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Actualités - REPORTAGES

Baalbeck bis - Hommage à un styliste qui a marqué la mode et le théâtre Jean-Pierre Delifer, une créativité foisonnante(photos)

Parallèlement au Festival de Baalbeck, le comité des amis de Jean-Pierre Delifer organise une rétrospective du célèbre styliste. L’hôtel «Palmyra», l’annexe et les jardins se sont transformés en cimaises pour relater, en croquis et en modèles, les trois périodes d’une réussite. L’exposition se prolongera jusqu’à la mi-septembre. Dans un arrangement de Jean-Louis Mainguy, les œuvres de Jean-Pierre Delifer envahissent le hall de l’hôtel et son annexe. La première période, 1952-1975, se déroule à Beyrouth. Jean-Pierre Delifer, revenu au Liban, son pays natal, en 1952, se distingue comme modéliste, dès l’âge de 18 ans. Il ouvre sa première maison de couture en 1954. Mais ses idées, son style raffiné attirent une clientèle sophistiquée. Déjà il répond à l’image flatteuse que Balenciaga devait plus tard donner de lui : «Architecte de la ligne ; peintre pour la couleur ; musicien par l’harmonie ; philosophe par la mesure». Les 75 croquis qui relatent cette période sont de véritables œuvres d’art. Des formes amples, des couleurs vives, des broderies d’arabesques… Les vêtements dessinés se déclinent en mouvements souples, en drapés profonds. Outre les dessins, quelques modèles sont exposés sur des mannequins de bois. Malgré l’usure des années, le style reste intact, impeccable : une symbiose parfaite entre patrimoine et créativité. Une rencontre décisive pour Jean-Pierre Delifer, celle qui scelle sa collaboration avec le monde du théâtre. Il conçoit et exécute les costumes d’Aladin in memoriam de Gabriel Boustany, mis en scène d’Eduardo Manet en 1965. Cette première expérience lui mettra le pied à l’étrier. Il enchaîne les pièces. Les modèles exposés sont de plus en plus inspirés des tragédies grecques ou des costumes de scène. Capes et tuniques déploient des étoffes lourdes, brodées d’or et d’argent et ceinturées de larges bandes aux couleurs chamarrées. Jusqu’en 1975, Jean-Pierre Delifer connaît un succès croissant. Il est à l’affiche d’une dizaine de productions théâtrales par an. Côté haute couture, il ne s’intéresse plus qu’aux robes de grand prestige. En mars 1975, il signe son dernier défilé de la période d’or du Liban, «La nuit des jonquilles», organisé par le joaillier Gérard. Une nostalgie qui se traduit en style La guerre qui fait imploser le pays voit le modiste quitter le pays et se réfugier en France dès avril 1975. Cette deuxième période parisienne s’étend de 1975 à 1994. À Paris, nostalgie oblige, son style s’orientalise. Son attrait grandissant pour la culture arabe se fait de plus en plus ressentir dans ses œuvres. Les croquis exposés, dans l’annexe de l’hôtel Palmyra, en sont la preuve. Outre le défilé du Grand Hôtel à Paris en 1984, dont la vidéo passe en permanence sur un petit téléviseur dans la salle principale de l’annexe, Jean-Pierre Delifer fait son entrée à la Comédie-Française. Il exécute les costumes de Caligula de Camus, mise en scène de Youssef Chahine. Puis suivent Medea, Don Juan, Bérénice et Phèdre. De nombreux croquis de ces œuvres sont là, sous verre, attestant une créativité et un style incomparables. En 1987, Martin Scorsese fait appel au modiste libanais pour les costumes de La dernière tentation du Christ. Sur les murs du fond de l’annexe et dans les jardins de l’hôtel Palmyra, une trentaine de dessins et une quinzaine de costumes jouent les reconstitutions. Dans les jardins, quelques croquis de la dernière période du styliste. Entre 1994 et 1999, année de son décès, il se réinstalle à Beyrouth. Tout naturellement, il reprend le contact avec le monde de la mode et du théâtre. Les pièces se succèdent. Dans un dernier élan de création, Jean-Pierre Delifer appose sa griffe sur les costumes de différentes pièces. Des créations qui s’inspirent du terroir. Comme une ultime revendication d’appartenance à une terre, à une culture qui plonge ses racines dans une civilisation millénaire.
Parallèlement au Festival de Baalbeck, le comité des amis de Jean-Pierre Delifer organise une rétrospective du célèbre styliste. L’hôtel «Palmyra», l’annexe et les jardins se sont transformés en cimaises pour relater, en croquis et en modèles, les trois périodes d’une réussite. L’exposition se prolongera jusqu’à la mi-septembre. Dans un arrangement de Jean-Louis Mainguy,...