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Actualités - ANALYSE

La formule des 13 garde le vent en poupe Les opposants placent leurs espoirs dans Baabda

Pour déterminer le nouveau paysage politique libanais, une bataille en cinq étapes : le découpage des circonscriptions, les alliances, la campagne électorale, le scrutin, les résultats. La première phase, cette loi électorale que le gouvernement doit proposer à la Chambre, conditionne presque tout. La rumeur publique veut que l’on s’achemine vers une formule de 13 circonscriptions. Les parties opposées à un tel projet placent désormais tous leurs espoirs dans l’arbitrage du chef de l’État. Le président Lahoud peut en effet trouver qu’un tel découpage ne correspond pas aux principes généraux auxquels il tient lui-même et qui sont : l’égalité entre toutes les régions, entre tous les votants, sans exception aucune, par le biais d’un mécanisme de partage unifié ; une saine représentation de l’électorat ; un équilibrage et un brassage consolidant la coexistence nationale. Selon ses adversaires, la formule dite des 13 enfreint clairement les principes présidentiels sur plus d’un. Ils affirment en effet qu’elle n’assure aucune égalité ni entre les régions ni entre les communautés. Qu’elle ne se fonde pas sur un mécanisme unifié garantissant les équilibres, la saine représentation de proximité et le renforcement de la coexistence. Le fait est que la partie méridionale du pays est exemptée de division, contrairement aux autres régions, sous le prétexte qu’elle subit en partie l’occupation israélienne. Or cette justification «est d’autant plus inadmissible, souligne un député, que la Békaa-Ouest, qui se trouve elle aussi en partie occupée, n’échappe pas pour sa part à la règle générale qui ordonne le morcellement des mohafazats et se trouve dès lors coupée des districts de Baalbeck ou de Zahlé. On voit donc que même au sein des deux poids deux mesures, on trouve moyen d’aggraver les inégalités d’une manière tout à fait illogique et déraisonnable». Dans le même ordre d’idées, cette personnalité ne parvient pas à comprendre «pourquoi on veut diviser le Mont-Liban en quatre, la Békaa en trois et le Nord en deux. Ni pourquoi le Sud ferait exception et pas la capitale, qui est pourtant le creuset autant que le symbole de l’unité nationale». Ce parlementaire souhaite dès lors qu’en Conseil des ministres, «le chef de l’État, dont on n’ignore pas le parfait désintéressement en matière de cuisine électorale, rende un avis défavorable par rapport à la formule dite des 13. Il devrait en demander la rectification. Et si cela n’est pas possible, conseiller que l’on adopte pour tous le même costume, soit le mohafazat soit le caza ou encore un panachage uniformisé des deux». De son côté, l’ancien président de la Chambre, M. Hussein Husseini, connu pour son modérantisme, s’indigne et relève qu’«en 92, deux exceptions avaient été retenues pour la Békaa et le Mont-Liban ; en 96, c’est ce dernier mohafazat seul qui avait été disloqué ; aujourd’hui, on veut étendre les exceptions à tout le pays et briser ainsi la chaîne nous reliant à Taëf. Il aurait fallu élaborer une loi électorale en base des mohafazats pour que cela mène à la formation de grands blocs politiques mélangés dont serait issu un gouvernement d’entente nationale». Étrange mais vrai, même le gouvernement trouve à redire à ce projet des 13 circonscriptions dont on lui attribue l’intention de paternité. On sait en effet que le président du Conseil, M. Sélim Hoss, se propose de protester en Conseil des ministres contre le découpage de Beyrouth. Mais il se hâte de préciser qu’il ne ferait en aucun cas obstacle à la volonté de la majorité ministérielle, ce qui fait que sa prise de position n’est que purement théorique. L’opposition lui reproche cette défense passive et le parlementaire cité plus haut affirme que «le président du Conseil ne cesse de répéter que la loi électorale doit être consensuelle sur le plan national. Il a tout à fait raison et ce n’est pas à travers le vote de quelques ministres, dont la plupart n’ont d’ailleurs rien à voir avec la politique, que ce même consensus national peut être atteint. Il faut que le pouvoir prenne en compte les innombrables objections que soulève son projet. Il ne peut ignorer, sans mettre à mal la cohésion interne du pays, les points de vue des parties qui se réclament de pôles majeurs comme le patriarche Sfeir, le président Rafic Hariri, le président Omar Karamé, M. Sleiman Frangié, le président Hussein Husseini, Mme Nayla Moawad, M. Tammam Salam ou le président Sélim Hoss lui-même. On peut également citer les fortes réticences d’instances ou de partis tout aussi notables comme le Conseil supérieur chiite, Dar el-Fatwa, le Bloc national, le PNL, la Jamaa islamiya, le courant aouniste ou celui des FL».
Pour déterminer le nouveau paysage politique libanais, une bataille en cinq étapes : le découpage des circonscriptions, les alliances, la campagne électorale, le scrutin, les résultats. La première phase, cette loi électorale que le gouvernement doit proposer à la Chambre, conditionne presque tout. La rumeur publique veut que l’on s’achemine vers une formule de 13 circonscriptions. ...