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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

Presse - Les médias électroniques au centre des travaux de l'UIJPLF à Moncton Hervé Burges disposé à contribuer à la relance de l'information francophone étatique

De séances plénières en ateliers de travail, la centaine de journalistes francophones réunis depuis dimanche matin à Moncton avaient pratiquement liquidé, dès lundi soir, l’essentiel de leur ordre du jour : célérité et diligence d’autant plus remarquables que ces deux journées longues ont été ponctuées, midi et soir, de manifestations à caractère professionnel ou culturel, organisées en marge du sommet de la francophonie qui se tiendra à la fin de la semaine prochaine dans cette petite ville tranquille des provinces maritimes (atlantiques) du Canada.Ces 31es assises de l’Union internationale des journalistes de la presse de langue française (UIJPLF) seront clôturées vendredi 27 août en présence du Premier ministre du Nouveau-Brunswick, l’honorable Bernard Lord, et de M. Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie.dans l’intervalle, les journalistes francophones auront l’occasion d’explorer un coin de cette attachante Acadie où débarquèrent, au début du XVIIe siècle, les premiers colons français ; déportés par les Anglais, ils ont fini par regagner leurs terres, y ramenant leur langue avec eux. Un million de francophones non québecquois vivent aujourd’hui en Acadie ; ils parlent un français à l’accent exquisément chantant ou alors, parfois, le chiac, mélange très local de français et d’anglais. Les congressistes de l’UIJPLF visiteront notamment Shédiac et Caraquet en passant par des sites aux noms aussi savoureux que Miramichi et Bouctouche. Ces moments de loisir et de détente n’affectent évidemment en rien le sérieux de ces assises professionnelles dont le thème était, cette année : “Formation et perfectionnement”. Les expériences les plus diverses en la matière ont été passées en revue, l’accent étant mis sur les besoins particuliers de la jeunesse, à laquelle est d’ailleurs consacré le prochain sommet de la francophonie. Parallèlement aux travaux de l’UIJPLF, et de manière plus académique, ces besoins sont actuellement scrutés, à Moncton même, par les délégués du Réseau Théophraste, une association de centres universitaires voués à la formation et au perfectionnement des journalismes, et qui a vu le jour sous l’impulsion de l’École supérieure de journalisme de Lille. Cela dit, une part substantielle des discussions est allée aux changements profonds apportés au métier par les technologies nouvelles : satellites, grands réseaux de l’information, infographie, banques de données, etc... Cette question a fait l’objet de deux interventions très remarquées, l’une de M. Jean-Charles Bourdier, vétéran du journalisme français actuellement chargé d’un regroupement d’organes de presse, et l’autre de M. Hervé Bourges, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel français. Tout en saluant l’avènement de cet extraordinaire outil de travail qu’est l’Internet, le premier a mis en garde contre le risque d’une confusion entre information et communication dans les esprits du public ; il a signalé en outre que 15 % des petites annonces dans la presse écrite française ont déjà été transférées sur le web : ce qui ne rend que plus impérieuse, selon lui, la nécessité pour les journaux de pratiquer l’interactif. Les risques de l’Internet S’attardant plus précisément sur la déontologie que commande l’irruption des nouveaux médias, M. Hervé Bourges a lui aussi souligné qu’il ne suffit pas qu’une information figure sur Internet pour qu’elle soit exacte : d’autant que l’ivresse de la rapidité, inhérente au web, peut le plus souvent l’emporter sur les scrupules de la vérification, l’image numérique multipliant en effet les risques de manipulation. «La rapidité, s’écriera-t-il même, c’est pour le journalisme le danger de la paresse et de la facilité, au mépris des règles déontologiques de base qui fondent la valeur du travail journalistique». M. Bourges s’est insurgé par ailleurs contre la suprématie américaine en matière de réseaux : le même déséquilibre existant d’ailleurs entre pays industrialisés et pays en voie de développement qu’entre réseaux de communication privés américains et ceux appartenant au reste du monde développé. Dès lors, il réclame une place plus grande, sur la «Toile», pour les cultures francophones, un tel partage ne pouvant raisonnablement se produire que si des instances internationales reconnues y apportent leur garantie, agissant ainsi au nom de valeurs partagées. C’est à cette fin – promouvoir un développement égalitaire du web – que le CSA que préside M. Bourges organise, les 30 novembre et 1er décembre prochains, sous l’égide de l’Unesco, un sommet mondial des régulateurs sur Internet et les nouveaux médias. Et le Liban ? Quid de notre pays, dans ce brassage dont est actuellement l’objet l’univers médiatique ? La question vaut d’être posée à la veille du sommet de Moncton qui, comme on sait, se fixera lui-même rendez-vous, pour l’an 2001, à Beyrouth. L’importance de ces retrouvailles francophones en terre libanaise n’échappe à personne, ici. Le Liban, en effet, reste le pays phare de la francophonie au Proche et au Moyen-Orient ; et la francophonie se rend service à elle-même d’abord en réunissant ses princes à Beyrouth, au cœur d’une région largement dominée par le Colosse américain, parrain du processus de paix et principal sinon seul bénéficiaire du phénomène de globalisation. Beyrouth-2001 c’est aussi, bien sûr, une manne pour le Liban. Il ne s’agit pas seulement en effet de l’avenir et du devenir d’une presse libanaise francophone et privée en plein essor comme en témoigne la prolifération des périodiques en langue française. Ce que peut surtout faire un sommet de la francophonie réuni dans notre capitale (et ce point a été dûment développé devant les confrères de l’UIJPLF), c’est consacrer deux aspects également vitaux de la réalité libanaise : 1) Nos traditions démocratiques dont la liberté d’expression, pour essentielle qu’elle soit, n’est qu’une des composantes, puisqu’elle va de pair avec, notamment, la tenue d’élections enfin régulières et l’avènement tant attendu de l’État de droit : nul de nos hôtes, en 2001, ne doit être en mesure de comparer, même de loin, notre pays à ces républiques africaines chargées de tares et tout juste tolérées au sein d’une francophonie de plus en plus politique désormais, puisque vouée à la défense de la démocratie. 2) Notre présence sur la scène internationale, trop longtemps occultée par la guerre puis par les contraintes et dérives de l’après-guerre. Le Liban n’existe pas par la seule volonté de ses citoyens hélas, et encore moins par celle de ses gouvernements successifs : d’où l’immense intérêt qu’a notre pays de chercher, en toute occasion – et le sommet francophone en est une de taille – à se réinsérer dans le paysage international. Le message de Bourges C’est dire la tâche énorme qui attend les autorités libanaises dans la perspective de 2001. Car il ne s’agira pas seulement de faire de beaux discours et d’initier les chefs d’État et de gouvernement, ainsi que les centaines de délégués aux conférences et manifestations annexes, aux délices des mezzés ou au charme coloré du folklore libanais. Outre l’effort qui s’impose au plan politique, l’État libanais est tenu de mériter sa prétention à la francophonie, et cela en redonnant consistance et vie à sa propre infrastructure informationnelle : est-il pensable en effet qu’un pays hôte ne se dote pas d’un malheureux canal de télévision francophone ou d’une radio de même expression digne de ce nom ? M. Hervé Bourges n’est pas resté insensible à la question, et la complexité de la tâche ne l’a guère refroidi. Au cours d’un entretien des plus amicaux, le professeur de journalisme à l’École supérieure de Lille, le patron de RFI, puis de TF1 et de Canal +, le premier spécialiste de l’audiovisuel en France, s’est dit entièrement disposé à mettre ses compétences à la disposition du Liban : «Vous avez ma carte, je marche». À bon entendeur !
De séances plénières en ateliers de travail, la centaine de journalistes francophones réunis depuis dimanche matin à Moncton avaient pratiquement liquidé, dès lundi soir, l’essentiel de leur ordre du jour : célérité et diligence d’autant plus remarquables que ces deux journées longues ont été ponctuées, midi et soir, de manifestations à caractère professionnel ou...