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Actualités - REPORTAGES

Beiteddine Une nuit à l'opéra avec Domingo et Martinez (photos)

Il y a ceux que la nature a comblés ; pour ne pas ruiner leur voix d’or, il leur faut éviter les répertoires trop éprouvants. D’autres compensent par l’intelligence des limites que l’expérience leur a appris à cerner. Placido Domingo, lui, semble faire fi de toute prudence. C’est un récital consacré aux héros de Puccini, Tchaïkovsky et Verdi, si redoutablement contrastés, qu’il a gravé dans la mémoire des festivaliers «beiteddinois». Pour faire pièce aux Tosca et aux Turandot, aux Mimi dont Puccini a fait les reines de ses opéras, il faut cette virilité éclatante, cette ardeur dans la gaieté comme dans le désespoir, dans la tendresse comme dans la colère. Placido Domingo n’a pas seulement une voix triomphante. Il est aussi un interprète engagé, convaincant, radieux. Comme il l’a dit si bien lui-même, un des grands Otello de ce siècle avec Jon Vickers – pour ce rôle, «on doit être capable de colorer sa voix». Les œuvres classiques les plus connues et les plus souvent jouées à travers le monde. Rossini au Barbier de Séville, Verdi à La Traviata, Puccini à La Bohème, Bernstein à West Side Story. Le Budapest Concert Orchestra, sous la brillante baguette de Eugène Kohn, a donné à ce concert de l’éclat et de la chaleur. Le public ne s’y trompe pas. Il est fasciné par la magie des voix, de la musique et du spectacle. Certes, quand il s’agit d’un concert en plein air, avec une foule compacte il est de petites diversions. Mais la magie de la musique prend tout son sens ici : il y a les amoureux qui s’enlacent, les personnes âgées sifflotant les airs d’opéra, le jeune femme qui ferme les yeux pour mieux apprécier les voix… La soprano Ana-Marie Martinez a donné chaud au cœur en cette soirée de brouillard et de vent frisquet. Elle l’a fait par son chant d’un grande sincérité, par sa capacité de donner à chaque note sa valeur, par cette qualité rare de caractériser par la voix et par elle seule les personnages d’opéra dont elle a restitué des airs parmi les plus significatifs. Juliette dans Romeo et Juliette de Gounod puis une aria de Rossini, Barbier de Séville «una voce poco fa» (une petite voix que je viens d’entendre). Composée à l’origine pour un contralto, la soprano l’a rendue plus élevée et y a ajouté un brin d’ornementation. Elle a recréée une scène d’adieu légendaire avec Donde lieta usci tirée de La Bohème de Puccini. Une présence scénique à son apogée lorsqu’il réapparaît au troisième rappel sur le balcon dominant la scène. Il n’a qu’à être là, tout simplement, souriant avec gentillesse aux musiciens, plongeant son regard dans la salle pour saluer ce public déjà conquis par les premières notes de Granada. Finalement, qui a su résister à l’émotion vraie qui saisit la salle ovationnant debout ce tenorisssimo Domingo et ce gracieux soprano quand ils ont entonné en duo Brindisi l’hymne au vin de Verdi ? Champagne pour tous semblaient-ils lancer …
Il y a ceux que la nature a comblés ; pour ne pas ruiner leur voix d’or, il leur faut éviter les répertoires trop éprouvants. D’autres compensent par l’intelligence des limites que l’expérience leur a appris à cerner. Placido Domingo, lui, semble faire fi de toute prudence. C’est un récital consacré aux héros de Puccini, Tchaïkovsky et Verdi, si redoutablement contrastés,...