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Actualités - ANALYSE

La stabilité passe par une coopération harmonieuse entre les pôles du pouvoir

Selon une personnalité spirituelle influente, le Liban ne connaîtra ni stabilité ni prospérité tant qu’une de ses composantes continuera de ressentir des craintes et des frustrations. Pour que le pays puisse entrer dans une longue période de stabilité, il est nécessaire que toutes les communautés religieuses aient un sentiment de tranquillité, de justice et d’égalité, ce qui n’a presque jamais été le cas. Chacune des communautés libanaises a ressenti à une période ou à une autre de son histoire un sentiment d’injustice. Ce fut le cas pour les musulmans du temps du Mandat français, puis pour les chrétiens lors des premières années qui ont suivi l’indépendance. Le pacte de 1943 a essayé de remédier à cette situation en trouvant un compromis entre les revendications des uns et des autres. Les chrétiens ont renoncé au Mandat français et les musulmans à l’unité avec la Syrie. Mais cette formule n’a pas convaincu tous les sceptiques dont Georges Naccache qui avait donné un titre très significatif à l’un de ses éditoriaux : «Deux négations ne font pas une nation». Quoi qu’il en soit, l’esprit de coopération qui caractérisait les relations entre le président Béchara el-Khoury et le chef du gouvernement Riad el-Solh a permis de renforcer les bases du Liban indépendant. Et quand les deux hommes se sont séparés en raison des tiraillements politiques, les relations n’ont pas toujours été harmonieuses entre Béchara el-Khoury et les autres présidents du Conseil. Des voix se sont alors élevées pour réclamer un rééquilibrage des pouvoirs à travers un amendement de la Constitution laquelle accordait, selon M. Sélim Hoss, des prérogatives tellement importantes au chef de l’État qu’il devenait pratiquement roi dans une République où le Premier ministre jouait le rôle de scribe. Le sentiment d’injustice des musulmans et celui de la peur, développé chez les chrétiens, ont empêché pendant des années la réalisation d’une véritable unité nationale. C’est cela qui a permis aux ennemis du Liban de provoquer une guerre civile destructrice qui n’aurait pu éclater si les Libanais n’étaient pas divisés et s’ils n’avaient pas accepté d’en être les instruments. En réduisant les prérogatives du président de la République, «roi dans son pays», le document de Taëf a voulu dissiper le sentiment d’injustice développé par les musulmans. Taëf a donc rééquilibré les pouvoirs en transférant au Conseil des ministres réuni certaines des prérogatives du président. Mais ce sont à nouveau les chrétiens qui se sont sentis lésés, d’autant plus que le document d’entente nationale n’a été que partiellement appliqué. Le retrait des troupes étrangères n’a pas eu lieu comme prévu, le retour des déplacés est demeuré incomplet et les élections législatives n’ont pas été organisées sur la base du mohafazat. Les chrétiens ont estimé que cette nouvelle situation contredisait les dispositions du pacte de 43 qui a jeté les fondements de la convivialité. L’état d’esprit de cette communauté s’est traduit par une forte abstention lors du scrutin de 1992 et par un boycottage des institutions étatiques. Même le président Élias Hraoui a implicitement reconnu l’existence d’un déséquilibre au niveau des pouvoirs et a proposé d’y remédier en amendant la Constitution, chose que ses partenaires de la troïka ont refusé. Depuis l’élection d’Émile Lahoud, on chuchote que le sentiment d’injustice a de nouveau fait son apparition chez les musulmans, alors qu’en réalité, rien n’a changé au niveau des textes et des prérogatives du chef de l’État. Sauf si certains estiment qu’un changement de style et une volonté d’appliquer scrupuleusement les lois sont susceptibles de créer un malaise chez une partie des Libanais. Ces mêmes sources justifient ce sentiment de frustration en disant qu’une coopération harmonieuse entre le président de la République et le chef du gouvernement se fait en réalité au détriment de l’équilibre entre les pouvoirs. Selon les sources précitées, un chef de gouvernement fort ne peut pas cohabiter avec un président de la République fort sans que l’un d’eux n’impose sa personnalité au second. Dans ce cas, l’application de la Constitution et des lois se fera au détriment du plus faible. Le responsable spirituel cité précédemment estime que la stabilité politique, sécuritaire et économique du Liban passe obligatoirement par une coopération harmonieuse entre le président de la République et le chef du gouvernement, quel que soit le calibre politique des deux hommes. Il n’est pas permis que la présidence de la République soit une simple fonction honorifique et que le chef du gouvernement soit un scribe. Les prérogatives de chacun sont bien définies dans la Constitution et les citoyens ne sont pas obligés de payer le prix d’une lutte pour le pouvoir entre ces deux pôles.
Selon une personnalité spirituelle influente, le Liban ne connaîtra ni stabilité ni prospérité tant qu’une de ses composantes continuera de ressentir des craintes et des frustrations. Pour que le pays puisse entrer dans une longue période de stabilité, il est nécessaire que toutes les communautés religieuses aient un sentiment de tranquillité, de justice et d’égalité,...