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Actualités - CHRONOLOGIE

Histoire - Emile Eddé vu par le secrétaire général du Bloc national Les hommes qui ont fait le Grand-Liban

Le parti du Bloc national a réussi à se faire connaître comme étant le foyer de quelques indomptables militants qui ont persévéré à réclamer, et sans compromis aucun, la libération du territoire libanais et son intégrité. Ces éternels insoumis se sont rebiffés toutes les fois où «l’entité libanaise était en danger», toutes les fois où le risque d’une ingérence étrangère pointait à l’horizon, et celle-ci aura été bien fréquente au cours de l’histoire contemporaine du pays des cèdres. Cette position inaltérable leur a valu respect et estime de la part de certains, critiques et rejet de la part de quelques autres, qui y ont vu une obstination injustifiée au regard «de circonstances politiques délicates», et un idéalisme qui méconnaît les subtilités de la realpolitik. «L’Histoire sera seul juge», répond le secrétaire général du parti, M. Ibrahim Estephan, dans un ouvrage en langue arabe, Hikm al-tarikh) paru il y a deux jours, comportant une chronologie bien particulière de l’histoire du Liban, qui braque la lumière sur le rôle joué par le président Emile Eddé, «père de l’indépendance par excellence». Outre des dizaines de partisans et de sympathisants venus rendre hommage au fondateur du parti, Émile Eddé, ainsi qu’à son fils, le Amid Raymond Eddé, dont le 86° anniversaire était célébré ce soir-là, la signature de l’ouvrage a rassemblé à l’hôtel Aquarium à Jounieh, plusieurs officiels venus prendre part à ce que les “kitlawiyeh” ont qualifié de «moment de vérité historique». Raymond Eddé, s’est forgé la réputation d’un homme fermement attaché aux principes, intransigeant dès lors que l’on parle de souveraineté ou de frontières. Ce qui est moins connu, nous confie le secrétaire général du parti, M. Ibrahim Estephan, c’est que cet engagement remonte à la gestation du Liban actuel. En effet, président Émile Eddé avait détecté les multiples dangers menaçant le Liban dans le contexte de déclaration Balfour et de l’effondrement de l’Empire ottoman. C’est précisément le rôle joué par le président Eddé à l’époque qui est mis en relief dans cet ouvrage. L’auteur traite également des “divisions interlibanaises” ou divergences d’opinion entre les habitants de la wilayat de Beyrouth et du Sud, qui prônaient l’unification avec la Syrie (sous l’égide de l’émir Fayçal) à l’opposé des habitants du Mont-Liban qui s’étaient plutôt prononcés en faveur du retour aux délimitations adoptées du temps de l’émirat ainsi que la restitution des territoires annexés en 1861, c’est-à-dire la wilayat de Beyrouth et les quatre cazas de Hasbaya, Rachaya, Baalbeck et de la Békaa . «Le président Émile Eddé avait réclamé l’application de la fameuse carte dite de 1862, qui avait été établie par un corps expéditionnaire composé de militaires français, pour mettre, à l’époque, un terme à la guerre entre les druzes et les maronites», écrit M. Estephan, en explicitant la notion de retour aux frontières de 1862. Le Liban-Sud déjà C’est encore Émile Eddé qui avait mis en garde contre une annexion du Liban-Sud jusqu’au fleuve Litani, en 1920, lorsque Haïm Weizmann avait demandé «une modification de la frontière nord de la Palestine», lors de sa visite à Paris. Et c’est toujours Eddé qui va inlassablement réclamer la création du Grand-Liban, qui sera enfin proclamé en 1920, mentionne l’auteur. Quant aux autres prises de position, relatives à l’unité nationale et à la souveraineté du Liban, adoptées par le Bloc national depuis sa naissance et jusqu’à nos jours, elles ne font qu’apporter un éclairage supplémentaire sur les constantes idéologiques du parti. Et Ibrahim Estephan de remonter tous les jalons de l’histoire libanaise pour démontrer, étape après étape, comment le BN (et le président Eddé) ont toujours plaidé en faveur de l’intégrité du territoire libanais. «Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris pourquoi Raymond Eddé s’obstinait à se faire toujours photographier auprès de la carte géographique du Liban, une attitude que je trouvais à l’époque bizarre», note-t-il. C’est dire que cette fameuse carte ne prend son sens qu’à la lumière de la convoitise des forces étrangères, lesquelles ont fini par orchestrer une bonne partie du destin du Liban. Une partie seulement, et c’est bien ce que l’auteur a voulu démontrer, car une grande latitude d’action est toujours laissée «aux acteurs téméraires, ceux qui font l’Histoire, ceux qui forgent l’avenir des peuples». Une façon aussi de mettre en exergue la volonté nationale, face aux velléités «des autres décideurs». C’est un peu l’objectif de cet ouvrage qui, sans avoir la prétention d’être, du point de vue de la méthodologie, fidèle aux rudiments de l’écriture de l’Histoire, exprime, par chronologies et faits historiques interposés, que le destin du Liban a été et peut toujours être l’œuvre de ses citoyens. À condition, toutefois, que les principes de base soient respectés : à savoir l’indépendance et l’intégrité de son territoire. Bref c’est l’histoire d’un pays vue à travers la mutation de ses frontières géographiques, face à l’obstination d’un président qui a eu foi en la légitimité de ses revendications, un président dont le fils a repris le flambeau sitôt après sa disparition. Enfin, il reste à espérer que cet ouvrage, qui regroupe des documents de base importants, puisse inciter les historiens à repenser et à réécrire cette période de l’histoire, ô combien cruciale, avec un éclairage nouveau. Peut-être aussi pourrions-nous enfin nous acheminer vers une certaine «véridicité historique» qui mènerait un jour à un seul livre d’Histoire qui aurait obtenu un consentement national. En sommes-nous encore très loin?
Le parti du Bloc national a réussi à se faire connaître comme étant le foyer de quelques indomptables militants qui ont persévéré à réclamer, et sans compromis aucun, la libération du territoire libanais et son intégrité. Ces éternels insoumis se sont rebiffés toutes les fois où «l’entité libanaise était en danger», toutes les fois où le risque d’une ingérence étrangère...