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Actualités - CHRONOLOGIE

Présidence - Quarante mille visiteurs au palais en deux mois Beiteddine, une caserne envahie par ... les touristes (photos)

Si certains habitants de Beiteddine et du Chouf en général ont accueilli avec prudence, il y a quelques semaines, la décision du président Émile Lahoud de faire du palais de l’émir Béchir sa résidence officielle d’été, ils n’ont pas tardé à constater que leurs appréhensions étaient injustifiées. La présence d’Émile Lahoud dans la région n’a pas changé leurs habitudes ni perturbé leur existence. L’installation s’est faite dans la plus grande discrétion. Et sans la présence de quelques sentinelles de la Garde républicaine faisant les cent pas dans la cour intérieure, il serait difficile de croire que le chef de l’État a pris ses quartiers dans une des ailes du magnifique palais, où ses collaborateurs se meuvent prudemment entre des meubles chargés d’histoire pour ne pas les abîmer et se déplacent timidement d’un secteur à l’autre pour ne pas gêner les touristes venus des quatre coins du monde. Rien de ce que les habitants auraient pu craindre n’est arrivé. Pas de convois bruyants toutes sirènes hurlantes, pas de points de contrôle militaires, pas de mesures de sécurité exceptionnelles. On accède au palais simplement et facilement comme on le faisait, il y a quelques mois, avant qu’il ne redevienne la résidence officielle d’été. Le président arrive et repart sans déranger personne, et souvent, des touristes venus se plonger dans une partie de l’histoire du pays sont surpris de croiser dans une cour le chef de l’État en train de gagner ses bureaux, où il a refusé d’installer des climatiseurs par souci d’économie, selon ses proches. Une seule chose a changé : désormais, le drapeau libanais remplace celui du Parti socialiste progressiste qui a flotté pendant des années au-dessus de l’imposante entrée. Les mesures de sécurité sont tellement allégées que l’on se demande s’il ne serait pas plus prudent de les renforcer, d’autant plus que le chef de l’État passe en moyenne trois jours par semaine dans le palais. Le seul point de contrôle est celui qui se trouve à l’entrée de Beiteddine depuis que l’armée s’est déployée dans le Chouf en juin 1994. Aucun véhicule militaire n’est visible. Les voitures des touristes ou des visiteurs ne sont même pas fouillées et peuvent stationner dans le parking devant l’entrée du palais. Les activités s’inscrivant dans le cadre du festival de Beiteddine se sont poursuivies normalement cet été en dépit de la présence sur les lieux du président de la République. Hier, six mille personnes ont écouté les poèmes arabes chantés par Kazem el-Saher. Toute la journée, des touristes venus de Grèce, de France, de Suisse et de nombreux autres pays d’Europe et d’Amérique, mais aussi de différentes régions libanaises, ont pu visiter les musées, les trois salles d’audience et les bains turcs. Tournées dans les villages Le conservateur en chef du palais, M. Mounir Atallah, assure que la présence du chef de l’État n’a en rien affecté les activités touristiques. «En un peu plus de deux mois, environ 40 000 touristes sont venus admirer le palais, déclare-t-il. Après les ruines de Baalbeck, c’est le site le plus visité du Liban». Selon M. Atallah, les billets vendus ont rapporté à la municipalité 180 millions de livres. «C’est une sensation bizarre de savoir que le président de la République se trouve à quelques mètres de nous, déclare Cécile, une jeune touriste venue de France. Cela me rappelle un peu la Maison-Blanche que j’ai eu l’occasion de visiter lors d’un récent voyage». Souvent, le président Lahoud sillonne sans escorte les localités du Chouf. Les histoires sur ces périples se propagent de bouche à oreille à un point tel qu’il est difficile de distinguer le vrai du faux. Il aurait été vu en train de dîner en compagnie de deux ou trois personnes dans des restaurants à Deir el-Kamar, à Nabeh el-Safa…On le croise parfois au Mir Amine où il refuse de bénéficier d’un traitement spécial. À Baakline, Jaoudat, un jeune homme timide et réservé, raconte comment le chef de l’État a débarqué à l’improviste au club national pour faire quelques brasses dans la piscine. «Je n’en croyais pas mes yeux, dit-il. Je pensais que l’on ne pouvait voir les présidents que sur le petit écran. Et le voilà devant moi. C’est un homme simple. Il s’est mêlé aux habitués du club et a refusé que l’on fasse évacuer les lieux». En alliant la simplicité à la discrétion, Émile Lahoud a su gagner la sympathie des habitants d’une région qui vivait en marge de l’État depuis plus de 20 ans. Avec lui, Beiteddine est redevenu le symbole d’une légitimité retrouvée, tout en demeurant un des sites touristiques les plus visités du pays.
Si certains habitants de Beiteddine et du Chouf en général ont accueilli avec prudence, il y a quelques semaines, la décision du président Émile Lahoud de faire du palais de l’émir Béchir sa résidence officielle d’été, ils n’ont pas tardé à constater que leurs appréhensions étaient injustifiées. La présence d’Émile Lahoud dans la région n’a pas changé...