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Actualités - ANALYSE

Taëf - L'accord n'a jamais été considéré comme un texte sacré Les remarques de Murr soulèvent des protestations

Les commentaires télévisés, et critiques, de M. Michel Murr sur l’accord de Taëf ont inquiété le président du Conseil, M. Sélim Hoss, qui a réitéré l’attachement du pouvoir au document dit de l’entente nationale comme à la Constitution qui en découle. De son côté, M. Walid Joumblatt, dont les allergies sont connues, a mis en garde contre des manœuvres pouvant préparer, à son avis, un retour à un système confessionnel présidentiel brisant les délicats équilibres internes. De même, le Rassemblement des comités et des ligues basé à l’Ouest s’est élevé contre les remarques de M. Murr. Ce qui amène, naturellement, une petite série d’observations immédiates et complémentaires : – Personne n’a jamais vu en Taëf un texte sacré. Ses principaux artisans comme ses plus chauds partisans ont toujours reconnu son imperfection. Et tout le monde convient depuis l’origine que le but de ces accords était bien plus de mettre fin à la guerre que de doter le pays d’un système pérenne. Aussi toutes les parties ont à un moment ou à un autre, sur un point ou sur un autre, réclamé des modifications. Ou en ont profité : les lois électorales qui en 92 et en 96 ont assuré le succès de M. Joumblatt étaient en effet comme on sait des dérogations à la règle taëfiste du mohafazat-circonscription. La réaction actuelle du leader du PSP est d’autant plus remarquable qu’au départ il avait été l’un des détracteurs les plus sévères de Taëf. – M. Murr a parfaitement le droit d’exprimer son opinion sur les prérogatives du pouvoir exécutif. Partie intégrante du système, dont il voit les défauts de l’intérieur (c’est le mot), il est même très bien placé pour en parler. Il est évident cependant que ce point de vue n’engage pas le gouvernement de M. Hoss. – Pour le fond, on se retrouve devant un problème de rapports de force et d’antagonisme larvé entre composantes politico-confessionnelles du pays. Longtemps, une frange déterminée de Libanais s’est accrochée à l’ancien système, en refusant qu’on touchât à une Constitution qui n’était pourtant pas respectée en pratique. On parlait de «privilèges», de «maronitisme politique» et l’Ouest réclamait à cor et à cris la «participation». Autrement dit, une redistribution des pouvoirs. C’est ce qui a été fait à Taëf. Sauf que l’on est retombé dans le même travers d’abus. Et aujourd’hui la partie lésée mène campagne, depuis M. Hraoui, pour une révision de la Constitution, que le camp d’en face veut conserver. Le renard passe passe, à chacun à son tour… Il reste que concrètement personne ne nie que la présente République ait accumulé les échecs institutionnels. Cependant, alors qu’une partie met en cause les textes, l’autre impute les défaillances à une déplorable pratique. Au départ les loyalistes se réclamant du nouveau régime (et non du nouveau gouvernement) estimaient que cette question de Constitution constitue un faux débat, l’autorité appartenant à celui qui sait l’exercer. Mais, à la longue, certains de ces loyalistes s’aperçoivent que ce n’est pas aussi simple. Une fois épuisées les ressources du premier élan, où l’appui populaire lui permettait de s’imposer, le pouvoir effectif du président de la République peut se trouver contenu, sinon discrètement contesté, par les autres responsables, au nom de Taëf. C’est ce qui incite sans doute certains pôles à commencer à explorer les possibilités d’une correction de trajectoire au niveau des textes mêmes. Mais de source fiable on répète que ces efforts ne sont pas cautionnés par le palais, qui continue à estimer que la Constitution telle qu’elle est reste assez valable pour que le système tienne la route.
Les commentaires télévisés, et critiques, de M. Michel Murr sur l’accord de Taëf ont inquiété le président du Conseil, M. Sélim Hoss, qui a réitéré l’attachement du pouvoir au document dit de l’entente nationale comme à la Constitution qui en découle. De son côté, M. Walid Joumblatt, dont les allergies sont connues, a mis en garde contre des manœuvres pouvant...