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Actualités - INTERVIEWS

"Lire en français et en musique 99" - Interview Nadine Satiat présente un "Balzac à hauteur d'homme"(photos)

« Balzac ou la fureur d’écrire », de Nadine Satiat, est le dernier ouvrage paru sur Honoré de Balzac. Loin de présenter une énième biographie à l’occasion du bicentenaire de la naissance du célèbre écrivain, l’auteur s’attache, tout au long des 600 pages de l’ouvrage, à présenter un «Balzac à hauteur d’homme». Dans sa démarche, notamment une référence constante et massive à la correspondance de l’écrivain, elle cherche à dévoiler toutes les facettes du personnage. Loin des idées reçues, elle trace le portrait d’un Balzac infatigable, observateur sans concession de ses contemporains. D’un homme généreux, mais qui faisait passer son art avant toute chose. Nadine Satiat est commissaire scientifique de l’exposition organisée pour le bicentenaire de la naissance de Balzac par le Quai d’Orsay. Rencontre parisienne autour de l’auteur de «La comédie humaine ». Alors qu’elle achève son doctorat sur les «Aspects de la folie masculine dans la littérature de la fin du XIXe siècle», Nadine Satiat se replonge dans Balzac, histoire de se changer les idées. Elle est chargée de présenter une édition commentée pour certaines œuvres balzaciennes qui ne se trouvaient pas en collection de poche. À l’occasion de la préparation de l’édition commentée d’Un début dans la vie, «qui est un texte drôle», indique Nadine Satiat, «bourré de calembours, à la fois amusant et féroce, j’ai ouvert la correspondance de Balzac, pour la période qui concernait l’élaboration de ce texte en particulier. Je suis tombée sur quelqu’un que je croyais connaître mais que je ne connaissais pas en fait». Elle souligne que «sortant d’un travail sur la littérature de la fin du XIXe siècle, j’avais une image de l’œuvre de Balzac comme étant le réservoir de toutes les turpitudes que le naturalisme allait encore aggraver. Au contraire, j’ai trouvé un personnage d’une grande fraîcheur». Et d’ajouter : «Mais à ce moment-là, je ne savais pas que je m’engageais pour dix ans sur Balzac». Hasard ou destin, son chemin croise à nouveau l’œuvre de Balzac. Elle est chargée par l’éditrice avec laquelle elle collabore à l’époque de préparer une biographie sur le célèbre écrivain. Revenir à l’essentiel Motivée surtout par la nombreuse correspondance de Balzac, «j’étais certaine, sur le fond, de faire quelque chose de différent de ce qui était déjà paru», affirme Nadine Satiat. «Je voulais faire un livre qui débarrasse l’homme de sa légende et qui redonne la parole à Balzac». Contrairement aux biographes précédents, Nadine Satiat n’hésite pas à citer largement la correspondance de Balzac. «Dans les précédents ouvrages sur lui, on avait un peu adopté la méthode de la grande ceinture : on lisait tous les témoignages, tous les mémorialistes et on prenait pour argent comptant un grand nombre d’histoires qui se trouvaient peu avérées», affirme-t-elle. «J’ai trouvé triste qu’on prenne tellement au sérieux des choses qui étaient des blagues de potaches. On devait à Balzac de revenir à l’essentiel». Elle précise : «J’ai voulu qu’on fasse à l’homme l’honneur d’essayer de le suivre dans une entreprise qui était tout de même héroïque par son ampleur et par l’effort qu’elle a demandé». La production littéraire de Balzac a été exceptionnellement importante. «Essayons alors de reconstruire, d’imaginer, et on le peut avec tout le matériau que nous avons, de savoir ce qu’il avait dans la tête». Fascinée par l’œuvre, Nadine Satiat dit avoir été surtout impressionnée par sa construction globale. «Tout s’est édifié ensemble et parallèlement», affirme-t-elle. «“La comédie humaine”, ce ne sont pas un livre après l’autre, ce sont des faisceaux d’inspiration politique, militaire, campagnarde, provinciale, autant d’éléments qui construisent ensemble cet énorme filet qui couvre toute la société». Et afin qu’on puisse comprendre la démarche de l’écrivain, la biographe a non seulement livré des éléments de la vie de l’artiste, mais elle a également cité des petits textes préliminaires, des préfaces, des déclarations d’intention. Et elle indique : «C’était quelqu’un qui avait une force de persuasion et une imagination très importantes». Drôle et brillant en conversation, il était toujours entouré de femmes, «auxquelles il faisait énormément confiance», indique Nadine Satiat. «Ce sont elles qui l’ont initié à la société et à ses rouages. Ce n’était pas un macho, mais un affamé d’affection. Il s’est intéressé aux femmes, à leur condition. Il a cherché à les comprendre. Ce n’est donc qu’un juste retour des choses qu’une femme s’occupe aujourd’hui de lui comme il s’est occupé des femmes à son époque». Ce n’est pourtant pas «un livre d’amoureuse», se défend-elle, «mais un livre confraternel. J’ai essayé de faire comprendre l’homme à l’homme». Le regard observateur que Balzac a posé sur la société de ses contemporains n’a rien perdu de son actualité. «Il est également d’une totale universalité», affirme Nadine Satiat. «La psychologie féminine, l’ambition, l’hypocrisie, tout cela n’a pas beaucoup changé. Quant au règne de l’argent…». Si on demande à Nadine Satiat de définir Balzac en un mot, elle éclate de rire, fait remarquer qu’elle ne le peut pas, puisqu’elle l’a fait en 600 pages. Puis elle consent tout de même à jeter pêle-mêle : «C’était un homme immensément curieux, fasciné par les grands systèmes et les grands hommes. Curieux et souffrant de ne pouvoir être introduit dans tous les milieux. C’est également quelqu’un qui, profondément, consentait à la dépense : il s’est dépensé physiquement et intellectuellement pour son œuvre ; il a donné son affection et son argent – même celui qu’il n’avait pas – sans compter. Il était resté très enfant, très candide. Et comme tous les artistes, il a fait passer son œuvre avant tout autre chose». «Accorder aux faits patents ou secrets de la vie quotidienne le même intérêt que jusqu’ici les historiens ont porté à la vie des nations», déclarait Balzac. C’est la démarche qu’a adoptée Nadine Satiat, au risque de montrer les défauts de Balzac, note-t-elle. Mais avec l’avantage de le rendre aussi plus accessible, plus humain. * Nadine Satiat animera, avec Noëlle Chatelet, un café littéraire dans le cadre du Salon, demain vendredi 29 octobre, à 18h30.
« Balzac ou la fureur d’écrire », de Nadine Satiat, est le dernier ouvrage paru sur Honoré de Balzac. Loin de présenter une énième biographie à l’occasion du bicentenaire de la naissance du célèbre écrivain, l’auteur s’attache, tout au long des 600 pages de l’ouvrage, à présenter un «Balzac à hauteur d’homme». Dans sa démarche, notamment une référence constante et...