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Actualités - REPORTAGES

Hommage - Rétrospective, en croquis et en film, pour retracer la vie et l'oeuvre de Jean-Pierre Delifer Baalbeck : inspiration première du styliste disparu (photo)

Amoureux de Baalbeck, Jean-Pierre Delifer aimait y passer des journées entières à vivre avec ses habitants, à s’imprégner de son climat sec, à s’inspirer des pierres de ses temples et de ses costumes traditionnels. La ville du Soleil le lui a toujours bien rendu. Comme un ultime hommage à un hôte de marque, elle accueille jusqu’au 15 septembre une importante rétrospective de ses œuvres. Croquis et modèles occupent à la fois le hall de l’hôtel Palmyra, de l’annexe et les jardins, ainsi que l’espace de la boutique artisanale «Assyla». Et pour donner le coup d’envoi de cette exposition, une soirée a été organisée par le Festival de Baalbeck, le comité des amis de Jean-Pierre Delifer et «Assyla» dans le temple de Bacchus. Le ministre de la Culture, M. Mohammed Youssef Beydoun, a décerné au styliste, à titre posthume, la médaille du mérite de l’Ordre du Cèdre, remise à sa sœur, Lilly Delifer. Par ailleurs, différents témoignages sont venus rappeler qui était Jean-Pierre Delifer et l’importance de son œuvre. Un texte de Jean-Claude Morin, lu par Jean-Louis Mainguy ; une note de Nidal Achkar, lue par l’actrice Roula Hamadé… Le décorateur Mainguy a également donné lecture d’un chapitre tiré de l’ouvrage que préparait Jean-Pierre Delifer sur sa vision de Baalbeck. De plus, un film d’une trentaine de minutes signé Élie Adabachi, relatant en images la vie du célèbre modiste, a été projeté. Un ouvrage en attente de publication Au moment de sa disparition, le styliste travaillait sur la rédaction d’un ouvrage dont «la pierre angulaire est Baalbeck». Jean-Claude Morin précise, dans son mot, que «le roman dont Jean-Pierre Delifer a achevé les grandes lignes a pour foyer de résonance et de réfraction le Festival de Baalbeck». Il donne un peu plus de détails sur le personnage principal, Soufian qui «est partie prenante de Baalbeck, de sa terre, de ses cultes, de ses célébrations. Pouvait-il en être autrement ?». Et Morin d’affirmer que «si ce roman est publié, ce qu’il faut souhaiter, on s’apercevra que la main qui écrit n’est pas indigne de celle qui façonnait les draperies avec autant de superbe que d’humilité». Pour sa part, Jean-Pierre Delifer, dans une lettre adressée à un ami, disait : «L’écriture m’est venue alors que je baignais dans la détresse la plus totale, elle me rattache à la vie, me donne un sens, maintenant que je ne fais plus rien de mon métier». Dans le chapitre lu lors de la cérémonie, Delifer parlant de Soufian, le héros de cette allégorie, écrit : «Les garçons de Baalbeck ont une intuition métapsychique, celle d’être investis de missions dont ils ne connaissent ni les pouvoirs, ni la portée ; ils sont d’ascendance glorieuse, fils de ces bâtisseurs croyants qui élevèrent Baalbeck, demi-Dieux par la puissance des sources qui coulent de la beauté et de la foi. Nous marchâmes dans la direction des temples. Par les chemins de traverse, qui vont dans les prairies, passaient des villageoises altières comme des sultanes, des paniers aux couleurs de fruits posés sur leurs têtes, les bras chargés d’énormes ballots et de marmots gluants, pieds nus, laissant traîner dans la poussière de longs voiles bariolés». Toute une vie en images Le film d’Élie Adabachi parcourt la vie de Jean-Pierre Delifer, mettant l’accent sur les grands évènements professionnels qui l’ont marquée. Hasard et destin se sont entremêlés dans une vie chargée. De la fascination qu’éprouvait le petit garçon pour l’habit blanc ceinturé de rouge du patriarche jusqu’à l’amour du travail conçu comme une œuvre d’art et exécuté avec minutie, un parcours où se sont mêlés hauts et bas. Sur le texte de Jean-Claude Morin, traduit en arabe et récité en voix off par Élie Adabachi, les images défilent : celles récemment filmées et dans lesquelles un enfant «joue le rôle» du styliste gamin ; celles plus anciennes tirées d’archives ; ou encore les photos mises à disposition par la famille et les amis. Et le tout émaillé d’anecdotes, comme celle évoquant la première rencontre entre Martin Scorsese et Jean-Pierre Delifer, mis en contact par le cinéaste Maroun Bagdadi. «Le réalisateur américain demande à Delifer comment il habillerait le Christ. Comme un homme qui devrait aller nu», lui répond le modiste libanais». Outre les moments de succès, Jean-Pierre Delifer a connu des creux de vague, notamment après le défilé «Les Orientales» au Grand Hôtel de Paris. «Un défilé salué par les critiques mais qui n’a pas été suivi de commandes», note le commentateur. Un travail qui a entraîné le styliste dans la spirale infernale des dettes et des sommations. Mais la créativité de Delifer n’en a pas été pour autant paralysée. Prolixe, il est resté actif jusqu’au bout. Malgré l’amertume que n’ont pas manqué de susciter en lui toutes les déconvenues, tous les malentendus. Tronquant ses pinceaux contre une plume, il s’était attelé, dans les deux dernières années de sa vie, à écrire son «Baalbeck».
Amoureux de Baalbeck, Jean-Pierre Delifer aimait y passer des journées entières à vivre avec ses habitants, à s’imprégner de son climat sec, à s’inspirer des pierres de ses temples et de ses costumes traditionnels. La ville du Soleil le lui a toujours bien rendu. Comme un ultime hommage à un hôte de marque, elle accueille jusqu’au 15 septembre une importante rétrospective de ses...