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Actualités - REPORTAGES

Festival de Baalbeck - Dernier week-end de l'édition 99 Rabih Abou Khalil : l'alchimie musicale a atteint le public au coeur (photos)

Dernier week-end du festival de Baalbeck édition 99. Le oudiste Rabih Abou Khalil, en concert au Liban pour la première fois, était entouré des quatre musiciens de son quintette. À l’abri des gigantesques parois du temple de Bacchus, oud, tuba, violoncelle, percussion et batterie ont scellé une alliance musicale, un indéfectible pacte entre Orient et Occident. C’est le oud qui, en solo, égrène les premières notes de ce concert aux accents particuliers. Comme pour ouvrir la voie, il laisse échapper des rythmes à l’indolence orientale. Puis, tels les acteurs d’une pièce de théâtre, les autres instruments font leur entrée, l’un après l’autre. Dans ce premier morceau, tiré du CD Odd Times, la musique, comme une tragédie, démarre en douceur, puis s’emballe, alternant duos et solos. Elle atteint des sommets quand les cinq instrumentistes jouent de concert. Pour, en final, reprendre un rythme plus calme. Dans le dialogue qui s’installe entre le tuba au son grave et profond et le violoncelle qui étire ses notes, la batterie joue les trouble-fête. Le riq baigne le tout dans un tempo feutré, monocorde. Entre chaque morceau, Rabih Abou Khalil, comme pour tromper son angoisse, dialogue avec le public, partage avec lui nombre de commentaires, tantôt drôles, tantôt sentimentaux. Pour ce premier intermède, il s’excuse de mettre autant de temps à accorder son oud, puis présente ses musiciens. Mark Nauseef, batterie ; Michel Godard, tuba ; Nabil Khayat, riq ; et Vincent Courtois, violoncelle. Ensuite, expliquant le morceau qu’il s’apprête à jouer, il dit l’avoir composée pour un film turc, Yara. «La moitié de ce film se passe dans un asile de fou», dit Rabih Abou Khalil, «c’est peut-être la raison pour laquelle le réalisateur s’est adressé à un Libanais pour la musique du film». Through the window commence par un solo de tuba, comme un long gémissement que viennent animer les coups secs de la tabla. Rabih Abou Khalil joue, ensuite, une nouvelle composition, Fraise et crème fraîche, «sorte de déclaration d’amour pour la fraise, ce fruit exceptionnel», explique-t-il. En guise de mise en appétit, un solo de violoncelle où les notes se font aussi veloutées que la chair du fruit. Le rythme indolent évoque la sensualité de la fraise. Une dégustation… musicale inhabituelle. Pour clôturer cette première partie, une partition plus énergique. Un mélange orientalo-jazz où le violoncelle se déchaîne.Deuxième partie avec d’abord, Sunrise in Montréal. Sur un même rythme, chaque instrument joue ses propres variations, offrant une multitude d’interprétations. En solo, les musiciens «s’éclatent», donnant chacun la mesure de son talent. Puis, Rabih Abou Khalil prend la parole. «C’est la première fois que je joue au Liban, indique-t-il. C’est le concert le plus important de mon existence. Et j’aurais souhaité que mon père qui nous a quitté il y a maintenant plus d’un an, soit parmi nous». Et pour palier l’absence, «nous allons interpréter Requiem, pour que son esprit soit là». Michel Godard a remplacé le tuba par le serpent, sorte de tuyau aux formes reptiliennes. Le son grave se fait à la fois menaçant et apaisant. Le serpent joue d’abord seul, puis soutenu par la percussion et le violoncelle. Le oud est muet, en deuil. Il n’interviendra que pour verser sa tristesse sur ce doux requiem. Le son se cristallise en douleur sourde, dans une dernière révolte. Avant de redevenir calme, comme un être qui se résigne à l’inévitable réalité… La tristesse laisse place à une gaieté plus légère, plus grivoise, avec Ma muse m’amuse. Le rythme est remuant, très jazzy. Puis un final avec The happy cheikh. La fébrilité de Rabih Abou Khalil n’avait d’égal que l’impatience des spectateurs. Cette confrontation avec le public libanais, que le compositeur-oudiste attendait avec un mélange d’inquiétude et d’effervescence, a dégénéré en torrent d’applaudissements. L’alchimie musicale d’Abou Khalil a fonctionné, atteignant le public… au cœur.
Dernier week-end du festival de Baalbeck édition 99. Le oudiste Rabih Abou Khalil, en concert au Liban pour la première fois, était entouré des quatre musiciens de son quintette. À l’abri des gigantesques parois du temple de Bacchus, oud, tuba, violoncelle, percussion et batterie ont scellé une alliance musicale, un indéfectible pacte entre Orient et Occident. C’est le oud qui, en...