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Actualités - ANALYSE

Polémique - La tension intérieure bat son plein Les modérés appellent le gouvernement à la retenue

Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre, disait Homère. «Et comme les disputes actuelles sont complètement insensées, on a l’impression qu’une sourde malédiction frappe ce pays», estime un ancien président du Conseil. Ce modéré à la retraite donne principalement tort au gouvernement qui, à son avis, «au lieu de polémiquer d’une façon puérile avec ses adversaires, devrait répliquer à ses détracteurs par des actes constructifs, lui ralliant les suffrages de l’opinion publique». Et de rappeler à ce propos que «les gens n’ont guère la tête à s’intéresser au spectacle de catch qu’offrent responsables et opposants. Trop de soucis les préoccupent. Il y a la situation au Sud qui se fait explosive. Il y a les lourds problèmes financiers, économiques et sociaux du quotidien. Non seulement les querelles de ces messieurs n’amusent pas les Libanais, mais force leur est de constater qu’elles aggravent leurs difficultés. Le gouvernement accuse les haririens de décourager les investisseurs. En réalité, ces derniers n’ont aucune confiance dans un pays qui manque tellement de maturité politique, donc de stabilité intérieure. Pour les attirer, il faut assainir le climat, lancer des projets qui offrent des débouchés aux jeunes pour qu’ils cessent d’émigrer. Du reste quand un travail sérieux est accompli par un pouvoir déterminé, les critiques tombent d’elles-mêmes». Cependant, aussi étonnant que cela paraisse au vu de ses propres déclarations plutôt pugnaces, le président Hoss est lui-même de cet avis. Selon un de ses visiteurs centristes «le chef du gouvernement pense que l’escalade verbale est préjudiciable pour l’économie et effraye encore plus des investisseurs étrangers qui se font déjà tirer l’oreille pour venir au Liban». Un autre modéré se dit perplexe. «Il y a quelque chose qui ne me semble pas logique, indique-t-il. Comment se fait-il que les différents pôles locaux, loyalistes ou opposants passent outre aux recommandations, pour ne pas dire aux directives de la Syrie qui ne cesse de les inviter au calme. Comment le camp au pouvoir néglige-t-il les pressants conseils de Damas de s’ouvrir sur l’opposition, de dialoguer avec elle, au lieu de l’étriper. Comment fait-on la sourde oreille quand les Syriens rappellent qu’il est temps de se consacrer à l’étude des dossiers régionaux et de serrer les rangs internes dans la perspective de la reprise des pourparlers avec Israël. Faut-il penser qu’il existe des puissances extérieures qui ont assez d’emprise sur les cadres locaux pour les faire mouvoir dans un sens différent de celui que souhaite Damas. Qui donc est assez influent ici pour jeter de l’huile sur le feu chaque fois que cela semble se calmer…» Ces questions allusives, répond une autre personnalité, «peuvent certes être posées. Mais on ne doit pas négliger la force d’élan des rancunes qui portent nos leaders à ne plus rien voir, plus rien entendre d’autre que leurs instincts combatifs. Que de fois sous le précédent régime n’a-t-on pas vu la troïka dûment sermonnée à Damas reprendre ses querelles de plus belle une fois de retour à Beyrouth. Quand est-ce que la Syrie a réussi à calmer vraiment le jeu… Quand ils se crêpent le chignon, nos gens sont incontrôlables. Et c’est ce que l’on constate de nouveau aujourd’hui». Sauf qu’un grand coup de poing sur la table peut toujours ramener la trêve. Cela aussi s’est vu naguère.
Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre, disait Homère. «Et comme les disputes actuelles sont complètement insensées, on a l’impression qu’une sourde malédiction frappe ce pays», estime un ancien président du Conseil. Ce modéré à la retraite donne principalement tort au gouvernement qui, à son avis, «au lieu de polémiquer d’une façon puérile avec ses...