Rechercher
Rechercher

Actualités - DISCOURS

Le discours du chef de l'Etat à la séance de clôture à Moncton Le dialogue des cultures, thème de la prochaine rencontre à Beyrouth

Lors de la séance de clôture du sommet francophone qui s’est déroulé à Moncton, au Canada, le président de la République, le général Émile Lahoud, a prononcé hier matin un deuxième discours dans lequel il a notamment annoncé le thème du prochain sommet qui aura lieu en 2001 à Beyrouth : “Le dialogue des cultures”. Le chef de l’État a réitéré à cette occasion les conditions d’une paix juste et globale au Proche-Orient. Voici la teneur intégrale de son discours : «Mesdames et messieurs les chefs d’État et de gouvernement, Monsieur le secrétaire général, «Je vous remercie pour l’honneur que vous faites à mon pays, le Liban, en le désignant comme siège du sommet de la francophonie en 2001. «Je remercie en particulier le président Jacques Chirac qui a, le premier, lors du sommet de Hanoi en 1997, très fortement appuyé la candidature de mon pays pour 2001. «Je remercie enfin le secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, pour avoir constamment souligné l’importance du choix du Liban pour 2001. «Mesdames et messieurs, «Chaque homme est semblable à tous les hommes, semblable à quelques hommes, semblable à nul homme». «Cette réflexion d’un anthropologue occidental laisse entendre que la compréhension de l’homme implique la prise en considération de la triple dimension qui le constitue : son universalité, en tant que membre de la communauté humaine ; sa particularité, en tant que membre d’une communauté culturelle déterminée ; sa singularité, en tant qu’individu combinant son aspiration naturelle à l’universel et son appartenance culturelle particulière. «Ce qui, dans cette tridimensionnalité, fait problème, c’est le moyen terme : la culture. Une culture peut se définir par «l’ensemble des modèles de comportement, de pensée et de sensibilité qui structurent les activités matérielles et spirituelles d’une communauté donnée et lui confèrent une identité distinctive». «Respectée et reconnue, elle tend, par son dynamisme propre, à réaliser les valeurs universelles qu’elle porte potentiellement en elle. Menacée ou méprisée, elle tend à se replier sur elle-même dans une attitude d’autodéfense agressive. «C’est dire que l’idée d’universel, qui est au fondement des droits de l’homme, ne peut se concrétiser qu’à travers l’ouverture des cultures les unes aux autres, à travers le «dialogue des cultures». «La mondialisation des échanges et les nouvelles technologies de l’information devraient en principe stimuler et généraliser le dialogue des cultures, car elles offrent à tous les hommes la possibilité de communiquer entre eux et leur assurent une ouverture sans précédent à toutes les cultures du monde. Malheureusement, il n’en va pas nécessairement ainsi. La mondialisation peut aussi se traduire par l’homogénéisation culturelle et l’expansion de la pensée unique, provoquant, par réaction, des replis identitaires et des crispations politiques dont on peut aisément mesurer les effets meurtriers. «Il est donc urgent de fixer les règles des échanges culturels mondiaux, afin que s’instaure un authentique dialogue des cultures et que l’identité culturelle d’une nation, d’une communauté, d’un individu soit, comme on l’a dit, «une dialectique du Même et de l’Autre, où le même est d’autant plus lui-même qu’il est ouvert à l’autre». «C’est en fonction de cet objectif prioritaire que se définit aujourd’hui le rôle de la francophonie. «Il importe que la francophonie soucieuse d’être un acteur majeur de notre temps, soucieuse de voir son originalité respectée dans le monde, établisse sa doctrine sur ce sujet et veille à disposer des moyens d’intervenir efficacement sur la scène internationale. Mesdames et Messieurs, «Si nous proposons “le Dialogue des cultures” comme thème de notre prochain sommet à Beyrouth, c’est parce que, en ce domaine, l’expérience libanaise nous paraît significative. «Porte du Moyen-Orient sur la Méditerranée, le Liban est par nature un pays d’ouverture. Mais si nous tenons à la francophonie, c’est aussi parce que nous avons une conscience aiguë d’une responsabilité particulière à l’égard du monde arabe qui nous entoure et auquel nous appartenons indissociablement. «À ce monde, notamment son aile orientale, le Machrek, notre participation à la francophonie constitue un apport qui est à tous égards source de richesse et d’influence. Sans le Liban, cet apport lui ferait cruellement défaut. «Inversement, malgré l’exiguïté de son territoire et le nombre limité de ses habitants, notre pays fournit à la francophonie l’aire de sa plus forte concentration au Machrek. «Héritier de civilisations marchandes qui explorèrent le monde dans l’Antiquité, le Liban est naturellement un carrefour de cultures et d’idées tout autant que de biens. Ouvert au monde, notamment par la présence de communautés libanaises sur tous les continents, mon pays est porté à apprécier la diversité et à reconnaître qu’elle fait sa richesse. «Le peuplement du Liban, marqué par la grande variété des appartenances confessionnelles, renforce cet état d’esprit. «Cela se reflète dans notre Constitution et notre système politique, fondé sur l’équilibre entre les diverses communautés, et tendu vers l’élaboration permanente de valeurs partagées et l’invention d’un style de vie commun. «Il revient donc tout naturellement au Liban d’accueillir la réflexion des francophones sur la dialogue des cultures. «Sur la scène internationale, les francophones doivent se montrer ouverts à des échanges plus nombreux avec les autres groupes culturels et linguistiques. Il convient d’intensifier les expériences engagées avec la Ligue arabe, le Commonwealth, les lusophones ou les hispanophones. Le sommet de Beyrouth pourrait être le lieu d’un dialogue entre ces organisations et de l’élaboration d’idées communes pour la diversité du monde. «Ce dialogue sera facilité par la paix juste et globale qui, nous l’espérons, aura été établie d’ici là. Cette paix, je le rappelle encore et le rappellerai toujours, postule ; • Le retrait immédiat et inconditionnel des forces israéliennes de tout le territoire libanais, conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations unies. • La reprise concomitante des divers volets des négociations de paix, au point où elles se sont arrêtées en 1996, sur la base des principes agréés à la conférence de Madrid. • Le retrait d’Israël de la totalité du Golan occupé jusqu’aux frontières du 4 juin 1967. • La reconnaissance du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la constitution de leur État. • Le règlement juste et équitable du problème des réfugiés palestiniens, selon les principes et les critères internationalement reconnus notamment, l’affirmation du droit au retour. «Je réitère à cet égard mon avertissement contre les dangers inhérents à tout projet d’implantation des Palestiniens au Liban». Mesdames, et Messieurs, Dans cette perspective de paix, nous nous préparons à vous accueillir à Beyrouth en 2001 pour réfléchir ensemble sur le dialogue des cultures. Je vous remercie».
Lors de la séance de clôture du sommet francophone qui s’est déroulé à Moncton, au Canada, le président de la République, le général Émile Lahoud, a prononcé hier matin un deuxième discours dans lequel il a notamment annoncé le thème du prochain sommet qui aura lieu en 2001 à Beyrouth : “Le dialogue des cultures”. Le chef de l’État a réitéré à cette occasion les...