Jérusalem - La justice israélienne écarte toute mesure à l'encontre de la représentation palestinienne avant les élections générales La fermeture de la Maison d'Orient suspendue

La Haute Cour de justice d’Israël a désamorcé mardi le conflit qui menaçait d’éclater sur la Maison d’Orient, le quartier général palestinien à Jérusalem-Est, en suspendant les ordres de fermeture émis la veille par le gouvernement de M. Benjamin Netanyahu. Dans une injonction temporaire, le juge Dalia Dorner de la Haute Cour a infligé un camouflet au Premier ministre de droite en ordonnant à son gouvernement de ne rien faire avant les élections générales de mardi prochain en Israël. Mme Dorner a parallèlement demandé aux responsables palestiniens de Jérusalem-Est, en particulier M. Fayçal Husseini, directeur de la Maison d’Orient, de donner leur avis dans un délai de sept jours. Neuf habitants israéliens de Jérusalem s’étaient pourvus devant la cour contre les ordres de fermeture signés du ministre israélien de la Sécurité intérieure, Avigdor Kahalani. Ils ont estimé qu’il s’agissait d’une manœuvre électoraliste et qu’Israël n’avait aucune raison de fermer la Maison d’Orient puisque la sécurité d’Israël n’était pas menacée. La Maison d’Orient en revanche s’était abstenue d’en appeler à la justice israélienne, puisque les dirigeants palestiniens ne reconnaissent pas la souveraineté d’Israël sur Jérusalem-Est. M. Netanyahu a ordonné la fermeture des bureaux malgré les mises en garde de ses propres services de sécurité. Ces derniers ont averti qu’une intervention de la police dans la principale institution palestinienne de Jérusalem risquerait de déclencher une vague de violences palestiniennes, à quelques jours des élections générales en Israël. M. Netanyahu, que les sondages d’opinion donnent perdant de la prochaine consultation électorale, est passé outre et a fait délivrer les ordres de fermeture lundi soir. Les ordres concernent le bureau de M. Husseini, ainsi qu’un bureau de cartographie, qui étudie la colonisation juive, et un bureau de relations internationales, chargé des liaisons avec les représentations diplomatiques étrangères à Jérusalem. Liens avec l’OLP M. Netanyahu estime que ces trois bureaux mènent des activités politiques pour le compte de l’Autorité palestinienne, ce qui viole selon lui les accords d’Oslo de 1993. La Maison d’Orient rétorque qu’elle n’a aucun lien avec l’Autorité palestinienne, qui administre certaines parties de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, et qu’elle dépend de l’OLP, la centrale palestinienne avec qui Israël a signé les accords d’Oslo. Le dirigeant travailliste Ehud Barak, principal adversaire de M. Netanyahu pour les élections du 17 mai, a reproché mardi à M. Netanyahu de vouloir fermer la Maison d’Orient uniquement pour des raisons électoralistes. «M. Netanyahu, qui n’a rien fait pour fermer la Maison d’Orient pendant les trois ans où il était au pouvoir, se sert de cette affaire pour susciter un différend avec les Américains et les Palestiniens afin de distraire les électeurs et leur faire oublier ses échecs», a-t-il affirmé dans un communiqué. Le candidat travailliste s’est abstenu de dire ce qu’il ferait à propos de la Maison d’Orient dans l’hypothèse où il serait élu Premier ministre. Mais il a mis en garde contre les risques de violence en cas de fermeture de l’institution. «Netanyahu a choisi de se lancer dans une nouvelle aventure qui peut mettre en danger les vies d’Israéliens et de Palestiniens», a-t-il souligné. M. Barak, comme M. Netanyahu, soutient d’une manière générale que la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Est, qui n’est pas reconnue par la communauté internationale, doit être maintenue.