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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Les objectifs se précisent La concurrence économique, principal produit de la paix à venir

Un lapsus linguae vite corrigé : après avoir parlé de «complémentarité économique jordano-libano-syrienne», le nouveau souverain hachémite a soutenu que la presse avait déformé ses propos, que son pays rejette la politique des axes et plaide pour une plate-forme arabe commune en matière d’économie, en commençant par les États arabes de la région. De son côté, le chef du gouvernement jordanien M. Abdel Raouf Rawabida a nié qu’il y ait une quelconque proposition d’alliance économique à trois, précisant que dans ce domaine la Jordanie entretient des rapports avec les pays arabes sur une base bilatérale pure. Le roi Abdallah, dans les propos qui lui ont été attribués, laisse clairement entendre qu’il faut dès à présent se préparer à la concurrence qui va marquer la vie régionale après la conclusion de la paix. Selon ce qui a été publié, il aurait dit en substance : «Nos relations avec les pays de l’environnement doivent s’intensifier et se compléter sur un rythme plus rapide. Nous œuvrons à cette fin en direction de tous. Nous allons continuer à agir pour des rapports interarabes plus resserrés, jusqu’à la réalisation d’une véritable complémentarité». Le terme de «complémentarité économique», cette fois entre le Liban et la Syrie, était par ailleurs apparu dans le projet du fameux «accord tripartite» conclu par les milices sous l’égide de Damas au milieu des années quatre-vingt pour mettre fin aux hostilités sur la scène libanaise. Mais on avait rayé cette expression car elle avait soulevé des objections, étant donné qu’elle laissait entendre qu’il pourrait ensuite y avoir une union économique entre les deux pays. On avait donc préféré user de la formule plus souple «coordination économique». L’ accord avait chuté, comme on sait, mais la coopération bilatérale a par la suite, après Taëf, été confirmée dans le pacte de fraternité signé entre les deux pays. Mais quel sens la «complémentarité» peut-elle avoir à l’heure de la mondialisation ? Un spécialiste universitaire, Zakaria Fawaz, rappelle, lors d’un colloque tenu récemment à Damas, que cette idée, qui n’est pas neuve, est à l’origine de beaucoup d’axes défensifs tissés notamment par des contrées à faible volume économique. Il indique qu’elle se développe tantôt dans le cadre d’une union tantôt dans celui d’une coopération économique. Certains la lient à la théorie du libre-échange, de l’économie de marché dans la mesure où la levée des contraintes commerciales (douanières ou fiscales) et financières peut mener à l’association de complémentarité. D’autres estiment que la levée des contraintes n’assure pas nécessairement la promotion de la complémentarité qui à leur sens doit être planifiée pour assurer un développement harmonisé, afin d’atteindre les standards internationaux. Toujours est-il que la complémentarité économique signifie forcément en bonne logique qu’on cherche à regrouper des éléments épars, éclatés, pour en faire un tout global, dont les parties se soutiennent les unes les autres. Cela afin de parvenir à une parfaite égalité des prix sur le marché ainsi regroupé. À partir de là, il est évident que le nivellement recherché ne peut se faire sans unification des stratégies économiques en vue d’une redistribution des ressources comme des richesses dans les domaines fiduciaires ou de production. Partant de là, la complémentarité ne peut être réduite à son volet économique et elle implique obligatoirement des dispositions communes politiques et sociales. Il faut donc penser en termes d’infrastructure, d’interaction et de planification générales, si l’on veut évoluer vers une prospérité partagée. Une évidence s’impose donc : la complémentarité n’est concevable que dans le cadre de systèmes économiques et de pyramides sociales identiques. Qui se rassemble s’assemble, et c’est ce qui a permis la création du marché commun européen puis son évolution vers l’union. Dès lors, les accords bilatéraux conclus entre des pays de régimes économiques distincts entrent dans le cadre de la coopération, non de la complémentarité. Est-il besoin de le souligner, c’est le cas pour le Liban et la Syrie, leurs systèmes étant par essence même différents, le premier étant libéral et le deuxième dirigiste.
Un lapsus linguae vite corrigé : après avoir parlé de «complémentarité économique jordano-libano-syrienne», le nouveau souverain hachémite a soutenu que la presse avait déformé ses propos, que son pays rejette la politique des axes et plaide pour une plate-forme arabe commune en matière d’économie, en commençant par les États arabes de la région. De son côté, le chef du...