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Actualités - ANALYSE

Les grandes manoeuvres commencent

En cette fin de vacances qui ont été politiquement agitées, c’est la loi électorale qui retrouve la vedette, après avoir été tenue longtemps sous le boisseau. Prenant l’initiative, les loyalistes annoncent que le gouvernement va précipiter le mouvement et pourrait bien saisir le Parlement de son projet de loi dans les deux semaines qui viennent. Et d’ajouter que cela se ferait probablement au retour du chef de l’État de son voyage canadien et avant le départ du président du Conseil pour New York où il doit participer à l’assemblée générale annuelle de l’Onu. Le projet présenté lors de la présente session extraordinaire de la Chambre constituerait le hors-d’œuvre d’entrée de la session ordinaire d’octobre, dévolue à l’étude du budget de l’an prochain. Une promesse hardie qui en laisse plus d’un sceptique, car au stade actuel, rien n’est fait, rien n’est prêt, rien n’est préparé. Les professionnels ont dès lors tendance à estimer que le gouvernement effectue une manœuvre purement tactique, lance un pavé dans la mare pour voir comment les grenouilles vont réagir. Mais les loyalistes n’en démordent pas, soutiennent que de mystérieux efforts ont été accomplis sans que nul ne s’en doute pour mettre au point la formule turbo magique de la nouvelle loi électorale. Et pour preuve de leur bonne foi, laissent filtrer des indications déterminées, selon lesquelles c’est la circonscription moyenne, c’est-à-dire le mohafazat divisé en trois, qui a été retenue. Ces précisions ne font en réalité que raffermir les doutes des politiciens, dans la mesure où ce compromis de la circonscription moyenne offre le rare désavantage de mécontenter tout le monde à la fois, les partisans de la petite comme de la grande circonscription. Un vétéran généralement bien informé estime pour sa part que «les loyalistes se montrent bien présomptueux. Comment voulez-vous qu’on mette la loi électorale sur le tapis quand il n’en a pas encore été discuté avec les décideurs ? Or il ne faut pas être grand clerc pour deviner que ces derniers attendent pour se prononcer que la situation régionale se décante. Il n’y a pas de choix d’option pour la configuration de la prochaine législature, donc pour le découpage des circonscriptions, avant qu’on ne sache sur quel tempo, dans quel climat les pourparlers syro-israéliens vont reprendre. Pour le moment donc, le dossier intérieur libanais reste sur l’étagère et n’en sera tiré qu’après la mission Albright». Et de supposer ensuite que «les progouvernementaux se montrent brusquement pressés parce qu’ils ont peur que le Cabinet ne saute tout aussi brusquement. Ils se disent que si l’on met quelque chose sur le feu, à savoir le débat sur la loi électorale, il y aurait de meilleures chances de garder le cuisinier. Mais encore faut-il que les ingrédients soient disponibles, ce qui n’est pas le cas». Sur le plan concret, on relève en effet que la commission ministérielle chargée d’élaborer le projet n’a toujours pas été convoquée à se réunir pour en commencer la rédaction. Présidée par M. Michel Murr, composée de MM. Joseph Chaoul et Issam Naaman, cette commission a tenu jusque-là, il y a très longtemps d’ailleurs, deux séances de travail, consacrées à étudier les quelque 30 projets que des forces politiques lui ont remis à sa demande. Elle est supposée en faire la synthèse, mais semble y avoir renoncé car les vues en présence, trop nombreuses du reste, s’avèrent pratiquement inconciliables. Phénomène normal dans ce pays si éclaté : les membres de la commission ministérielle ont eux-mêmes des conceptions qui ne concordent pas. M. Naaman, dit-on, est un partisan de la proportionnelle relative et tente de faire accepter un projet où 10 % des députés seraient élus au niveau du pays tout entier, non des circonscriptions ordinaires, sur une base non confessionnelle. Du côté de Baabda, on répète qu’il faut une loi fondée sur l’égalité entre tous, sur la saine représentativité et le brassage national.
En cette fin de vacances qui ont été politiquement agitées, c’est la loi électorale qui retrouve la vedette, après avoir été tenue longtemps sous le boisseau. Prenant l’initiative, les loyalistes annoncent que le gouvernement va précipiter le mouvement et pourrait bien saisir le Parlement de son projet de loi dans les deux semaines qui viennent. Et d’ajouter que cela se...