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Actualités - REPORTAGES

Universités et secteur privé : pas d'excellence sans recherche

En dix mois, de janvier à octobre 1999, le CNRS a approuvé 87 projets de recherche distribués entre les différentes universités et centres de recherche du Liban. Le montant des fonds alloués à ces projets s’élève à 600 millions de livres libanaises. «Une bonne partie de cette somme revient aux projets présentés par l’Université américaine de Beyrouth (AUB), qui constituent 39 % du total», constate M. Mouin Hamzé, secrétaire général du CNRS. «L’Université libanaise (UL) vient en seconde position alors que les chercheurs répartis dans les différents centres du CNRS arrivent en troisième position». Analysant cette répartition inégale des projets de recherche dans le pays, M. Hamzé soulève les points suivants : «Cette situation ne m’étonne pas. Les enseignants du Liban font de la recherche quand celle-ci est indispensable à leur promotion scientifique ou quand ils sont convaincus eux-mêmes que la recherche améliore leurs connaissances et leur permet de garder des liens avec la communauté internationale. Il n’y a pas de doutes qu’à l’AUB il existe un environnement propice à la recherche voire des règlements qui incitent le professeur à aller de l’avant, sous peine de ne pas garder sa position longtemps.» Cette sorte de règlements n’est pas appliquée dans d’autres universités, déplore M. Hamzé. À l’UL, poursuit-il, la tâche primordiale de l’enseignant est d’enseigner. Sans compter que la guerre a conduit à la destruction des grands laboratoires de l’université publique, ce qui entrave encore davantage des projets de recherche s’il y en a. «Je comprends que certains professeurs aient renoncé à la recherche faute d’équipements», ajoute-t-il. «Mais je trouve quand même qu’il y a un certain laisser-aller chez d’autres collègues qui ne voient pas l’utilité de la recherche. La participation des autres universités, même celles qui sont renommées, reste, elle aussi, trop limitée». Mais pourquoi les propres chercheurs du CNRS n’arrivent qu’en troisième position ? «Il ne faut pas oublier que le nombre des chercheurs du CNRS ne dépasse pas douze», fait-il remarquer. «Avec ça, ils ont seize projets financés par le CNRS et au moins autant pris en charge par des organisations internationales et des programmes étrangers. Nos chercheurs font leur devoir». Pourquoi n’y a-t-il pas plus de chercheurs justement ? Les directeurs des quatre centres se sont souvent plaints à L’Orient-Le Jour dans de précédents articles du manque d’effectif. «Notre budget nous permet de recruter 60 chercheurs dans nos centres», précise M. Hamzé. «Il existe assez de projets pour occuper tant de personnes. On peut garantir le suivi positif de leurs travaux dans les domaines que traitent nos centres de recherche. Mais nous sommes bloqués par la décision du Conseil des ministres, renouvelée régulièrement depuis quelques années, d’interdire toutes sortes de recrutement dans les institutions publiques». Récemment, selon le secrétaire général du CNRS, le conseil d’administration a pris la décision de demander au Conseil des ministres la permission de recruter six chercheurs et six ingénieurs techniciens dans chacun des quatre centres. Ce recrutement, le conseil d’administration souhaite qu’il soit échelonné sur trois ans parce qu’il n’est pas évident de trouver 24 spécialistes d’un coup. Y a-t-il une initiative de la part du CNRS pour attirer les chercheurs qui travaillent à l’extérieur ? «Des chercheurs libanais à l’étranger nous écrivent tout le temps», répond-il. «Dès que nous serons capables de recruter, nous lancerons un appel non pas seulement national mais international. Je vous assure qu’ils consultent tous notre site Internet». Pour en revenir aux universités, M. Hamzé déplore que «les enseignants universitaires aient si peu de temps pour la recherche en raison d’un organigramme très chargé». Il ajoute : «Il ne faut pas oublier qu’un enseignement universitaire qui n’est pas secondé et développé par la recherche se rapproche plus de l’enseignement secondaire. Il n’y a que la recherche scientifique qui soit capable de renouveler, d’enrichir et de réactiver l’enseignement supérieur». Selon lui, les étudiants qui s’inscrivent dans des universités privées et payent une scolarité élevée ont le droit d’exiger un enseignement par la recherche. Si les universités n’ont pas les moyens de faire fonctionner ce secteur, le CNRS est disponible pour les seconder. «Le budget que nous prévoyons de consacrer pour la recherche en l’an 2000 s’élève à 900 millions de livres libanaises», précise M. Hamzé. «Cela constitue 21 % de notre budget total. Il n’y a pas de centres dans la région qui consacrent une telle somme pour soutenir des projets qui ne se réalisent pas en leur sein». Cependant, M. Hamzé relève une autre carence, tout aussi grave selon lui : le ravalement du budget du CNRS vient de l’État. Aucun centre de ce type dans le monde ne dépend exclusivement du financement public. Dans d’autres pays, le secteur privé contribue très souvent à la recherche. «Au Liban, le secteur privé n’investit jamais dans la recherche», dit-il. «Si on excepte les universités, le secteur de production ne voit pas l’intérêt de la recherche et ne demande aux centres scientifiques que quelques services techniques. Il faudrait que le secteur privé s’intéresse plus au domaine et aux avantages qui pourraient en découler pour la production (amélioration de la qualité…)».
En dix mois, de janvier à octobre 1999, le CNRS a approuvé 87 projets de recherche distribués entre les différentes universités et centres de recherche du Liban. Le montant des fonds alloués à ces projets s’élève à 600 millions de livres libanaises. «Une bonne partie de cette somme revient aux projets présentés par l’Université américaine de Beyrouth (AUB), qui...