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Actualités - REPORTAGES

Monastères du Liban - Visiteurs en quête de miracle ou de sérénité Mar Antonios Kozhaya : un havre de paix connu depuis plus de 1000 ans (photos)

Construit sur le flanc d’une montagne dans le caza de Ehden, le monastère de Saint-Antoine Kozhaya est un lieu de pèlerinage fréquenté depuis le Moyen Âge. Au bout d’une route étroite, creusée entre deux montagnes, se dresse cet admirable lieu de culte plusieurs fois centenaire. Le rouge de ses tuiles et le jaune de ses pierres le mettent en valeur dans cette vallée verte où il s’est niché jadis. Les pèlerins s’y rendent à toute heure de la journée et sept jours sur sept. En quête de miracles ou de sérénité, les visiteurs, aussi bien libanais qu’étrangers, y trouvent refuge. Car ici, c’est la quiétude qui règne. Kozhaya est le nom syriaque donné au deuxième sillon de la vallée de Qadisha et au monastère de Saint-Antoine. Traduit par le Trésor de la vie, cette région doit son nom au monastère et à l’eau qui y coule. Le monastère est captivant, historique et mystique. Captivant en raison de la végétation luxuriante qui l’entoure. Historique à cause des manuscrits moyenâgeux, des habits sacerdotaux et des vieilles voûtes qui s’y trouvent. Mystique grâce au flux incessant des pèlerins cherchant une faveur auprès de ce saint qui a vécu il y a plus de 1 700 ans! «Les gens font appel à Saint-Antoine pour les secourir dans leurs multiples difficultés. Mais il est surtout imploré par les couples désirant un enfant ou par les familles dont l’un des membres est atteint d’une maladie incurable, mentale ou physique», explique le père Youssef Tannous, supérieur du monastère de saint Antoine Kozhaya, placé sous la tutelle de l’Ordre libanais maronite. Ainsi le défilé des croyants se poursuit toute la journée. Il arrive souvent que les personnes guéries laissent à l’église leurs béquilles ou tout autre appareil dont elles s’aidaient. Outre la croyance en saint Antoine, et son emplacement dans la vallée sainte, ce couvent reste très visité à cause de sa beauté particulière. Si l’on excepte le tintement de la cloche et le clapotis de l’eau, aucun bruit ne détruit l’harmonie des lieux. Construit en pierre jaune, ce monastère est un exemple du troglodytisme au Liban. «Il est le seul couvent de la vallée à être habité à longueur d’année, souligne le père Tannous. Dix moines y vivent, et quelques séminaristes et novices viennent y passer l’été et nous donner un coup de main». D’ailleurs, le rôle des moines se réduit à trois sortes d’activités d’ordre spirituel, social et agricole. Spirituel par les prières et les messes célébrées ; social par le soutien accordé aux visiteurs ; et agricole car les domaines du monastère, qui s’étendent du littoral jusqu’à la montagne, sont cultivés par les moines. «Certains de nos prêtres, aidés par des familles, travaillent la terre en conservant la tradition séculaire de la culture en terrasses qui a donné à cette montagne son aspect actuel», note le père Tannous. En fait, cette montagne ressemble aux rizières tant les pentes fortes de ce site en rochers ont été travaillées. Actuellement, les vignes, les oliviers, les haricots et les lentilles servent de provisions au couvent. Une histoire méconnue Malheureusement, on ne connaît pas la date à laquelle le monastère Saint-Antoine Kozhaya a annoncé à être habité. Seuls quelques manuscrits du XIIe siècle en parlent, mais la tradition orale se veut plus ancienne. On dit qu’un des disciples de saint Antoine est venu chercher refuge dans la grotte naturelle, près de l’église, vers le Ve siècle de notre ère. Cependant aucun vestige ne vient confirmer cette théorie et l’aspect actuel du monastère ne remonte qu’au début de ce siècle. C’est en 1926 que la façade de l’église, faite en pierre rose, a été restaurée, et l’on remarque l’influence italienne certaine dans la construction du triple clocher qui la surmonte. De la première phase d’habitation, il ne reste que les voûtes, actuellement transformées en musée, les cuisines et les salons lumineux. Toutefois, la grande particularité historique de ce monastère demeure la grotte naturelle surnommée la “grotte aux fous”. Cette grande cavité, située à l’entrée du couvent, servit d’asile aux fous de la région. Attachés au cou par des chaînes, les malades mentaux y étaient enfermés en attendant leur guérison miraculeuse. Aujourd’hui encore l’on voit des chaînes centenaires rouillées, à cause de l’humidité des lieux, pendues au toit. Caractéristiques du couvent Au XVIe siècle, le couvent s’est ouvert à l’imprimerie, ramenée d’Europe et pionnière en Orient. Le Livre des psaumes, le premier à y être imprimé, est conservé aujourd’hui à la bibliothèque de l’Université Saint-Esprit Kaslik. Avec ses caractères en syriaque, cette imprimerie a servi jusqu’au début de la Deuxième Guerre mondiale. Actuellement, cet objet d’art trône au centre du petit musée, créé pour familiariser les visiteurs avec l’histoire du couvent. Celui-ci recèle en outre des objets religieux et sacerdotaux tels que la crosse du roi de France Louis IX. «Il se peut qu’un deuxième musée, qui sera consacré à la vie monastique des siècles passés, soit fondé prochainement», laisse entendre le père Tannous. «Il comportera alors les pressoirs, d’huile et de vin, utilisés par nos ancêtres. Notre principal objectif est que ce sanctuaire reste un véritable lieu de culte et ne se transforme pas en station touristique». Une destination qu’il sera difficile de préserver à voir le nombre croissant de visiteurs qui affluent en ces lieux bénis.
Construit sur le flanc d’une montagne dans le caza de Ehden, le monastère de Saint-Antoine Kozhaya est un lieu de pèlerinage fréquenté depuis le Moyen Âge. Au bout d’une route étroite, creusée entre deux montagnes, se dresse cet admirable lieu de culte plusieurs fois centenaire. Le rouge de ses tuiles et le jaune de ses pierres le mettent en valeur dans cette vallée verte...