Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Poésie "Une poignée de large", de Jacques Rohayem entre nostalgie et sensualité

Voilà un élu à double vocation. Est-ce que soigner et écrire relèvent d’un idéal unique ? Ausculter le corps et sonder l’âme sont-ils compatibles ? Du stéthoscope d’un médecin à la plume d’un poète, le chemin est-il possible ? À lire le deuxième recueil de poésie de Jacques Rohayem (toujours concis et tendre) Une poignée de large (Librairie- Galerie Racine, Paris, 40 pages), il semble bien que oui et même on y trouve d’insoupçonnables et secrètes affinités... On peut parfaitement taquiner les muses et avoir la rigueur d’un scientifique. D’ailleurs, pour paraphraser la confidence de Tchekhov, médecin qui s’est retrouvé davantage dans la dramaturgie, l’on pourrait dire : «La médecine est ma femme et la poésie ma maîtresse». En exergue de cette plaquette largement mordue de blanc, au verbe ciselé avec simplicité, presque parcimonieux, cette belle citation de Pétrarque : «Mon dur désir vient des étoiles...» En quelques mots, parfois en quelques phrases brèves, telles les mesures à peine indiquées d’une partition aux sonorités imprévisibles et enchanteresses, se déploient ces «vaporeux» poèmes d’une musicalité rare oscillant entre nostalgie et hommage à la femme avec une présence lumineuse, de la densité d’un souvenir confondant à la mère. Poésie libre au verbe frémissant, marquant avec tact et émotion ce sentiment de vivre, même de loin et en exil volontaire, l’Orient «cousu au revers de la paupière». Propos dissolants qui disent l’attachement à une terre, à la chaleur d’un soleil, au vacarme et à la couleur de la poussière d’une ville... Dans ce parcours poétique où l’aveu et quelques délicieuses impudeurs se mélangent, il y a aussi le témoignage sur le drame de l’Algérie, si proche de nos intolérances et barbaries encore mal oubliées... Dans ce recueil habité surtout par une douceur souriante tel un humanisme profond, on retient, par-delà un imperceptible voile romantique, certaines formules heureuses et des métaphores aux confins des images «schéhadiennes», telle cette phrase : «Entre nous, le chagrin comme une plaine...» L’auteur signera le recueil de poésie demain mardi 10 août à la Galerie Alice Mogabgab entre 17h et 20 heures. Citations Longtemps j’écoutai sans comprendre Ceux qui ont su Rêver au pays d’avant Où j’ai grandi Entre le marteau et l’eclume chauffé à blanc J’entends Les coups Ils résonnent encore. *** Orient, prends-moi Tends ma toile souffle mes pas Tout près de toi, Loin Du souvenir qu’étreint L’arrière-goût du chagrin Cousu au revers De mes paupières.
Voilà un élu à double vocation. Est-ce que soigner et écrire relèvent d’un idéal unique ? Ausculter le corps et sonder l’âme sont-ils compatibles ? Du stéthoscope d’un médecin à la plume d’un poète, le chemin est-il possible ? À lire le deuxième recueil de poésie de Jacques Rohayem (toujours concis et tendre) Une poignée de large (Librairie- Galerie Racine, Paris, 40...