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Actualités - ANALYSE

Finances publiques - Malgré l'effort certain d'assainissement Les rentrées restent décevantes

En marge de la publication du budget étatique pour l’an prochain, il est utile de faire le point sur le budget de cette année même. Pour voir si le gouvernement est sur la bonne voie, s’il arrive vraiment, comme il l’affirme, à inverser la tendance en ce qui concerne l’accroissement de la dette publique et du déficit budgétaire. En septembre dernier, le ministre des Finances, M. Georges Corm, a brossé au sujet de la situation financière du pays un état des lieux arrêté fin août, par comparaison avec la même période de l’année précédente, 1998. Mais en même temps, d’autres sources officielles livraient aux organismes économiques comme aux médias ou aux spécialistes, des données en parfaite contradiction avec les chiffres avancés par M. Corm. Un expert s’en étonne et note que ce double langage gouvernemental a de quoi dérouter l’opinion publique ainsi d’ailleurs que les institutions concernées. Ce même spécialiste note ensuite que dans son manifeste M. Corm met l’accent sur le progrès enregistré entre fin juillet et fin août 1999, sans trop insister sur le bilan comparatif avec le tableau global qui s’offrait fin août 1998. Ce qui à son avis tend à masquer la vue d’ensemble au profit du détail et nuit, au niveau du profane, à la compréhension de la situation financière et de sa véritable évolution. – Selon ce technicien, «le taux de déficit et les montants pour la période allant de janvier à août 1999 dépassent ceux qui avaient été enregistrés fin août 1998. On a l’impression qu’en relevant cette donnée, le ministre Corm a voulu préparer les esprits à la nouvelle que les dépenses publiques et les fonds engagés pour le service de la dette (paiement des intérêts) vont encore augmenter au cours des derniers mois de cette année. Ce qui revient évidemment à dire que le déficit réel sera, comme toujours, plus élevé que celui annoncé dans le budget gouvernemental». – «La déception, poursuit cette source, provient des recettes. Jusqu’à fin août, elles étaient du même niveau que pour la même période de l’année précédente et nettement en recul par rapport à ce qu’annonçait le budget. Or il n’y a pas de recettes supplémentaires à attendre avant la fin de l’année en cours, le dernier semestre devant donc enregistrer les mêmes résultats peu satisfaisants que le premier. On ne comprend pas dès lors que M. Corm ait pu promettre une réduction du déficit du budget comme du Trésor public. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le budget actuel prévoit des rentrées de l’ordre de 4 990 milliards de LL contre 4 200 milliards en 1998 ; or pour les huit premiers mois de 1999, l’État n’a réussi à faire rentrer dans ses caisses que 2 690 milliards contre 2 655 milliards pour l’année précédente. Le taux de perception a été cette année de 54 % seulement contre 63 % en 1998. Côté dépenses, le budget de cette année prévoit 8 390 milliards de LL contre 7 320 milliards l’an dernier. Les dépenses effectivement engagées durant les huit premiers mois de cette année ont été de 4 280 milliards contre 4 064 milliards pour la même période de l’an dernier. Le taux de dépenses a été cette année de 51 % contre 56 % l’an dernier. Or, à cause des échéances de fin de parcours, le taux de dépenses va se démultiplier au cours des derniers mois de l’année en cours, sans possibilité d’accroître les recettes». – L’expert démolit ensuite l’illusion que des augmentations fiscales peuvent renflouer les caisses de l’État. Il note que «les 2 000 LL supplémentaires sur les 20 litres d’essence donnent 180 milliards de LL par an ; les hausses douanières de 1% sur l’ensemble des denrées, qui provoquent de la cherté, ne rapportent que 75 milliards. On a augmenté les taxes sur le tabac de 84 % ; résultat : la consommation a baissé de 100 000 à 75 000 caisses par mois ; les recettes supplémentaires sur l’ensemble vendu, qui sont de quelque 15 milliards par mois, ne compensent pas, tant s’en faut, le manque à gagner de la Régie par baisse de la quantité vendue par l’État. Le passage de 24 à 35 % de la taxe douanière sur le prêt-à-porter, celui de 84 à 105 % sur les spiritueux ne donnent que 2 milliards de LL par mois. M. Corm se félicite que le Trésor ait amélioré ses performances de 121 milliards grâce à ces surtaxes ; il oublie de dire que l’on attendait en réalité 89 milliards de mieux, soit 210 milliards». – Ce spécialiste s’étonne ensuite qu’on lie l’état des liquidités dans le secteur public à la moyenne des taux d’intérêt sur les bons du Trésor. Il conteste par ailleurs les indications officielles selon lesquelles la croissance économique, après avoir chuté à zéro en 1998, doit se situer cette année à 3 ou 4 %. Toujours est-il que la discussion sur le budget de 1999 n’est pas vraiment instructive en définitive. Car, comme on le sait, le gouvernement avait dû préparer ce budget sur la lancée des précédents, à la hâte et sans pouvoir y innover vraiment. Par contre, le budget de l’an prochain, qui s’inscrit dans le cadre d’un plan quinquennal de redressement financier courant jusqu’en l’an 2004, sera plus révélateur de la stratégie du nouveau pouvoir, de ses orientations et de ses options de base. Notamment dans le cadre social.
En marge de la publication du budget étatique pour l’an prochain, il est utile de faire le point sur le budget de cette année même. Pour voir si le gouvernement est sur la bonne voie, s’il arrive vraiment, comme il l’affirme, à inverser la tendance en ce qui concerne l’accroissement de la dette publique et du déficit budgétaire. En septembre dernier, le ministre des...