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Actualités - CHRONOLOGIE

Atelier d'artiste - Sous le coup de ses pinceaux les insectes s'esthétisent Charles Khoury, un empêcheur de tourner en rond(photos)

Le visage poupin, le regard pétillant, Charles Khoury est aussi prolixe en paroles que productif en tableaux. À force d’acharnement, cet autodidacte s’est fait un nom dans le monde des arts. Ses toiles peuplées d’insectes figurent un univers particulier, un style identifiable. Répondant à l’appel impératif des crayons, pinceaux et autres pastels, il quitte la banque il y a une dizaine d’années pour se consacrer à l’art pictural. Le domaine de Charles Khoury est une chambre improvisée en atelier, dans la maison paternelle à Adonis. Là, planches de bois, toiles et cartons à dessiner vierges côtoient tout genre de support peinturlurés. Une planche à repasser accrochée au mur semble être grignotée par une colonie de fourmis aux yeux rigolos. Des toiles de toutes dimensions se disputent les quatre murs du local. Il y en a sur tous les murs de la maison. Une table maculée de peinture est adossée à la paroi du fond. Les seaux qui débordent de pinceaux ou de crayons s’alignent en ordre, à l’instar des gros pots d’acrylique et des tubes de peinture. Des dizaines de disques sont tassés en ordre dans une discothèque. Amoureux de musique, l’artiste affirme que «l’ambiance de la couleur est très musicale. Chaque couleur est une note à partir de laquelle le peintre, à l’instar du musicien, crée une symphonie». Et ce ne sont pas les partitions qui manquent : les placards découvrent un nombre impressionnant d’œuvres. Des cartons grand format, aux couleurs tantôt criardes tantôt neutres, aux dessins très stylisés, se serrent comme des sardines. Charles Khoury semble peindre comme il respire… L’art, le meilleur des antidotes L’abstrait est sa première période. «Cette forme picturale me permettait de m’exprimer en dépit de mon manque de formation», indique-t-il. Ses lacunes, il tente de les combler par un surcroît de travail. Rapidement, il prend la peinture au sérieux. «Elle avait un sens pour moi», affirme-t-il. «Cet art, à l’instar de toute forme de création, est un défi à la mort. Une manière de ne pas tomber dans la routine, dans la banalité». Ce n’est, à l’évidence, pas ce qui guette ce jeune homme aussi talentueux qu’énergique. Et l’abstrait laisse place aux insectes. Un monde à part, très stylisé, parfois naïf, d’autres fois agressif. «Il fallait que je cherche mon propre langage», explique le peintre. Pour lui, l’abstraction représentait un état de pureté, alors que les insectes sont une sorte de miroir de la société. «Une agressivité qu’il fallait reproduire». Pourquoi le monde des insectes précisément ? «C’est d’abord une nouvelle voie», affirme Charles Khoury. Très contemporain dans son approche, il a commencé à peindre des insectes il y a sept ou huit ans, alors que cette vague n’a envahi l’Occident qu’il y a trois ans, avec notamment une série de films comme Microcosmos et d’autres. Pour Charles Khoury, «un artiste est en quête de formes et de couleurs. Et les insectes offrent une diversité qui me fascine». Subjugué au point d’avoir choisi de reproduire l’animal le plus laid de la création, «uniquement pour prouver qu’il n’y a pas de critère fixe, de limite entre beauté et laideur». Cette recherche d’esthétique se double pour l’artiste d’un questionnement. Outre le fait que ces bestioles lui font penser «à notre société, où nous nous étripons comme des animaux», elles l’interpellent, plus généralement sur le sens de l’évolution de l’homme. D’ailleurs, les bêtes qu’il reproduit, dans un style très subjectif, offrent aussi bien des attitudes d’homme de Cro Magnon que des têtes de robots. Une réflexion sur les éternelles questions : d’où venons-nous, où allons-nous, pourquoi sommes-nous là, quelle évolution suivons-nous ? Mais loin d’être noires ou pesantes — à part quelques exceptions — ses œuvres dégagent une agressivité positive, un aspect souvent même ludique. L’acrylique, « une matière qui correspond à mon tempérament » Autre période pour ce peintre qui dit en vouloir toujours plus et s’ennuyer rapidement, des acryliques sur carton, aux dessins épurés, aux couleurs édulcorées. «Je me suis assagi», remarque-t-il. «Je me suis tourné beaucoup vers les blancs et noirs. L’expression y est plus intense, plus directe», affirme-t-il. Et c’est à l’acrylique qu’il crayonne. «Cette matière est celle qui correspond le plus à mon tempérament. Elle sèche vite». Dernièrement, Charles Khoury a introduit le sable dans son travail. Des collages à l’aspect granulé, rugueux. Une agressivité qui reprend droit à la parole. «Mais, constate-t-il, le public libanais n’aime pas le changement». Alors que l’art est, par essence, en constante évolution. «De plus, les gens veulent maintenir l’artiste dans la case qu’ils lui ont attribué». Charles Khoury s’insurge contre cette condamnation à l’immobilisme, estimant que «la routine éloigne de l’essentiel» et que «l’artiste est là pour titiller le public, pour le faire réagir». Mission accomplie pour Charles Khoury. Un peintre qui s’empêche de tourner en rond…
Le visage poupin, le regard pétillant, Charles Khoury est aussi prolixe en paroles que productif en tableaux. À force d’acharnement, cet autodidacte s’est fait un nom dans le monde des arts. Ses toiles peuplées d’insectes figurent un univers particulier, un style identifiable. Répondant à l’appel impératif des crayons, pinceaux et autres pastels, il quitte la banque il y a une...