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Actualités - REPORTAGES

Trente-cinq ans de carrière et une récolte de 27 longs métrages Hassan Dalboul, un producteur engagé (photo)

Producteur, Hassan Daldoul a à son actif 27 longs métrages de fiction dont Halfaouine, l’enfant des terrasses (1990) de Férid Boughedir, présenté au festival du film maghrébin, au cinéma Six de l’Empire Sodeco Square. Production, réalisation ou «actorat», pour Hassan Daldoul le combat est le même. La bataille se déroule sur tous les fronts pour assurer au septième art en général et au cinéma arabe en particulier les moyens de travailler. Quand on lui demande de parler de son cinéma, des films qu’il produit, il dit être un animateur. «J’ai 35 ans de métier. Je suis à la disposition d’un cinéma particulier. Un cinéma miroir fait pour une certaine société, pour la distraire, mais également pour lui permettre de se regarder telle qu’elle est». Et il poursuit, «notre problème, nous les Arabes, c’est que nous nous détestons nous-mêmes. Notre déchirure c’est qu’au lieu de penser comment composer les uns avec les autres, nous pensons comment nous détruire mutuellement», relève-t-il. Le rôle du cinéma, selon Hassan Daldoul, «c’est de présenter un miroir à la société afin qu’elle s’y regarde», sans exagération, sans fioriture, sans hypocrisie. Abordant le thème du corps, de l’univers secret des femmes… Halfaouine a été très attaqué. Critiqué dans de nombreux pays arabes, le film a été salué en Europe. «Qu’est-ce qu’on reproche à Halfaouine ? s’interroge le producteur. D’avoir dénudé des gens. On nous a accusés d’avoir méprisé notre culture arabo-musulmane. Ces accusations sont surtout révélatrices de la schizophrénie dans laquelle nous vivons». Il estime que ce genre de cinéma est «fort, parce qu’il a su porter un regard différent sur notre société. Il a tenté de montrer notre nudité et d’apprendre à l’aimer. C’est, en tout cas, une possibilité de réflexion sur le cinéma». Hassan Daldoul a fait l’Institut des hautes études cinématographiques de Paris au début des années soixante. De retour en Tunisie en 1964 , «j’ai été nommé rédacteur en chef adjoint des activités tunisiennes à la Société d’État». Conscient d’un certain nombre de problèmes et de lacunes, «surtout de l’absence totale de toute mémoire visuelle», il crée dans le cadre des actualités une section de reportages. «Parallèlement à la couverture des déplacements du président Bourguiba, nous faisions un petit sujet de cinq à dix minutes sur la région ou l’endroit où s’était rendue la délégation officielle. Ainsi, nous avons constitué les premières archives». Et ouvert la porte à de jeunes réalisateurs. Quand Hassan Daldoul devient directeur commercial de la Société d’État, il se rend compte que «nous étions un marché de consommation pur. Le marché tel qu’il était conçu n’était pas fait pour produire». Il fonde l’association des cinéastes tunisiens, puis la fédération panafricaine des cinéastes. Et devient producteur «par militantisme, parce qu’il n’y avait personne qui le faisait». En 1982, Hassan Daldoul décide de quitter son pays et de s’installer en France. «Je suis parti complètement déçu», dit-il. Virulent, il dénonce la mainmise de l’État sur les institutions qu’il a contribué à mettre en place. Mais il n’en oublie pas pour autant ses collègues et compatriotes et continue à produire des films tunisiens et arabes. «Je suis le producteur français», lance-t-il, mi-amusé, mi-attristé. Hassan Daldoul reçoit quelque 500 scénarios à lire par an. «J’en lit 300 et n’en retient qu’un seul. Parfois deux». Ses critères de sélection : «D’abord un coup de cœur. Vient ensuite le sujet, il y a des thèmes qui ne me préoccupent pas du tout». Il privilégie également les films d’auteurs et les premières œuvres. La production est un vrai casse-tête chinois aujourd’hui, affirme-t-il. «Les portes se ferment, en Europe. Nous sommes en train de leur donner des produits qu’ils n’attendent pas, qui ne correspondent pas à l’image qu’ils ont de l’Orient», estime Hassan Daldoul. «J’aurais plus de chances de trouver un financement pour un film qui raconte l’histoire d’une femme qu’on bat du matin au soir plutôt que pour un long métrage qui parle d’une femme chef d’entreprise !» Par ailleurs, poursuit-il, «nos marchés ne sont plus aussi porteurs pour le cinéma européen, en raison notamment de l’invasion américaine». Producteur de Borhane Alaouié Hassan Daldoul n’est pas un inconnu pour les cinéastes libanais. En effet, il a produit Beyrouth la rencontre de Borhane Alaouié au début des années quatre-vingt. Il garde de vifs souvenirs du tournage. «On venait de rouvrir l’AIB, c’était un 14 mai», dit-il. «J’ai fait les premiers repérages et nous avons été sur place avec du matériel pour deux millions de francs français. J’avais eu un mal fou à faire assurer tout cela. On a tourné dans des conditions extraordinaires. Ce tournage a relevé du miracle et de la chance». «Les conditions de travail ne m’ont pas fait hésiter. Après tout, nous sommes en guerre tous les jours… contre la bêtise. Il n’y a pas plus fort que cela», lance-t-il, amusé. C’est le genre de collaboration qui crée des liens solides. D’ailleurs, il profite de sa présence à Beyrouth pour caser quelques séances de travail avec Borhane Alaouié, dont il a accepté de produire son prochain long métrage, Les Bandits, «qui sera entièrement fait au Liban», explique le producteur. On n’en saura pas plus pour le moment. «Nous sommes encore en train de boucler le scénario». Mais avant de lancer le film de Borhane Alaouié, Hassan Daldoul est sur une autre aventure dont le tournage devrait démarrer en décembre 2000. «Le premier film de fiction fait par un cinéaste séoudien, en Arabie séoudite, et avec les moyens du pays», indique-t-il. Producteur depuis 1972, Hassan Daldoul dit avoir envie de changer de registre et de passer à la réalisation. Deux projets en cours de préparation : un film sur Houda Cha’rawi, grande militante pour la libération de la femme dans l’Égypte du début du siècle ; et un long métrage sur l’affaire «Omar m’a tuée». Pour le film sur Houda Cha’rawi, «nous avons réussi à obtenir une interview filmée de sa secrétaire, aujourd’hui décédée. Cela constituera un documentaire, parallèlement au film de fiction». Quant au deuxième projet, «il sera entièrement fait en France. Je voudrais y décortiquer le système juridico-policier qui a mené à cette affaire». En France ou dans un pays arabe, l’intérêt de Hassan Daldoul pour le cinéma de qualité n’a pas de frontière.
Producteur, Hassan Daldoul a à son actif 27 longs métrages de fiction dont Halfaouine, l’enfant des terrasses (1990) de Férid Boughedir, présenté au festival du film maghrébin, au cinéma Six de l’Empire Sodeco Square. Production, réalisation ou «actorat», pour Hassan Daldoul le combat est le même. La bataille se déroule sur tous les fronts pour assurer au septième art en...