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Actualités - ANALYSE

Gouvernement - Le Liban endetté bien au-delà de ses capacités La politique fiscale ne fait pas l'unanimité au sein du Cabinet Hoss

Les positions parlementaires et politiques devraient normalement se décanter avec le projet de budget que le gouvernement présentera prochainement à l’Assemblée nationale. C’est notamment sur sa capacité de réduire le déficit et de planifier le remboursement de la dette publique que le Cabinet sera jugé. Le président de la République Émile Lahoud a déjà annoncé un budget qui sort de l’ordinaire : il comprendrait de nouvelles recettes qui n’inquièteraient en aucune façon les catégories démunies de la société, mettrait fin au gaspillage et donnerait une nouvelle impulsion à l’activité économique du pays. De son côté, le ministre des Finances Georges Corm rappelle que le budget du gouvernement est tributaire d’un lourd héritage. Pour rembourser les dettes, il convient, selon lui, de réformer un système fiscal devenu obsolète. Le gouvernement doit recourir à un véritable tour de force pour créer de nouveaux impôts alors que le marasme économique et la grogne sociale battent leur plein. Les responsables sont partagés à ce sujet. Certains envisagent une nouvelle augmentation du prix de l’essence alors que d’autres craignent, dans ce cas, une réaction négative de la population. D’autre part, l’idée d’une majoration des impôts sur le revenu est rejetée par ceux qui sont soucieux de ne rien changer à la législation actuelle pour des raisons de crédibilité. En tout état de cause, M. Corm estime que le Liban s’est endetté bien au-delà de ses capacités. On justifiait alors ces emprunts en prenant pour exemple d’autres pays qui avaient eu recours au même procédé. M. Corm relève toutefois que ces pays ont des ressources que le Liban n’a pas. Par ailleurs, dans une interview à la presse, le ministre des Finances fait état d’un plan de cinq à sept ans visant à réduire le déficit budgétaire et à mettre fin au gaspillage de l’État. Ce plan aurait aussi pour objectif une baisse progressive des intérêts en vue de juguler la dette publique. M. Corm précise dans ce cadre que la hausse des taux d’intérêt est due notamment à la concurrence entre les grandes banques qui cherchent à attirer les dépôts. Selon lui, cette situation nuit aussi bien au pays qu’aux banques elles-mêmes car l’activité économique s’en trouve paralysée. L’amélioration de la perception Sur un autre plan, le ministre des Finances semble déterminé à améliorer la perception des impôts. Pour cela, il incombe de procéder à un décompte sérieux du nombre des contribuables, et à une augmentation du nombre des contrôleurs fiscaux. D’autre part, il convient de ramener les amendes fiscales à des proportions raisonnables. Or, conformément aux lois en vigueur, celles-ci sont soumises au pouvoir discrétionnaire du ministre qui peut autoriser une réduction allant jusqu’à 90 % du montant. De toute évidence, une telle législation n’encourage guère l’investisseur qui craint de se retrouver à la merci d’un ministre mal luné. M. Corm compte ainsi établir des critères objectifs dans ce domaine. En bref, si le gouvernement s’oriente vers une modernisation de la fiscalité, il est toutefois soucieux de ne pas en changer les fondements. Les avis restent toutefois partagés au sein du Cabinet. Contrairement à M. Corm, le ministre de l’Économie, Nasser Saïdi, estime ainsi qu’on peut épargner aux Libanais de nouveaux impôts, la seule amélioration de la perception et l’élargissement de l’assiette imposable suffisant à réduire le déficit. Selon M. Saïdi, la lutte contre le gaspillage contribuerait également à l’assainissement des finances publiques. Le ministre de l’Économie considère ainsi qu’en fixant un plafond aux dépenses de l’État, on commencerait à régler le problème du déficit. Pour le gouverneur de la Banque centrale, M. Riad Salamé, le marasme économique dans le pays est dû essentiellement aux agressions israéliennes contre le Sud, et au gel du processus de paix dans la région. En vue de régler le problème du déficit, il préconise la création de nouveaux impôts à condition que ceux-là n’altèrent pas la production et l’activité économique. Jusqu’à nouvel ordre, il semble ainsi que les membres du gouvernement ne soient pas d’accord sur les moyens de lutter contre le déficit. Néanmoins, il faudra bien qu’ils dépassent leurs divergences avant de présenter leur projet de budget au Parlement.
Les positions parlementaires et politiques devraient normalement se décanter avec le projet de budget que le gouvernement présentera prochainement à l’Assemblée nationale. C’est notamment sur sa capacité de réduire le déficit et de planifier le remboursement de la dette publique que le Cabinet sera jugé. Le président de la République Émile Lahoud a déjà annoncé un...