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Actualités - REPORTAGES

Reportage - Tiraillements entre optimisme et inquiétude Jezzine : la peur du vide sécuritaire

Jezzine n’en finit pas d’attendre une issue à la situation d’exception qu’elle vit depuis presque le début de la guerre libanaise. Deux mois après le retrait de l’ALS, la population de Jezzine s’efforce d’afficher un optimisme de circonstance, mais en réalité, elle continue à manifester une inquiétude alimentée par les mesures exceptionnelles auxquelles la région est toujours soumise. Le premier danger que la population redoute, c’est le vide sécuritaire. Cette situation laisse la porte ouverte à toutes les éventualités et certains rappellent la panique apparue le jour où un crime crapuleux a eu lieu dans le village de Bteddine el-Likche. Un employé de maison, de nationalité étrangère, avait alors abattu, avec un fusil de chasse, le couple chez qui il travaillait. Avant que le caractère crapuleux du meurtre ne soit confirmé, plusieurs familles avaient déjà quitté la région, croyant à une opération de nature politico-confessionnelle. «C’était une ambiance qui a ressemblé fort à la panique de 1985, année des grands déplacements», rapporte un témoin. Cette crainte «du pire» est d’autant plus accentuée que l’armée ne s’est pas déployée dans la région. «À défaut de l’armée, les FSI auraient pu installer un barrage fixe au niveau de Kfarhouné, dernier village de la région avant la zone de sécurité», soulignent les habitants. «Une zone tampon» : tel est le qualificatif couramment utilisé pour exprimer l’état de vide sécuritaire qui existe actuellement dans la région. Ce terme – «hautement significatif», comme le précisent certains notables – aurait été employé par un diplomate occidental et rapporté par une personnalité politique locale. Tout le monde à Jezzine est convaincu que cet état de fait est le résultat d’un équilibre régional. Les habitants en sont conscients et ne cachent pas qu’ils se sont résignés à cette réalité. Le cauchemar de l’implantation Second sujet d’inquiétude : l’implantation des Palestiniens, dont la région risquerait de faire les frais. Les appréhensions exprimées à ce propos sont ravivées par la campagne menée dans le pays au sujet de cette question. D’importantes opérations de ventes de terrains ont, semble-t-il, eu lieu dans la région. Les noms des présumés courtiers sont souvent cités et les lopins de terre vendus sont montrés du doigt. Très liée à Saïda, Jezzine semble subir aussi le contrecoup de toutes les rumeurs folles qui circulent à ce propos dans la capitale du Sud, très perturbée, elle aussi, par ce problème de l’implantation, vu l’importance de la présence palestinienne dans la région. Sur la route Saïda-Jezzine, au niveau du village de Kfarjarra, premier village relevant de ce caza, un grand bloc d’immeubles est désigné par la rumeur publique comme devant servir à l’installation d’un premier lot de Palestiniens. Les déclarations officielles rejetant l’implantation ne rassurent nullement les habitants qui rappellent les épreuves endurées dans le passé lorsque les Palestiniens sont entrés dans la région. Les anciens de l’ALS Lorsqu’on se rend à Jezzine, on est immédiatement «happé» par le problème des anciens miliciens de l’ALS. Lorsque leur cas est évoqué, les propos varient entre une neutralité positive et un appui certain, car «c’est grâce à eux que la région a échappé à l’exode», affirment certains. Les personnes qui tiennent ce langage ne s’embarrassent pas de considérations politiques locales ou régionales. Ils sont convaincus que dans la situation qui régnait en avril 1985, il n’y avait pas une autre alternative à la présence de l’ALS. «C’était ou ça, ou bien Marjeyoun, c’est-à-dire l’exode forcé, à l’instar de ce qui s’est passé à l’est de Saïda et dans l’Iqlim el-Kharroub», affirment les habitants. Lors de sa visite dans la région, le nonce apostolique, Mgr Antonio Maria Veglio, a été particulièrement attentif aux plaintes de certaines mères et épouses d’anciens de l’ALS, détenus à Roumié. Ces femmes ne cachent pas leur profonde «gratitude» pour le nonce apostolique «qui a eu la patience de nous écouter».
Jezzine n’en finit pas d’attendre une issue à la situation d’exception qu’elle vit depuis presque le début de la guerre libanaise. Deux mois après le retrait de l’ALS, la population de Jezzine s’efforce d’afficher un optimisme de circonstance, mais en réalité, elle continue à manifester une inquiétude alimentée par les mesures exceptionnelles auxquelles la région est...