Le nombre de Kosovars victimes de la répression serbe, très variable selon les sources – entre plusieurs centaines et 11 000 –, constitue un enjeu politique majeur qui a conduit l’administrateur de l’Onu Bernard Kouchner à commettre un faux pas, selon des sources militaires. «C’est une énorme bourde», «une faute politique», commentaient des officiers de la Force multinationale de paix (Kfor), peu après la déclaration de M. Kouchner faisant état de «11 000 morts dans des fosses communes au Kosovo». Interrogé par des journalistes, M. Kouchner avait précisé qu’il s’agissait du «chiffre du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPI)». Le TPI a aussitôt démenti et s’est étonné de la déclaration de M. Kouchner, soulignant qu’«en dehors des 340 victimes avérées de massacres dont nous avons fait état dans l’acte d’inculpation concernant le président yougoslave Slobodan Milosevic, fin mai, le TPI n’a encore publié aucun chiffre». L’administrateur de l’Onu a dû faire aussitôt machine arrière en affirmant que le chiffre de «11 000 morts», qu’il avait avancé, était «le nombre potentiel de victimes», basé sur des informations «de toutes sources». «Sa déclaration reflétait ce que beaucoup de gens croient être le nombre potentiel de victimes, basé sur des informations faisant état de fosses communes au Kosovo et provenant de toutes sources», a fait savoir l’Onu dans un communiqué. L’enjeu est de taille. La répression des Albanais du Kosovo par les forces serbes, et la «présomption de génocide», a en partie justifié l’intervention militaire contre le régime de Belgrade. En outre, depuis la fin de la guerre, les séparatistes albanais de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) mettent en avant les «15 000 martyrs» albanais, pour en tirer une légitimité politique et justifier leur radicalisme. Bernard Kouchner lui-même avait déclaré : «Onze mille personnes sont mortes. Il faut comprendre le sentiment des gens, la proximité de la souffrance», tout en estimant que «cela n’est pas une excuse» et que les violences contre les Serbes sont «inacceptables». Le TPI reste circonspect Selon certaines informations, obtenues de sources militaires à Pristina, à la mi-juillet, 2 150 corps avaient été découverts par la Kfor au Kosovo, dont 850 auraient été victimes de crimes de guerre après enquête du TPI. Dans la région de Pec (ouest), zone détruite à 75 % par le conflit et où vivait un cinquième de la population du Kosovo, 750 corps ont à ce jour été retrouvés répartis dans 34 «charniers», selon des sources de l’Onu. Les experts du TPI doivent maintenant déterminer si ces morts ont été victimes de faits de guerre ou de crimes de droit commun. La seule indication chiffrée fournie à ce jour par le TPI, le 21 juillet, reprenait le chiffre de près de 200 sites de fosses communes découverts par la force multinationale de paix au Kosovo (Kfor). Selon le TPI, «beaucoup d’entre eux ne contiennent qu’un nombre relativement restreint de corps. Ce ne sont pas tous des charniers». Ainsi, à Lubjenic, dans le sud-ouest du Kosovo, où les militaires italiens déployés dans le secteur avaient annoncé début juillet la découverte d’un «charnier présumé» pouvant contenir 350 corps, seuls cinq cadavres ont été retrouvés. «Le nombre des victimes de crimes de guerre se comptera plus probablement en milliers qu’en centaines», a toutefois déclaré le procureur adjoint du TPI, Graham Blewitt.
Le nombre de Kosovars victimes de la répression serbe, très variable selon les sources – entre plusieurs centaines et 11 000 –, constitue un enjeu politique majeur qui a conduit l’administrateur de l’Onu Bernard Kouchner à commettre un faux pas, selon des sources militaires. «C’est une énorme bourde», «une faute politique», commentaient des officiers de la Force multinationale...
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