Un quartier général palestinien rebelle

La Maison d’Orient, dont la Cour Suprême israélienne vient de suspendre la fermeture décidée par le gouvernement, sert de quartier général palestinien à Jérusalem-Est depuis sa réouverture il y a sept ans. Cette maison d’hôtes du XIXe siècle a en effet déjà été fermée par les autorités israéliennes d’occupation de 1988 à 1992, à l’époque de l’intifada, le soulèvement palestinien. Depuis lors, elle sert de bureau à M. Fayçal Husseini, principal dirigeant palestinien de Jérusalem-Est et membre du Comité exécutif de l’OLP. La Maison d’Orient abrite aussi une série d’autres bureaux, parmi lesquels la Société des études arabes, qui est un centre de documentation, ainsi qu’un Centre de cartographie dirigé par le géographe Khalil Toufakji qui étudie la colonisation juive. La Maison d’Orient, sur laquelle flotte le drapeau palestinien, est aussi le siège des délégations palestiniennes aux négociations multilatérales de paix, issues de la Conférence de Madrid (1991) mais suspendues depuis 1996. Construite en 1897 par Ismail Moussa Husseini, elle est restée depuis entre les mains de la famille Husseini, l’un des grands clans palestiniens de Jérusalem. Le caractère privé de la propriété est l’un des principaux obstacles au dessein du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a dû ordonner la fermeture de certains bureaux, mais pas de la Maison d’Orient elle-même. De par sa situation géographique, la nature de ses activités et les personnalités, notamment étrangères, qui s’y rendent, la Maison d’Orient a acquis la stature d’un véritable quartier général palestinien à Jérusalem-Est. C’est justement pourquoi les Israéliens, qui considèrent l’ensemble de Jérusalem comme leur capitale, estiment que ses activités menacent leur souveraineté sur la ville. En revanche, les Palestiniens entendent, par le biais de leurs activités à la Maison d’Orient, matérialiser l’ambition de faire également de Jérusalem-Est la capitale de leur État en gestation. Les visiteurs de la Maison d’Orient reçoivent des dépliants retraçant son histoire et les noms de monarques, chefs de gouvernement, ministres et autres personnalités ayant visité «le palais des hôtes». On y apprend ainsi que le kaiser Guillaume II, empereur d’Allemagne, y a donné une réception lorsqu’il est venu à Jérusalem en 1900. Depuis 1992, une série de membres de gouvernement étrangers s’y sont rendus, dont trois Premiers ministres (Portugal, Danemark et Turquie) et de nombreux chefs de diplomatie.