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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

Société civile - 1998, date charnière dans l'histoire de la démocratisation au Liban Le retour des municipalités

Le colloque international organisé par l’institution Mgr Cortbawi- congrégation des Saints-Cœurs, en collaboration avec la municipalité de Jbeil et la fondation Friedrich Ebert, a clôturé ses travaux à la maison paroissiale Saint-Jean-Marc, à Jbeil, sur le thème : “Municipalité et cité”. Plus de cent personnes ont participé au colloque, dont M. Yoro Fall, directeur du Centre international des sciences de l’homme à Jbeil; des urbanistes et sociologues étrangers, MM. Bernard Lassus, Jacques Pietri, Eric Huybrechts, Michel Baridon et Jacques Beauchard. La conférence de clôture a été donnée par M. Jacques Beauchard, professeur à l’Université Paris XII, qui a développé la notion de «relation au lieu, l’histoire des lieux se faisant parfois violemment». «Le territoire identitaire, a-t-il dit, est en train de peser lourd. La terre de l’identité et de l’origine est perçue comme lieu unique. Les Libanais ont connu cela. Il faudra reconstituer l’unité de l’hétérogène, apprivoiser l’hétérogène. Or souvent, nous détruisons le lieu public qui, par essence, est homogène. Protégerons ces lieux modestes. Les gens se rassemblent grâce à des rites qui permettent la rencontre. Il n’y a pas de rite sans lieux. Il s’agit ainsi d’éviter la crise violente du territoire identitaire. Les Phéniciens sont par excellence des faiseurs d’espace, espace transactionnel et espace patrimonial. Concilier le transactionnel et le patrimonial est une œuvre de cité». «Nous vivons aussi dans trois temporalités, celles de l’événement, du temps proche et du temps long, presque éternel et immobile. Il faudra associer dans notre paysage urbain ces trois temporalités», conclut M. Beauchard. Il ressort des interventions et des débats que «le Liban vit le retour des municipalités» et que «l’année 1998 constitue une date charnière dans l’histoire des municipalités et de la démocratisation au Liban». Partant de cette constatation positive, les débats ont été polarisés autour de trois axes : l’intérêt de la recherche appliquée sur la cité, les rapports entre municipalité et civilité, et les perspectives d’action pour l’avenir. L’esprit de la cité S’agissant de l’intérêt de la recherche appliquée sur la cité, il ressort du document final du colloque qu’il faut «restituer l’esprit de cité qui avait animé la fondation de l’institution Cortbawi il y a 50 ans, car cet esprit de cité implique le droit, l’esthétique, la régularité et la participation civique. Il s’agit d’éviter la détérioration du paysage, le développement exclusivement économique au détriment du développement social, la centralité coupée du reste du pays, la fragmentation des lieux communs de rencontre et le désengagement des citoyens, surtout des jeunes, quant au rôle actif qu’ils peuvent jouer dans la vie publique». Il en résulte le besoin de développer «les valeurs de civilité qui fondent la cité pour le vivre ensemble, libres, égaux et différents», (Abdo Kahi), «la prise en compte des spécificités nationales d’où ressortent de plus en plus la transformation des villes en pures agglomérations de population, la disparition du petit commerce des zones rurales et l’extension de la marginalité» (Kamal Hamdane). Aussi la planification urbaine devient-elle prioritaire. La question a été posée : «L’habitant dans une municipalité est-il celui dont on sollicite le vote périodique ou le citoyen qui vit dans la municipalité ?». Parmi les manifestations négatives dans la vie publique et qui se répercutent sur les municipalités, on relève «la régression de l’économie d’assistance et l’extension de la marginalité sociale», «les tentatives d’instituer une décentralisation qui sert les intérêts du pouvoir central» (Fadia Kiwan), «la relation agressive du Libanais et de l’Arabe en général avec l’espace» (Antoine Messarra), et «l’appréhension à propos de la planification urbaine» (Antoine Salamé). Perspectives d’action Il ressort également du colloque des perspectives d’action concernant la communication entre le pouvoir central et la société civile, l’affectation de l’argent municipal à sa destination municipale première, le développement des motivations en vue de l’engagement municipal et de la solidarité, et l’extension des jardins publics en tant que lieux de rencontre et qui limitent la transformation des rues en terrains dangereux de jeu pour les enfants du quartier. Il faudra aussi promouvoir la création de comités de quartier et une centralité attractive, l’élaboration de projets par les habitants et la réalisation grâce à leur participation, et la conception et l’exécution de programmes de culture municipale, les municipalités étant un laboratoire de pratique démocratique. Le colloque est qualifié d’«acte fondateur» d’un programme d’avenir qui sera mené par l’institution Cortbawi.
Le colloque international organisé par l’institution Mgr Cortbawi- congrégation des Saints-Cœurs, en collaboration avec la municipalité de Jbeil et la fondation Friedrich Ebert, a clôturé ses travaux à la maison paroissiale Saint-Jean-Marc, à Jbeil, sur le thème : “Municipalité et cité”. Plus de cent personnes ont participé au colloque, dont M. Yoro Fall, directeur du...