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Actualités - ANALYSE

UE - Le 9 mai, Journée de l'Europe Le nouveau concept stratégique, un tournant pour le Vieux Continent(photo)

Le 9 mai 1950 restera dans la mémoire des peuples du Vieux Continent une date charnière et historique qui marque, symboliquement, le coup d’envoi de la construction européenne. Ce jour-là, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, et son conseiller Jean Monnet (considéré comme le père de l’Europe) rendent publique une déclaration solennelle, appelant à la création d’une Haute Autorité supranationale européenne indépendante qui aurait pour tâche de mettre en commun et de gérer les matières premières qui constituaient à l’époque le «nerf de la guerre», à savoir le charbon et l’acier. L’objectif recherché était alors beaucoup plus politique qu’économique. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il s’agissait en effet de créer un climat irréversible de concorde et de coopération entre les pays européens, et plus particulièrement entre la France et l’Allemagne, en tissant à ce niveau de solides liens communs qui rendraient impensable tout conflit armé entre les peuples d’Europe traditionnellement rivaux ou ennemis. La Déclaration du 9 mai 1950 fut accueillie avec enthousiasme par le chancelier allemand Konrad Adenauer ainsi que par les dirigeants des Pays-Bas, de l’Italie, de la Belgique et du Luxembourg. L’initiative de Jean Monnet et de Robert Schuman déboucha en avril 1951 sur la signature du traité portant formation de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Les premiers jalons de la construction européenne étaient ainsi officiellement posés. Compte tenu du caractère symbolique de la date du 9 mai 1950, le Conseil européen réuni à Milan en 1985 décida de commémorer chaque année, le 9 mai, la Déclaration de Robert Schuman et Jean Monnet en organisant une Journée de l’Europe. Celle-ci s’inscrit dans le cadre de l’action d’information de l’Union européenne (ayant pour leitmotiv «Construisons l’Europe ensemble») qui vise à impliquer davantage les citoyens dans le débat sur le devenir de l’intégration européenne. Le 9 mai de chaque année constitue ainsi une journée de fête populaire, de rencontres et d’échanges entre les populations des diverses régions du Vieux Continent. Cette année, la célébration de la Journée de l’Europe se fait dans un contexte inhabituel. Elle intervient alors que l’UE est engagée, aux côtés des États-Unis, dans une guerre aérienne (à sens unique) contre la Serbie. Mais elle survient, surtout, quelques jours après l’adoption à Washington, le 24 avril dernier, d’un nouveau «concept stratégique» pour l’Alliance atlantique. Avalisé, sous l’impulsion des États-Unis, à l’occasion du sommet qui a marqué le 50e anniversaire de l’Otan, ce document élargit la mission de l’Alliance atlantique et attribue à celle-ci un rôle de «gestion de crises» sur l’ensemble de l’Europe. Créée initialement pour faire face à une éventuelle agression soviétique contre l’Europe occidentale, l’Otan (dominée largement par les Etats-Unis) a vu son rôle remis en question à la suite de l’effondrement du Pacte de Varsovie. Washington s’est alors fixé pour objectif de repenser et de redéfinir la mission de l’Alliance qui lui garantit une influence prépondérante dans le Vieux Continent. Le nouveau «concept stratégique» (prôné et initié par les USA) a fait ainsi de l’Otan un instrument garantissant «la sécurité et la liberté» de l’Europe face à toute sorte de risques, de conflits et de défis, de quelque nature qu’ils soient (crises régionales à la périphérie de l’Alliance; terrorisme; actes de sabotage; crime organisé; rupture des approvisionnements en ressources vitales; grands mouvements incontrôlés de population résultant de conflits armés …). Cet élargissement du rôle de l’Otan renforce davantage l’influence de Washington en Europe en matière de défense et de sécurité. La domination US au sein de l’Alliance a été clairement mise en évidence par la guerre contre la Serbie ainsi que par les difficultés auxquelles l’UE est confrontée pour concrétiser le projet de développement de l’identité européenne de sécurité et de défense dans le cadre de l’Otan. Le bras de fer à peine voilé qui se manifeste entre les États-Unis et l’UE au sujet de la restructuration de l’Otan ainsi que le renforcement du rôle de Washington dans la sécurité de l’Europe fourniront sans doute matière à réflexion à l’occasion de la journée du 9 mai. Un tel débat ne devrait pas laisser indifférents les Libanais. Le Liban est en effet engagé dans un long processus de partenariat euro-méditerranéen qui regroupe l’UE ainsi que sept pays riverains du sud de la Méditerranée. Ce projet doit déboucher, d’ici une dizaine d’années, sur la mise en place d’une zone de libre-échange euro-méditerranéenne et sur la conclusion (à plus court terme) d’accords d’association, aux niveaux social, culturel, politique et sécuritaire, entre l’UE et les sept partenaires méditerranéens. Les Libanais ont, de ce fait, tout intérêt à comprendre le fonctionnement et les structures de l’UE et à suivre les débats ou les grands changements susceptibles d’influer sur le devenir des futurs partenaires européens. La journée du 9 mai devrait fournir aussi aux Libanais (et, surtout, aux autres peuples de la région) l’occasion de tirer les leçons du lent processus évolutif qui caractérise depuis près de 50 ans la construction européenne. L’édification de l’UE est en effet le fruit d’une profonde réflexion et d’un travail rationnel de longue haleine qui a fait l’objet de vastes débats auxquels ont participé toutes les forces vives de la société dans les pays concernés. Cette expérience concluante — fondée sur la concertation, les valeurs démocratiques et le droit à la différence — illustre le fait que l’établissement de relations privilégiées entre les peuples ne saurait être une entreprise sérieuse et durable si l’une des parties impliquées a le sentiment qu’on lui impose des décisions qui ne sont rien d’autre que le fruit d’un rapport de force éphémère.
Le 9 mai 1950 restera dans la mémoire des peuples du Vieux Continent une date charnière et historique qui marque, symboliquement, le coup d’envoi de la construction européenne. Ce jour-là, le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, et son conseiller Jean Monnet (considéré comme le père de l’Europe) rendent publique une déclaration solennelle, appelant à la...