Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Théâtre - Une lecture performance de trois heures, dimanche 5 septembre à l'AUB Bob Wilson : une carrière dense, toujours à la pointe de l'avant-garde(photos)

Le festival d’art expérimental «Ayloul», en collaboration avec le festival de Baalbeck, accueille, pour l’inauguration de ses manifestations, le chantre de l’avant-garde théâtrale, Bob Wilson. Le metteur en scène américain donnera une «lecture performance» de trois heures au Issam Fares Hall de l’AUB, dimanche 5 septembre, 19h. Dans cette conférence, présentée sous forme de «one-man-show», Bob Wilson présentera, avec diapos, dessins et photos à l’appui, les moments forts de son travail et l’évolution de sa recherche théâtrale. Depuis America Hurrah, 1965, dont il signe la scénographie et les marionnettes, jusqu’à Perséphone, présentée pour la première fois en 1997, le metteur en scène a, à son actif, plus de soixante-quinze réalisations, entre théâtres, ballets et opéras. Et son activité va plus loin : en plus d’avoir également fait des vidéo (Vidéo 50, 100 mini-épisodes sur 51 minutes, 1978), Bob Wilson a conçu des meubles et ses dessins en noir et blanc figurent souvent dans les galeries et les musées. Né le 4 octobre 1941 à Waco, Texas, Robert (Bob) Wilson est encore étudiant en architecture et en décoration, quand il commence à s’intéresser à la création théâtrale. Outre ses études à l’université du Texas et au «Brooklyn’s Pratt Institute», il a suivi des cours de peinture avec George McNeil, à Paris, et a travaillé avec l’architecte Paolo Solari en Arizona. Pendant ses différentes formations universitaires, il participe à des projets théâtraux et signe ses premières mises en scène. Par ailleurs, atteint depuis l’enfance d’un dysfonctionnement dans l’articulation de la parole, Bob Wilson consacre de nombreuses années à enseigner à des enfants souffrant du même défaut. Son travail, très influencé par cette formation pluridisciplinaire, est essentiellement un «théâtre d’images, hautement stylisé». Plus de 75 réalisations, trente-cinq ans d’une carrière jalonnée de succès internationaux et surtout placée toujours à la pointe de l’avant-garde. Dès le milieu des années soixante, il est très impressionné par la danse moderne, celle de George Balanchine, de Martha Graham et de Merce Cunningham. Fascination qui se retrouve dans ses deux premières mises en scène, The King of Spain et The Life and Times of Sigmund Freud (toutes deux en 1969). Passé maître des ombres et des silences, Bob Wilson offre un théâtre essentiellement basé sur des collages visuels, des mouvements ritualisés, des lumières hyperréalistes. Avec une utilisation minimaliste du texte. Une « extraordinaire machine de liberté » En 1971, son Deafman’s Glance (Regard du sourd) reçoit un très bon accueil international. Le réalisateur a créé cet opéra muet en collaboration avec Raymond Andrews, un gamin sourd-muet qu’il a adopté. Le spectacle, «une soirée de contes» qui dure sept heures, est en réalité une cure de rééducation d’un enfant sourd-muet qui est infirme depuis qu’il a assisté au meurtre de deux enfants poignardés par leur mère, une femme noire. Les dessins que fait l’enfant, et à travers lesquels se déroule les contes, reproduisent tantôt des souvenirs réels, tantôt des rêves, toutes les visions qui hantent ce gamin. Après la première parisienne, le poète Louis Aragon qualifiera Deafman’s Glance d’«extraordinaire machine de liberté». Estimant que «Wilson est ce que nous avons rêvé de voir venir après nous (les surréalistes) et aller plus loin que nous». Puis The Life and Times of Joseph Stalin, en 1973, encore un opéra silencieux mais de douze heures, dans lequel Bob Wilson retrouve une figure emblématique du XXe siècle. Plutôt que des enquêtes, ces œuvres sont des méditations pour Bob Wilson et sa troupe, «Byrd Hoffman School of Byrds», constituée de gens de tout âge, de toute race ou origine et vivant en communauté spirituelle. Ensuite, Wilson retrouve la parole pour créer A Letter for Queen Victoria (1974). Mais le langage de ce spectacle «fait de banalités, d’extraits de films ou d’émissions télévisées, de fragments d’anecdotes, de hors contexte, ne correspond en rien aux gestes et ne constitue rien d’autre qu’une partition sonore, accentuée par la musique, dans la création d’une simple cadence» relève-t-on dans l’encyclopédie du théâtre contemporain, La scène moderne. Un opéra international à Los Angeles En 1976, la rencontre avec le compositeur Philip Glass est déterminante pour Bob Wilson. Il en résulte Einstein on the Beach présenté à Avignon. Philip Glass, qui s’inscrit dans la musique contemporaine évoluant au contact des arts traditionnels et ethniques, «compose une musique incantatoire. Sa conception, marquée par le minimalisme de l’époque, rejoint les idées de Wilson sur une scène livrée à une sorte de rituel répétitif qui en appelle à la méditation du spectateur plus qu’à sa vigilance», note encore La scène moderne. Spectacle culte des années soixante-dix, Einstein on the Beach est économe dans ses moyens et austère dans ses décors. Dans les années quatre-vingt, Bob Wilson développe ce qui reste son projet le plus ambitieux : The civil warS : a tree is best measured when it is down. Créé en collaboration avec un groupe d’artistes internationaux, cet opéra devait être pour Wilson la pièce centrale du «Festival olympique des arts» qui s’est tenu à Los Angeles en 1984. Le spectacle n’a jamais été entièrement achevé. Quelques «épisodes» ont été produits en Europe, aux États-Unis et au Japon. Pour Bob Wilson, «une pièce est une construction architecturale basée sur des images». Ses spectacles sont, par conséquent, fastueux, pleins de couleurs et de grands effets scéniques. Ils créent un univers sans firmament, sans centre et sans fond, «un univers né du simple bruissement du langage et de la musique, univers de ténèbres auquel la lumière donne un peu de volume». Parmi les réalisations, on peut encore citer, entre autres : Ka Mountain, une performance de sept jours donnée en 1972 à Shiraz en Iran ; Hamletmachine, 1986, de l’écrivain allemand Heiner Müller ; Death, Deconstruction and Detroit II, 1987 ; The Black Rider, 1991, opéra sur un livret de William Burroughs et une musique de Tom Waits, «une comédie musicale détonante, un spectacle à la beauté convulsive» ; «Alice in Wonderland, 1992, ballet d’après Lewis Carroll ; et Poetry, projet sur lequel il travaille pour janvier 2000 à Hambourg. Mais les projets, Bob Wilson en travaille toujours plusieurs simultanément. Et le calendrier de ses pièces, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, va jusqu’en octobre 2000. Avec notamment Orphée et Eurydice, ainsi que Alceste au Théâtre du Châtelet, en octobre prochain ; 14 Stations of the Cross en Allemagne en décembre ; Pelléas et Melisande, à l’Opéra de Paris en mai 2000 ; un projet pour la basilique Saint-Denis en juin 2000…
Le festival d’art expérimental «Ayloul», en collaboration avec le festival de Baalbeck, accueille, pour l’inauguration de ses manifestations, le chantre de l’avant-garde théâtrale, Bob Wilson. Le metteur en scène américain donnera une «lecture performance» de trois heures au Issam Fares Hall de l’AUB, dimanche 5 septembre, 19h. Dans cette conférence, présentée sous forme de...