Le divorce à l'iranienne, un documentaire de Kim Longinotto et Ziba Mir-Hosseini(photo)

«Je crois qu’il est fou», se plaint l’épouse. «Ainsi vous n’avez aucun désaccord fondamental», observe, flegmatique, le juge avant de commander à la plaignante de se réconcilier avec son mari. Voilà une des mini-scènes kafkaïennes qui se tiennent dans un tribunal des affaires familiales à Téhéran. Divorce Iranian Style de Kim Longinotto et Ziba Mir-Hosseini, grand reportage de 80 minutes, est, comme son titre l’indique, un film qui expose l’éclatement d’un couple... Ici, les épouses ne peuvent divorcer qu’avec la permission de leurs maris, excepté dans des circonstances spéciales : infidélité, stérilité ou sénilité du mari. Elles ont donc recours au tribunal où, devant un juge laconique et «qui en a vu d’autres», elles exposent leurs cas. Le film brosse les portraits de Jamileh, qui veut voir condamné son mari qui la bat ; de Ziba, 16 ans, qui veut divorcer de son mari âgé de 38 ans, et Maryam, qui veut obtenir la garde de sa fille. Ces femmes prennent elles-mêmes leur défense. Elles ont recours aux discours, aux larmes, aux cris. Elles plaident, divulguent des secrets intimes (mon mari a des problèmes sexuels), déguisent la vérité et même mentent effrontément. Loin des images de guerre, Kim Longinotto et Ziba Mir-Hosseini montrent dans Divorce Iranian Style des femmes ordinaires qui tentent de changer leur vie en faisant appel à la justice.