Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

Interview - Tout sur le chanteur irakien, le temps d'un trajet Beyrouth-Beiteddine La musique est plus importante que ma vie

À l’attendre dans le hall de son hôtel, à l’accompagner en voiture jusqu’à Beiteddine, puis à le laisser à la porte de sa loge, on se rend compte de la popularité de Kazem el-Saher. Dès qu’il sort de l’ascenseur, quelques personnes s’approchent. Lui s’arrête, parle avec les gens, prend le temps de les écouter. N’est-il pas gêné d’être ainsi accosté ? «Les gens m’entourent de leur affection, c’est une générosité qui me rend heureux», affirme-t-il. Il n’aime pas les interviews, et estime qu’à partir du moment où il n’a rien de nouveau à dire, il préfère s’abstenir. Courtois, il accepte tout de même de faire un brin de causette, le temps d’un trajet Beyrouth-Beiteddine. Ses débuts, ce sont des airs qu’il fredonne à tout bout de champ. Puis c’est un vélo qu’il vend pour se payer une guitare. Il a une douzaine d’années et le virus de la musique ne le quittera plus. «Je découvrais alors que la musique était quelque chose de très important dit-il. Maintenant, elle est plus importante que ma vie, que mon repos, que ma santé». C’est une responsabilité. «Si la musique arabe a connu une baisse de qualité, la faute nous en incombe entièrement, nous les artistes, affirme-t-il. À travers mes concerts, je poursuis un double but : avec ma musique et mes chansons, je montre au monde la sensibilité, la poésie et la beauté de notre langue et de notre culture. Par ailleurs, je porte haut la cause des enfants de mon pays». Kazem el-Saher a rempli les plus grandes salles d’Europe et des États-Unis, l’Olympia de Paris ou l’Albert Hall de Londres. Et il raconte la fierté et le bonheur qu’il ne peut s’empêcher de ressentir quand, donnant un concert dans un pays occidental, on lui présente des enfants qui apprennent à parler l’arabe grâce à ses chansons. «C’est une des plus belles choses que ma musique me permet d’accomplir». Kazem el-Saher a fait ses études au Conservatoire de musique de Bagdad, alors que Mounir Bachir, le célèbre oudiste, en était le directeur. «Il a fondé le Conservatoire et en était le directeur à l’époque où j’y suis passé, mais il n’a pas été mon professeur, indique el-Saher. Cependant, je me souviens que nous avions tous une peur bleue de lui. Il avait une grande autorité sur nous et une exigence de qualité qui était exceptionnelle». Nizar Kabbani a différemment marqué la carrière et la vie de Kazem el-Saher. Dès qu’on évoque le nom du grand poète syrien disparu, le chanteur irakien s’exclame avec émotion, «lui, c’est mon amour. Je ne sais quoi dire. C’est l’ami le plus cher, le plus fidèle». Les projets étaient nombreux, «nous voulions faire un opéra, une création importante». En mémoire de cet ami si cher, Kazem el-Saher poursuit le travail. «C’est une composition de longue haleine, il me faut trois à quatre ans. J’y travaille avec Abdel Razzak Abdel Wahad, un de nos plus grands poètes arabes». Cet opéra sera pour le chanteur irakien une nouvelle étape dans sa carrière. «Après les chansons populaires et la poésie, il est temps de s’attaquer à une œuvre plus entière», estime-t-il. Cible de ragots Il circule tout genre de ragots à propos de Kazem el-Saher, essentiellement sur sa santé. «Je suis en pleine forme, dit-il. Je fais mon sport et ma natation quotidiennement». Quant à savoir si ces racontars l’affectent, il souligne qu’ils l’ont ennuyé, car «ils ont inquiété ma mère qui vit en Irak. Les communications étant mauvaises, j’ai eu toutes les peines du monde à la joindre au téléphone pour la rassurer». Et il poursuit, attendri : «Ma mère, c’est mon amour. Elle est fatiguée, elle n’a pas besoin de cette inquiétude». Mais il estime que toutes ces histoires ne leurrent pas le public qui «est intelligent, qui sent la vérité». Kazem el-Saher voue d’ailleurs à ce public un grand respect. «Quand les gens ont fait des centaines de kilomètres pour venir m’écouter, je me dois de leur donner le meilleur de moi-même». À peine a-t-il eu le temps de conclure que Beiteddine se profile à l’horizon. La voiture qui nous conduit s’arrête à la porte des loges. L’artiste n’a pas le temps d’ouvrir sa portière que de nombreux admirateurs entourent la voiture. Kazem el-Saher disparaît dans la foule…
À l’attendre dans le hall de son hôtel, à l’accompagner en voiture jusqu’à Beiteddine, puis à le laisser à la porte de sa loge, on se rend compte de la popularité de Kazem el-Saher. Dès qu’il sort de l’ascenseur, quelques personnes s’approchent. Lui s’arrête, parle avec les gens, prend le temps de les écouter. N’est-il pas gêné d’être ainsi accosté ?...