Tchétchénie - Les forces fédérales mitraillent une colonne de réfugiés Les russes prennent Argoun, Grozny encerclée à 90%

Les forces russes ont pris de nouvelles positions hier dans les faubourgs de Grozny, encerclant «à 90%» la capitale tchétchène, tandis que l’agence officielle russe Itar-Tass annonçait la mort de 40 à 50 réfugiés mitraillés par l’armée fédérale. Après plusieurs jours d’affrontements et de lourdes pertes de part et d’autre, les Tchétchènes ont annoncé hier que leurs hommes avaient évacué la ville d’Argoun, à huit kilomètres à l’est de Grozny, et le village d’Alkhan-Iourt, au sud-ouest de la capitale. Le haut commandement russe a d’abord confirmé l’information, avant de faire état de «violents combats» dans Argoun. En fin de journée, des sources à l’état-major russe citées par Interfax ont finalement affirmé que Grozny était «encerclée à 90 % à l’Est, au Nord et à l’Ouest», considérant Argoun comme conquise. «Argoun est une position-clé sur la route de Grozny, et ouvre également une voie vers les zones montagneuses de Tchétchénie», a déclaré à l’agence Itar-Tass le colonel russe Iouri Em. Le conseiller du président tchétchène Aslan Maskhadov, Aslambek Ismaïlov, a été le premier à annoncer l’évacuation d’Argoun : «Le retrait de la ville d’Argoun a été dicté par des raisons tactiques et dans le but d’éviter des pertes importantes pour l’armée tchétchène», a-t-il déclaré à Grozny. Argoun était l’une des rares villes importantes de la Tchétchénie indépendantiste, avec la capitale Grozny, Chali (sud-est) et Ourous-Martan (20 km au sud-ouest de Grozny), à être encore aux mains des combattants tchétchènes. Les positions russes les plus avancées sont à deux km de la capitale et les troupes fédérales contrôlent la plupart des localités importantes, dont Goudermès, deuxième ville de la République. L’étau s’est ainsi resserré encore un peu plus sur Grozny, où se trouve toujours le président indépendantiste Aslan Maskhadov, réfugié dans un bunker, pour échapper aux bombardements ininterrompus de l’artillerie et de l’aviation russes. M. Maskhadov et les combattants indépendantistes qui défendent Grozny ne disposent plus que d’un corridor de quelques kilomètres de large vers le Sud pour quitter éventuellement la capitale et gagner les zones montagneuses de la République. C’est dans ce corridor, à une dizaine de kilomètres au sud de Grozny, qu’une colonne de réfugiés composée d’un autobus et de sept ou huit voitures a été mitraillée hier, selon un témoin cité par Itar-Tass. 40 et 50 personnes ont été tuées et une dizaine d’autres blessées, a affirmé Taïssa Aïdamirova, une femme interrogée dans un hôpital de la République voisine d’Ingouchie, où elle est arrivée dans la journée avec une amie blessée, selon elle, dans la fusillade. Aucune confirmation de l’incident ou du bilan n’a pu être obtenue d’une autre source. Le centre d’information sur le conflit à Moscou, interrogé par téléphone, a affirmé que «l’état-major des forces fédérales à Mozdok (Caucase) ne confirmait pas cette information». Sur le plan diplomatique, la Russie a continué à refuser toute ingérence étrangère dans le conflit, s’opposant notamment à une rencontre entre Aslan Maskhadov et le président en exercice de l’OSCE, le Norvégien Knut Vollebaek, dont les offres de médiation ont été repoussées par Moscou. Le président Maskhadov a fait savoir hier qu’il proposait un plan de paix à la Russie et menacé en cas de refus de Moscou de faire appel à l’aide militaire de pays étrangers. Les députés russes ont voté en première lecture un projet de loi d’amnistie pour les combattants tchétchènes qui déposeraient les armes avant le 30 décembre. Le texte pourrait être adopté définitivement vers la mi-décembre.