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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Période d'attente accompagnée de tension Le retrait israélien suscite un mélange d'espoir et d'inquiétude

C’est paré de la reconnaissance internationale que lui vaut la longue audience accordée par le chef de l’État français, M. Jacques Chirac, que le Dr Bachar el-Assad, dauphin présomptif syrien, a tenu à rencontrer, aussitôt après, le président de la République libanaise. Un réflexe de consultation immédiate qui souligne tout à la fois l’importance que la Syrie accorde au jumelage avec le Liban et l’estime particulière dans laquelle elle tient le général Émile Lahoud. Par une amusante coïncidence, les entretiens de Baabda ont duré exactement autant que ceux de l’Élysée, deux heures et demie et ont été également entrecoupés d’un déjeuner. Le tout en présence du général Ghazi Kanaan, chef des services de renseignements syriens au Liban et officier traitant, au quotidien, du dossier libanais. Le passage du Dr el-Assad à Baabda a mis un terme aux bruits de salon qui avaient couru lorsqu’il avait rencontré nombre de personnalités locales et qu’il avait notamment déjeuné à Chtaura avec le président Rafic Hariri. Sur le plan de la politique intérieure, la démarche à Baabda semble donc apporter un démenti aux spéculations débridées selon lesquelles le régime syrien serait tenté de favoriser l’opposition. La diversification des rencontres montre en effet que la Syrie active en réalité sa médiation sur la scène libanaise, pour en ressouder les rangs face aux défis régionaux. Cette conciliation a d’ailleurs abouti, comme on sait, aux visites rendues récemment au général Lahoud par les deux pôles principaux de l’opposition taëfiste, MM. Walid Joumblatt et Rafic Hariri. Il reste que les contacts n’englobent toujours pas le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, qui s’en plaint d’ailleurs avec virulence. On peut dès lors estimer que le raccommodage en cours s’articule sur les prochaines législatives, dont le Premier ministre serait l’un des protagonistes, directement ou non (certains lui prêtent l’intention de patronner une liste sans se présenter lui-même), ce qui n’est évidemment pas le cas pour le chef de l’État. Mais les sources proches du pouvoir comme de l’opposition relancée par les Syriens affirment en chœur que ces derniers ne se soucient pour l’heure que des impératifs régionaux. On sait en effet que le forcing diplomatique engagé conjointement par les Américains et par les Français peut à tout moment déboucher sur une reprise des négociations syro-israéliennes et, partant, israélo-libanaises. On sait aussi que Washington est très pressé d’aboutir et que tout peut aller très vite, une fois que le processus, maintenant bloqué depuis trois ans, sera réactivé. Les mêmes sources ajoutent que, depuis la fin de la troïka, le principe adopté par les Syriens est de ne plus intervenir dans les questions politiques locales, ou le moins possible, et de laisser les Libanais s’arranger entre eux. En leur recommandant toujours d’en référer pour arbitrage au président Émile Lahoud, qu’ils soutiennent totalement. Le but des concertations actuelles serait donc, d’après ces sources, de déjouer les manœuvres israéliennes visant à provoquer la dislocation du tandem syro-libanais et la dissociation des deux volets du Golan et du Sud. Il s’agit en pratique de voir comment résister à la pression de Barak qui menace d’un retrait unilatéral du Sud. Et aussi d’étouffer dans l’œuf de possibles manigances ou provocations arafatistes à partir de Aïn el-Héloué, camp que le Fateh contrôle désormais. À Beyrouth comme à Damas, on appréhende que Barak se contente du volet palestinien, qu’il donnerait ainsi en pâture aux Américains pour calmer leur impatience, et torpille ensuite le processus sur le plan syro-libanais, pour garder le Golan. Cela avec le concours, ou la complicité, d’Arafat. Ce dernier craindrait deux choses : le rôle vedette que la Syrie jouerait dans la partie arabe de la région s’il y a un règlement global ; et l’exigence présentée par le nouveau pouvoir libanais d’inclure dans les négociations le retour en Palestine des réfugiés palestiniens. Un retour qui causerait à Abou Ammar un problème insoluble, son territoire étant déjà surbondé. À noter que selon certains responsables, le gouvernement aurait l’intention de faire annuler la naturalisation des Palestiniens qui ont pu en 1994 obtenir la nationalité libanaise. Et cela à travers un arrêt que rendrait le Conseil d’État qui est saisi par la Ligue maronite d’une plainte réclamant l’invalidation du décret de naturalisations. Cette annulation de la nationalité accordée aux Palestiniens couperait court à la campagne menée par certains pour se prévaloir d’un tel précédent afin de faire passer l’implantation de quelque 170 000 réfugiés.
C’est paré de la reconnaissance internationale que lui vaut la longue audience accordée par le chef de l’État français, M. Jacques Chirac, que le Dr Bachar el-Assad, dauphin présomptif syrien, a tenu à rencontrer, aussitôt après, le président de la République libanaise. Un réflexe de consultation immédiate qui souligne tout à la fois l’importance que la Syrie accorde...