Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Sécurité - La série d'attaques contre les églises orthodoxes est-elle liée à la guerre de Tchétchénie ? Attentat à la grenade contre l'Eglise St-Michel de Tripoli (photo)

Tripoli était toujours en émoi, hier, à la suite de l’attentat à la grenade qui a visé samedi soir, l’église St-Michel des grecs-orthodoxes. La série noire des attentats contre les églises se poursuit donc, suscitant l’inquiétude générale, d’autant que les autorités ne semblent pas, jusqu’à présent, détenir le moindre indice permettant de démasquer les auteurs ou les instigateurs de ces actes criminels. En moins de deux mois, quatre églises ont été la cible d’actes terroristes – dont deux à Tripoli – et trois autres ont été profanées au Akkar, à Aïnab et à Tarchiche. L’attentat contre l’église St-Michel situé dans le quartier de Qobbé, à Tripoli, a eu lieu à 21h15. Un inconnu a lancé une grenade contre un des murs du lieu saint, mais le projectile aurait ricoché et serait tombé à quelques mètres de l’auteur de l’attentat qui a été blessé. Des traces de sang ont été en effet découvertes près du trou laissé par l’explosion dans la cour de l’église. Les enquêteurs estiment que l’inconnu a été blessé à la jambe, les traces de sang ayant été trouvées à plus de 40 mètres des lieux. Des perquisitions ont été effectuées dans tous les hôpitaux de la région. Les agents des FSI ont été en outre chargés de prendre contact avec les hôpitaux des différentes régions libanaises pour essayer de savoir s’ils ont admis ou soigné un blessé par éclats. Appelés sur les lieux, des unités de l’armée, des FSI et de la Sûreté de l’État ont bouclé le secteur et interpellé près de douze personnes, pour la plupart des jeunes gens, parmi les badauds rassemblés autour des lieux. En l’absence d’indices concrets permettant d’identifier les coupables, et parce que l’attentat a visé pour la troisième fois en quelques semaines une église orthodoxe, les enquêteurs n’ont pas hésité à établir un lien entre la série d’attaques à l’explosif contre des lieux saints orthodoxes et la guerre livrée par Moscou, en Tchétchénie. Il y a lieu de rappeler dans ce cadre, qu’en pleine guerre de Bosnie, des intégristes avait tenté d’attenter en 1992 à la vie de prélats orthodoxes venus d’Europe centrale et orientale participer à un congrès qui s’était tenu au couvent de Balamand, à 30 kilomètres de Tripoli. La piste tchétchène semble en effet prévaloir pour le moment. Des perquisitions ont été opérées dans les demeures de certains éléments intégristes au Liban-Nord, mais sans qu’il ne soit procédé à des arrestations, a-t-on appris de sources dignes de foi. Les enquêteurs croient que les attentats ont été perpétrés à titre individuel et ne sont pas l’œuvre de groupes organisés. On ignore toujours, toutefois, si des mesures de sécurité exceptionnelles seront prises pour tenter de freiner cette vague d’attaques contre les églises. On en aura le cœur net aujourd’hui. Le mohafez du Liban-Nord par intérim, M. Nazih Chamoun, a en effet convoqué le Conseil régional central de sécurité à une réunion extraordinaire qui se tiendra ce matin. Hier, l’évêque grec-orthodoxe de Tripoli, Mgr Élias Corban, a célébré la messe normalement dans l’église St-Michel – inaugurée seulement il y a deux semaines après la fin des travaux de restauration – après avoir inspecté les lieux. À son arrivée, Mgr Corban a été reçu par une foule populaire chrétienne et mahométane qui a stigmatisé l’acte criminel. Dans son homélie, il a dénoncé la série d’attaques contre les églises grecques-orthodoxes. «Ce genre d’actes porte atteinte à toutes les religions et à la coexistence au Liban», a-t-il notamment déclaré. Plus tard dans le salon de l’église, il a déclaré devant la foule venue lui exprimer sa solidarité : «Nous vivons en paix avec tous nos voisins à Tripoli. Chaque citoyen devrait faire preuve de responsabilité face à ces pêcheurs en eau trouble, car nous devons maintenir la cohabitation pacifique sur laquelle est basée notre nation et que nous avons choisie». Mgr Corban s’est ensuite interrogé sur le point de savoir si l’attentat de samedi «est un acte individuel perpétré par un fou ou s’il s’agit d’une opération beaucoup plus importante». «Nous laissons aux services de sécurité le soin de répondre à cette question», a-t-il dit, avant d’inviter les autorités à démasquer rapidement les coupables «car le problème qui se pose est grave et dangereux». Hoss dénonce Dans ce qui semble être une réponse aux craintes exprimées, le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, a souligné que les auteurs de «l’acte terroriste ne pourront pas nuire au climat d’entente nationale qui règne au Liban-Nord et dans tout le pays». M. Hoss a en outre estimé qu’ils «ne pourront en aucun cas atteindre leurs objectifs ou ceux de leurs commanditaires». Il a assuré que les services de sécurité déploient le maximum d’efforts pour arrêter les criminels. D’autres voix se sont élevées pour dénoncer l’odieux attentat. Le mufti sunnite de Tripoli, cheikh Taha Sabounji, a imputé à Israël «cet acte condamnable», faisant état de «tentatives visant à semer les troubles au Liban». Cheikh Sabounji a souligné que ces tentatives ont commencé par l’assassinat de quatre juges à Saïda, il y a quelques mois, et a invité les Libanais à faire preuve de vigilance. Les députés de Tripoli, notamment MM. Omar Karamé, Ahmed Karamé et Mohamed Abdel Latif Kabbara, ainsi que l’ancien chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, ont également dénoncé l’attentat contre l’église Saint-Michel, mettant en garde contre les tentatives de porter atteinte à la coexistence au Liban-Nord. Il y a eu lieu de rappeler qu’à part les deux attentats de Tripoli, contre l’église St-Georges d’abord puis contre l’église St-Michel, hier, un autre avait été perpétré il y a une dizaine de jours contre l’église Notre-Dame des grecs-orthodoxes dans le village d’Aassoun à Denniyé. La série d’attentats avait toutefois commencé à Beyrouth où une mallette piégée a tué un sacristain en l’église St-Georges des maronites à Dékouaneh.
Tripoli était toujours en émoi, hier, à la suite de l’attentat à la grenade qui a visé samedi soir, l’église St-Michel des grecs-orthodoxes. La série noire des attentats contre les églises se poursuit donc, suscitant l’inquiétude générale, d’autant que les autorités ne semblent pas, jusqu’à présent, détenir le moindre indice permettant de démasquer les auteurs...