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Actualités - REPORTAGES

Beiteddine - L'éternel Roméo et Juliette sur une chorégraphie d'Angelin Preljocaj et dans les décors d'Enki Bilal Une création résolument moderne

Décor de bunker pour un Roméo et Juliette fin de millénaire, présenté vendredi soir à Beiteddine mais annulé, samedi. Relookée par Enki Bilal pour les décors, Angelin Preljocaj pour la chorégraphie et Goran Vajvoda pour la création sonore, cette éternelle histoire d’amour prend une allure résolument moderne, à la fois agressive et esthétique. Intégrant parfaitement la musique créée il y a plus de cinquante ans par Serge Prokofiev. Les 24 danseurs apportent une bonne part d’énergie à cette création. La scène est scindée en deux : d’une part les hauts murs tendus de barbelés derrière lesquels se retranchent la classe aisée et les miliciens qui la protègent ; d’autre part des murets sales, troués, lézardés, c’est l’abri des sans-abri. Entre les deux, un mirador, une tour qui sépare les nantis des misérables. Une barrière infranchissable, sauf pour Tybalt et son escadron. D’ailleurs, une passerelle en acier surplombe le muret et est régulièrement traversée par un vigile armé et un chien. Tout commence par un bourdonnement sonore qui s’amplifie. Comme une menace qui s’insinue partout. Les premières notes de Serge Prokofiev éclatent dans un décor sombre. À l’extrême droite de la scène, quelques sans-abri en guenilles, sont nonchalamment installés au pied du mur. Les miliciens, en bottes et habits de cuir noir, entrent par la gauche. La démarche militaire, le geste rigide, ils traversent la scène. Première rixe entre les deux groupes. Pendant une heure et trente minutes, les tableaux se succèdent : de bals en bagarres, de duos d’amour en agonies, toutes les scènes du traditionnel Roméo et Juliette sont là. La chorégraphie, puissante et belle, est très bien servie par les 24 danseurs, habillés dans le style «guerre des étoiles». Pas de pointes ou de pas de deux, mais des empoignades violentes et des embrassades amoureuses à couper le souffle. Parcours Avec Roméo et Juliette, le chorégraphe albanais, Angelin Preljocaj signe une de ses plus belles créations. Outre une tournée en Russie et dans les pays de l’Est, le ballet s’est produit notamment à la Brooklyn Academy of Music, à l’opéra de Sydney… «La démarche de Preljocaj», indique Nicole Saïd, la directrice de la troupe, «est de situer la danse contemporaine dans une chronologie historique». Son but, travailler sur les classiques, avec un regard contemporain. La compagnie Preljocaj créée en 1984, est devenue Ballet Preljocaj en 1996. Elle a à son répertoire une bonne vingtaine de spectacles, dont six «jouables» en permanence. Selon Mme Saïd, on peut relever trois étapes dans l’évolution du travail chorégraphique de Preljocaj : «Il s’est d’abord intéressé aux thèmes universels, comme la sainteté, l’héroïsme… Puis il s’est attaqué aux ballets référencés, justement, dans le but d’inscrire la danse contemporaine dans une ligne historique. Et actuellement, il est dans une phase plus esthétique. Les références sont éclatées. Il est dans une phase de recherche, de questionnement». C’est dans cette troisième étape que se situe sa dernière création, Personne n’épouse les méduses. Présenté en première, au festival d’Avignon, en juillet dernier, ce ballet aborde «le problème du goût. Qu’est-ce que le bon ou le mauvais goût ?»…
Décor de bunker pour un Roméo et Juliette fin de millénaire, présenté vendredi soir à Beiteddine mais annulé, samedi. Relookée par Enki Bilal pour les décors, Angelin Preljocaj pour la chorégraphie et Goran Vajvoda pour la création sonore, cette éternelle histoire d’amour prend une allure résolument moderne, à la fois agressive et esthétique. Intégrant parfaitement la musique...