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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Le projet de loi toujours en blanc et en balance Le découpage des circonscriptions tributaire du processus régional

Hors circuit mais pas hors circulation : déclaré provisoirement tabou par les dirigeants, le problème du découpage des circonscriptions continue à alimenter discussions et tractations serrées entre forces actives du pays. Tout le monde veut dire son mot à ce sujet, les corps constitués de la société civile, les intellectuels ou l’homme de la rue autant que les professionnels de la politique. De véritables salons s’organisent partout au pied levé, sous forme de tables rondes, de cénacles ou de réunions impromptues. Et l’on peut en dégager pour le moment la synthèse suivante : – La quête obstinée d’un consensus généralisé, avancée par le gouvernement pour justifier le report jusqu’à février prochain de la nouvelle loi électorale, est un prétexte aussi louable que peu crédible. Il est assez évident que les responsables, à l’instar des décideurs, attendent en réalité que les choses se décantent un peu sur le front du processus régional et de la reprise éventuelle des négociations avec Israël. De l’évolution de ce thème majeur dépendent en effet, en pratique les dispositions qu’il conviendrait de prendre pour préparer une Chambre capable de signer un accord de paix. Ou au contraire, en cas de blocage persistant au plan des pourparlers, une Chambre ordinaire qui n’aurait pas cette responsabilité à assumer. Dans le premier cas, c’est également assez évident, il faudrait que les courants principaux du pays se retrouvent Place de l’Étoile pour donner à l’engagement libanais son ampleur nationale. De la sorte, les forces susceptibles de contester l’arrangement régional, entendre principalement les fondamentalistes khomeynistes, devraient être bien représentées au Parlement, afin de leur forcer la main en les contraignant à ratifier l’accord ou à se soumettre à la volonté démocratique de la majorité. Dans le deuxième cas, un panel couvrant l’ensemble des forces politiques du pays et incluant une présence significative des intégristes ne serait pas nécessaire. On laisserait jouer les rapports de force habituels. Et l’on verrait, par exemple, si les décideurs acceptent que le camp loyaliste écrase tout sur son passage. Ou si une large marge, exploitable par les décideurs en termes de divisions intérieures, serait laissée aux leaderships courants. Ce qui semble du reste l’orientation qui commence à être prise… – La même logique de mot d’ordre détermine pour le camp du pouvoir aussi bien les alliances à conclure sur le terrain dans le cadre électoral que le choix du découpage entre mohafazat, semi-mohafazat et caza. La preuve semble en être que les loyalistes se tiennent à l’écart des premiers contacts en coulisse pour la fabrication des futures listes. Aux relances dont ils font l’objet, ils répondent invariablement que c’est trop tôt, et qu’il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs en concluant des accords, même de principe, avant que la loi électorale ne soit promulguée. Ils réalisent apparemment que tout peut être remis en question par les décideurs et trouvent donc qu’il est urgent d’attendre. Pour dire vrai, les chefs de grands blocs aussi prennent garde à ne pas se mouiller. Ils n’ont encore engagé personne sur leurs listes potentielles et ne promettent rien pour le moment, même à leurs plus fidèles lieutenants. Une attitude réaliste qu’explique également la crainte de froisser les décideurs en prenant des initiatives sans leur feu vert explicite. D’autant que, selon de fortes probabilités, les figures imposées comme on dit en patinage artistique, c’est-à-dire les parachutages d’outsiders sur des listes principales à la demande expresse de parties influentes, risquent pour la prochaine édition d’être encore plus nombreuses qu’en 1996 où le lot était pourtant brillamment fourni. C’est donc la glorieuse incertitude du sport qui règne sur la scène électorale. À tel point que certains parlementaires se prennent à rêver qu’au bout du compte, les décideurs estiment qu’il vaut mieux reporter les élections d’un an ou même de deux, le temps qu’on sache vraiment s’il va y avoir la paix ou pas. L’astuce consisterait alors à… dissoudre préalablement la Chambre, pour la reconduire ensuite dans ses fonctions ! En effet, l’article 55 C (Constitution) stipule que «dans le cas où les élections ne sont pas effectuées dans les délais prévus à l’article 25 C, l’acte de dissolution est considéré comme nul et non avenu et l’Assemblée continue à exercer ses prérogatives conformément aux dispositions de la Constitution». Bien entendu les juristes et les puristes protesteraient contre un tour de passe-passe exécuté avec une ficelle aussi grossière. Mais l’opinion se régalerait d’un sketch aussi savoureux.
Hors circuit mais pas hors circulation : déclaré provisoirement tabou par les dirigeants, le problème du découpage des circonscriptions continue à alimenter discussions et tractations serrées entre forces actives du pays. Tout le monde veut dire son mot à ce sujet, les corps constitués de la société civile, les intellectuels ou l’homme de la rue autant que les...