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Actualités - ANALYSE

Jezzine : après l'ivresse, la détresse

Le retrait de Lahd ? Une victoire pour le Hezbollah et un triomphe pour la légalité libanaise, disait-on au printemps. Dans l’euphorie générale et dans la foulée des engagements de soutien officiel, les miliciens locaux s’étaient livrés aux autorités judiciaires. Jezzine s’assainissait, allait renaître de ses cendres. Le général Lahoud n’avait-il pas en personne, en présence des notabilités de la ville qu’il visitait, donné ses instructions à tous les services qualifiés pour qu’ils répondent avec célérité aux besoins d’une population accablée de problèmes, voire de malheurs… Le chef de l’État enjoignait alors à toutes les administrations de déployer un maximum d’efforts afin de venir en aide aux Jezziniotes. Le président du Conseil et les nombreux membres du gouvernement qui ont ensuite mis leurs pas dans ceux du général pour visiter la région, n’ont pas non plus été avares de belles promesses. Chaque ministre de services affirmait qu’il allait mobiliser à plein son département, tuer le veau gras pour Jezzine, cet enfant prodigue de retour au bercail. Comme dans un conte de Daudet, une fois retournés à Beyrouth ces messieurs du pouvoir ont tout oublié. Et l’on assiste même aujourd’hui, selon les Jezziniotes, à un retour de bâton. Certaines figures de proue de la cité mettent plus particulièrement en cause le mouvement Amal et son chef, M. Nabih Berry. «Président de l’Assemblée nationale et leader parlementaire de notre région, M. Berry n’a jamais daigné nous honorer d’une visite. Ne serait-ce que pour marquer d’une pierre blanche cet événement historique qu’est notre libération», relève avec amertume un notable de la ville. Il rappelle ensuite que «lorsque nous étions bombardés et mitraillés à longueur de jour ou de nuit,, lorsque des innocents, des familles entières étaient tués sur nos routes plantées de mines ou victimes d’engins piégés, nous avions formé la Rencontre de Mar Roukoz, sur initiative de l’abbé Youhanna Slim. Nous voulions, quoi de plus légitime, agir, multiplier les démarches pour que cesse le massacre. M. Berry avait alors trouvé moyen de pousser les hauts cris contre la Rencontre, l’accusant de faire le jeu d’Israël et de son plan “Jezzine d’abord” qui cependant à l’époque était déjà enterré. En filigrane, on pouvait cependant comprendre que M. Berry ne souhaitait pas que Jezzine ait une action politique autonome, pour qu’elle ne pût pas traiter avec le Hezbollah qui s’en serait trouvé renforcé. Les lieutenants de M. Berry ont été encore plus loin que lui dans leurs attaques. Ils ont carrément reproché à la Rencontre, dont le seul souci est d’ordre humanitaire, d’être un mouvement confessionnel, ce qui n’est évidemment pas le cas pour Amal par exemple…» Cette personnalité laisse entendre ensuite que si Jezzine est toujours négligé, si l’on a oublié les promesses qu’on lui a faites, c’est notamment à cause de sourdes pressions parlementaires. Mais il est possible qu’à cause des prochaines élections, les partisans de M. Berry changent d’attitude. Lui-même indique qu’il visiterait volontiers la ville, mais en compagnie du patriarche Sfeir. Ses assistants du mouvement Amal ont de leur côté démarché dernièrement les forces actives de l’est de Saïda comme de la région de Jezzine. Mais c’est d’un œil méfiant que cette ouverture, à consonance électorale, a été accueillie.
Le retrait de Lahd ? Une victoire pour le Hezbollah et un triomphe pour la légalité libanaise, disait-on au printemps. Dans l’euphorie générale et dans la foulée des engagements de soutien officiel, les miliciens locaux s’étaient livrés aux autorités judiciaires. Jezzine s’assainissait, allait renaître de ses cendres. Le général Lahoud n’avait-il pas en personne, en présence...