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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Première rencontre des distributeurs européens et moyen-orientaux Un mot d'ordre : diversifier les films dans nos salles

Dans le but de concrétiser le projet de partenariat euro-méditerranéen, le Comité de préparation du festival du cinéma européen a organisé hier une première rencontre euro-méditerranéenne des distributeurs de cinéma sur le thème : «La distribution du cinéma européen dans le Moyen-Orient des années 2000 : perspectives, ouvertures, contacts et instruments de promotion». L’objectif de la rencontre est de promouvoir les contacts entre les distributeurs libanais et moyen-orientaux avec les distributeurs/ exportateurs européens pour identifier les possibilités concrètes d’augmenter les chances d’accès du public libanais et moyen-oriental au cinéma européen contemporain. Avec le démarrage du premier programme de coopération audiovisuelle entre l’ Union européenne et les pays méditerranéens, Euromed-Audiovisuel, de nouvelles perspectives se profilent pour la distribution et la diffusion du cinéma européen dans la zone-Méditerranée et vice-versa. Le réseau Europa cinémas va bientôt s’étendre à tous les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, offrant ainsi une possibilité intéressante de diversification du produit audiovisuel présenté au public libanais et moyen-oriental (jusqu’ici monopolisé par les grandes compagnies d’Outre-Atlantique) . Dans ce contexte, des instruments précis d’appui à la distribution du cinéma européen en Méditerranée seront disponibles au début de l’ an 2000. Giorgio Ficarelli, délégué à la commission européenne, a souligné en introduction que cette rencontre propose de mettre en contact direct des détenteurs de droits internationaux du cinéma européen et des distributeurs du Moyen-Orient pour favoriser une meilleure connaissance mutuelle. L’identification de mécanismes plus directs de ravitaillement en films et une meilleure compréhension des instruments de promotion pourront être bénéfiques aux distributeurs libanais et méditerranéens dans leur effort de présenter les dernières créations de la cinématographie européenne. Après cette discussion publique, des rencontres bilatérales seront organisées entre les différents partenaires européens, libanais et moyen-orientaux, pour identifier les stratégies de distribution qui permettront de répondre à la demande croissante de diversification du public de la région. Afin de maximiser les résultats possibles, la rencontre est organisée en coopération avec European Film Promotion, organisation européenne qui regroupe toutes les agences nationales de promotion du cinéma des pays membres de l’Union Européenne, et Europa Cinémas, réseau de salles programmant films européens, méditerranéens et de l’Europe centrale et orientale. Participaient à cette table ronde : M. Claude-Eric Poiroux, Europa Cinémas ; Eliane Dubois, distributrice belge ; Claudia Rae-Colombani, distributrice française ; Andreina Mazotto, distributrice italienne ; Torsten Schaumann, distributeur allemand ; Ellis Diesson, distributrice néerlandaise ; Gabriel Khoury, producteur et distributeur égyptien et Mario Haddad, distributeur libanais. Étaient présents également d’autres distributeurs libanais dont Sami Khoury, Liliane Atallah, et Dima el-Jundi Mario Haddad, président du syndicat des distributeurs libanais a dressé un bilan de la situation du cinéma au Liban. Il a surtout noté les conditions difficiles dans lesquelles le film européen se débat actuellement au Moyen-Orient. «En général le film européen est distribué dans tout le Moyen-Orient par les distributeurs libanais. Le Liban a toujours été le laboratoire d’essai d’un film. Suivant le succès que le film connaît au Liban, il poursuit sa trajectoire dans la région». M. Haddad poursuit : «Au Liban, on ne connaissait du film européen que le français et l’ italien. L’anglais étant apparenté à l’américain». Selon lui, le cinéma européen, représenté par les films français et italien, a connu une période de grand succès pendant les années 60-70. «Il nous arrivait même de pouvoir les distribuer un peu partout dans le Moyen-Orient. La guerre civile a perturbé tout cela. Le film français a souffert. Le cinéma en général a souffert mais le film américain, ayant des bases solides a pu survivre. Le film européen se basant sur des distributeurs libanais ayant des épaules assez frêles, n’ a pas pu subir un choc aussi sévère que celui que nous avons supporté. Pendant une quinzaine d’années nous avons été sevrés. Et c’est là où j’en veux aux distributeurs et producteurs européens qui n’ ont pas su comprendre que le Liban et le Moyen Orient passaient par une crise. Il n’ y a pas de maison de distribution européenne assez grande pour ouvrir un bureau chez nous comme le font les distributeurs américains. M. Haddad a ajouté qu’avec la naissance des multiplex ( il y a actuellement plus de cent écrans au Liban) les cinémas ont besoin de films, de diversification. «C’est pour cela que notre circuit s’est tourné vers la production européenne. Nous faisons quand même la distinction avec certains films européens qui s’apparentent avec la production américaine et qu’on présente dans le circuit commercial comme “Les Visiteurs”, “Asterix” ou “Jeanne d’ Arc”. Il s’attarde plutôt sur les films européens qu’il considère comme difficiles. Ceux-là ont besoin d’un traitement spécial. «Nous leur avons consacré, une salle, le Cinéma Six. 80% de sa programmation sont européennes. Le reste sera consacré aux films méditerranéens». Et M. Mario Haddad de conclure : «Il faut trouver un moyen de faire accepter les films européens par le public libanais. Le Festival du cinéma européen œuvre dans cette optique. Son succès montre que le public libanais est intéressé par ce cinéma». Eliane Dubois, de Belgique a noté, pour sa part, que les autorités libanaises doivent comprendre qu’il y a un danger à long terme qui guette la distribution cinématographique. Ces problèmes sont liés à la censure, aux taxes douanières, à la lenteur des démarches administratives… Elle a ensuite soulevé les questions concernant la traduction : dans quelles langues faut-il sous-titrer les films européens ? Est-ce que le piratage, la vidéo, les chaînes satellites constituent-ils une menace quelconque pour le cinéma ? Les doléances des distributeurs concernant la censure et les démarches administratives ont trouvé un écho chez l’Égypien Gabriel Khoury qui a déclaré : En Égypte les problèmes sont beaucoup plus graves. Nous sommes dans une période de transition. Avec la nationalisation du cinéma en Égypte, le gouvernement a pris en main toutes les salles. Il y a eu une baisse énorme dans les projections de films. Depuis une dizaine d’années, des projets de nouvelles salles sont en cours. Le gouvernement privatise les salles. Nous aurons au moins 100 nouveaux écrans. Nous avons donc besoin d’importer des films. Il a soulevé un autre problème : «Les médias sont entre les mains du gouvernement. Si on veut citer un film dans le cadre d’une émission télévisée, on doit payer. Il y a un grand travail à faire sur les médias. À la base, le public n’existe pas. Espèrons que le nouveau programme Euromed prendra cela en considération». Claude-Eric Poiroux prend à son tour pour souligner que le Liban, aujourd’hui, est un lieu propice à la distribution de films européens. Les salles sont en condition parfaite, et vous passez des films américains dans d’excellentes conditions a-t-il dit, il faut absolument instaurer une diversification des films, et la mise en place de plusieurs salles Europa figure parmi les objectifs. Concernant le programme Euromed, M. Poiroux a noté que des aides seraient octroyées aux salles qui consacreraient au moins 50 % de leur programmation à des films européens. Une aide est également prévue côté distribution . Elle couvrirait jusuq’à 50 % des frais de l’achat ou de la fabrication de la copie d’un film, de la traduction ou du sous-titrage et de la promotion publicitaire quand cette dernière est faite par le distributeur. Les détails de ce programme, qui n’a pas encore été finalisé, seront communiqués bientôt.
Dans le but de concrétiser le projet de partenariat euro-méditerranéen, le Comité de préparation du festival du cinéma européen a organisé hier une première rencontre euro-méditerranéenne des distributeurs de cinéma sur le thème : «La distribution du cinéma européen dans le Moyen-Orient des années 2000 : perspectives, ouvertures, contacts et instruments de promotion». ...