donc pas à la question mais révèle comment les personnages réagissent par rapport à elle. Le cinéaste français a travaillé avec un chef opérateur japonais, Tetsuo Nagata. «Il a apporté beaucoup de choses de sa culture. Cela se reflète dans la lumière, les cadrages. C’est comme ces livres d’images sur les jardins japonais». «Le début du film est autobiographique. Le reste est personnel», souligne le cinéaste. Pour Dupeyron, le silence ce n’est pas l’absence de bruit c’est quand c’est calme dans la tête : «Une nuit après le tournage, je suis passé par l’étable. Il était tard, les vaches étaient couchées, leurs grandes carcasses étendues sur la paille. Il y avait là un calme extraordinaire, une paix que je ne connaissais pas. J’étais là à regarder, à écouter les respirations, à respirer le même air, à ne penser à rien. Il y avait comme une invitation à partager ce calme, à m’y fondre. Toute ma fatigue, tous mes soucis de la journée se sont évanouis. C’est cela que j’essaie de transmettre, c’est cela que découvre Nicolas en observant son grand-père qui regarde le soleil se lever». François Dupeyron a fait ici œuvre de poète. Il se dégage des images du chef-opérateur japonais Tetsuo Nagata une beauté irréelle qui épouse parfaitement la simplicité et la profondeur de C’est quoi la vie ?. Par ailleurs, ce qui est bouleversant dans ce film, outre la renaissance des personnages, c’est celle du cinéaste. Découvert il y a dix ans avec un beau film intimiste (Drôle d’endroit pour une rencontre, avec Depardieu et Deneuve), il s’est quelque peu perdu et avoue avoir dû «démonter son moteur» pour comprendre ce qui ne marchait plus. De ce sujet qui lui est cher (lui-même fils de paysans, il s’est trouvé dans la situation de son héros), il a tiré une œuvre personnelle, intime mais aux résonances universelles. Tourné en Scope, avec les visages et la nature qui «mangent» tout, C’est quoi la vie ? est un récit d’apprentissage bercé par l’ocre d’une lumière splendide. C’est avant tout l’histoire d’un jeune homme qui cherche un sens à son existence. «Trouver sa place», tel est le but de Nicolas (excellent Eric Caravaca). Or le monde dans lequel il a été élevé et où il a toujours vécu s’éteint. Dupeyron peint par petites touches et sans didactisme un univers sans pitié et sans transcendance. Les vaches devenues folles sont destinées à une fin absurde, les vieux sont placés dans des maisons de retraite et, comme les animaux, perdent la raison. Les hommes se tuent à la tâche avant de se tuer tout court en laissant les vivants en proie à la culpabilité. Seule lueur chez Nicolas : la rencontre d’une autre solitude, Maria, la trentaine, veuve avec deux enfants. La mère de Nicolas refait déjà sa vie à la ville tandis que sa sœur se mure dans le silence ou fugue. Que faire ? Nicolas revient à ses premières illusions : bouger, partir, voir des choses. De navrantes tentatives d’acclimatation urbaine le décident cependant – aidé de ses grands-parents sortis de la maison de retraite où ils dépérissaient – à renouer avec la plus pure et la plus modeste des traditions paysannes dans les hautes et sublimes solitudes des Causses où l’attend Maria, grand amour de sa vie. Nicolas revient aux bases et aux fondements. Non pas revenir au monde d’avant mais par instinct de vie et de survie, naturellement. Plonger les mains dans la terre, mettre bas une vache… Nicolas ne sait ni le comment ni le pourquoi de ces gestes mais ils lui reviennent comme des réflexes oubliés.
Metteur en scène, scénariste français, François Dupeyron a présenté au cours du Festival du film européen (qui clôture ses activités demain jeudi au cinéma Stargate Zahlé) son quatrième long métrage C’est quoi la vie ?, prix du meilleur film au festival de «San Sebastian» 1999. C’est quoi la vie ?, c’est cette question ambitieuse que François Dupeyron pose dans son film,...