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Actualités - REPORTAGES

Festival de Beiteddine - Les poèmes d'amour de Nizar Kabbani mis en chansons Kazem el-Saher, envoûtant de tendresse(photo)

Quelque 5 000 personnes, en majorité des femmes, étaient au rendez-vous pour applaudir un poète et un chanteur hors pair, l’irakien Kazem el-Saher. L’artiste a ensorcelé le public éclectique qui se pressait à Beiteddine : d’une voix puissante et chaleureuse il a chanté les poèmes d’amour de Nizar Kabbani et d’autres. Généreux et courtois, il nous a offert près de trois heures de concert, sans interruption. C’est naturellement avec Salami (Salutations) que Kazem el-Saher a entamé son concert. Sanglé dans un smoking noir, le cheveu ras, la silhouette mince presque fluette, le chanteur irakien a une présence très forte sur scène. «Le Liban est le plus merveilleux des pays», dit-il, après avoir salué le public. «J’aime votre pays depuis que j’ai commencé une nouvelle vie, hors d’Irak. J’espère vous donner, ce soir, autant de bonheur que vous m’en donnez». Réservé, il semble toujours étonné de l’engouement presque hystérique qui saisit l’auditoire. C’est qu’à écouter Kazem el-Saher, à l’entendre déclamer, d’abord sur le mode de la parole puis en chantant, tous ces textes d’amour, on ne peut que ressentir une vive émotion. Entouré de son orchestre – plus d’une trentaine de musiciens – et de neuf choristes, Kazem el-Saher enchaîne les titres, autant de tubes. «Achhadou ana la imraatan» : «Et je le jure, aucune autre femme que toi mon amour n’a élevé le premier des hommes ; Toi la transparente, la juste, la belle… ». Puis, «Ta’ala habibi» : «Viens mon amour, ce qui est passé est mort et ce qui vient est beau comme ma patience… ». Quand l’orchestre joue les premières notes de «Zidini ouchkan, zidini», la salle éclate en applaudissements. Mais écoute avec ferveur le plus célèbre des poèmes de Nizar Kabbani. «Augmente moi d’amour, Toi la plus belle de mes crises de folie ; Toi le couteau qui plonge dans mes entrailles…». Un imperceptible fredonnement, les lèvres accompagnent de leur mouvement les strophes, mais toute l’attention reste focalisée sur la voix pleine d’émotion du chanteur. «Là je vais interpréter une chanson dure», indique ensuite Kazem el-Saher. Et comme pour se faire pardonner cette pique qu’il s’apprête à lancer aux femmes, il explique : «Les hommes sont de grands enfants au cœur tendre»… «Lâ, lâ, lâ» : «Non, non, non, tu n’es pas ma muse, mon ensorceleuse. Mon cœur, mon souffle appartiennent à ma bien-aimée». Et, bien loin de lui en vouloir, ces dames applaudissent. Au-delà des reproches qui jalonnent ce poème, elles n’ont d’ouïe que pour les mots d’amour qu’il adresse à celle qu’il chérit. Il n’en faut pas plus pour s’imaginer être l’inspiratrice et la destinataire de ces mots merveilleux. Puis, «Ya rayhîn Loubnan» : «Vous qui allez au Liban, portez mon salut à ma bien-aimée. Dites-lui de la part de Saher, les plus belles paroles pour ses yeux». Kazem el-Saher est à l’écoute du public. Quand celui-ci demande «Akrahouha», ou «Tahadiyât» ou encore «Matar», le chanteur s’empresse de modifier son programme, offrant à l’auditoire ce qu’il réclame. L’effervescence qui saisit le public est comme une vague qui envahit tout. Les femmes, de plus en plus nombreuses, quittent leurs sièges pour se rapprocher de la scène. Mais elles sont obligées de rester sur le côté. Cependant, quelques-unes arrivent à tromper la vigilance des gardes du corps du chanteur. Traversant les rangées de spectateurs, elles arrivent au pied de l’estrade, cueillent une rose rouge de l’arrangement floral qui décore les planches, la tendent au chanteur. Et lui, courtois, s’approche du bord, se penche pour attraper la fleur, salue l’admiratrice et reprend sa place derrière le micro. Les chansons se suivent à un rythme soutenu. Pendant près de trois heures, Kazem el-Saher occupe les planches. Rien ne semble devoir mettre fin à cet enchaînement poétique. À travers les vers de Nizar Kabbani et la voix de Kazem el-Saher, on se retrouve réconcilié avec un Orient qui a l’interdit pour unique langage.
Quelque 5 000 personnes, en majorité des femmes, étaient au rendez-vous pour applaudir un poète et un chanteur hors pair, l’irakien Kazem el-Saher. L’artiste a ensorcelé le public éclectique qui se pressait à Beiteddine : d’une voix puissante et chaleureuse il a chanté les poèmes d’amour de Nizar Kabbani et d’autres. Généreux et courtois, il nous a offert près de trois heures...