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Actualités - ANALYSE

Finances - Baisse d'un point des taux d'intérêt sur le dollar Timide tentative pour sortir du marasme

Les milieux économiques attendaient une telle mesure depuis longtemps et certains n’osaient même plus espérer qu’elle se concrétiserait à court terme. L’annonce officielle, hier, par l’Association des banques de baisser d’un point les taux d’intérêt servis sur le dollar a relancé le débat public sur les moyens qui devraient être mis en œuvre – urgemment – afin de sortir le pays du redoutable marasme économique dans lequel il se débat. La crise économique a atteint un point tel que des rumeurs insidieuses ont été colportées, faisant état d’une possible dépréciation de facto de la livre libanaise sur le marché des changes de Beyrouth. Ces rumeurs ont été catégoriquement démenties hier par le Premier ministre Sélim Hoss qui a affirmé, dans une déclaration faite à sa sortie du Grand Sérail, que «le taux de change de la livre libanaise constitue une ligne rouge qu’il ne saurait être question d’outrepasser». «Le gouvernement, a précisé M. Hoss, est attaché à la politique de stabilité monétaire et ceux qui propagent des rumeurs sur ce plan cherchent à nuire au Liban». Cette réaffirmation d’une des constantes de la politique financière du gouvernement a coïncidé avec l’annonce de la décision de l’Association des banques de faire un pas sur la voie d’une baisse des taux d’intérêt. Cette mesure, prônée à plusieurs reprises par le ministre des Finances Georges Corm, est d’autant plus importante que toute baisse de 1 % du taux d’intérêt sur la livre libanaise (mesure qui devrait suivre la baisse sur le dollar) permettra à l’État d’économiser non moins de 230 milliards de livres libanaises par an sur le service de la dette, comme l’a souligné hier l’ancien président de l’Association des banques, M. François Bassile. Ce point a d’ailleurs été relevé dans le communiqué de l’Association des banques qui a précisé qu’elle avait «recommandé» aux établissements bancaires une série de mesures concernant les taux d’intérêt sur le dollar «pour contribuer aux efforts du gouvernement visant à stimuler une baisse des taux d’intérêt du fait de l’impact positif d’une telle mesure sur le service de la dette, le déficit public et la relance de l’activité économique». Dans la pratique, les mesures préconisées par l’Association des banques, et qui ne concernent donc que le dollar, se résument comme suit : – L’adoption d’un taux de base de 9 % pour l’octroi de crédits aux clients. Ce taux était de 10 % pour les clients privilégiés, connus de la banque, et il pouvait aller jusqu’à 12 ou même 15 % pour les clients peu connus des établissements bancaires. – Baisse des taux d’intérêt créditeurs sur les comptes épargne et les dépôts. Le nouveau taux d’intérêt ne devrait pas dépasser 6,5 % pour les gros montants et pour des termes d’au moins un an. Ce taux était de 7,5 %. – Pour les comptes de moins d’un an, les taux d’intérêt servis devraient être semblables aux taux pratiqués sur les marchés internationaux. Un message à l’État Ces «recommandations» (qui ne revêtent nullement un caractère contraignant pour les banques) sont perçues dans les milieux de l’Association des banques comme «un message au ministère des Finances et à la Banque centrale pour qu’ils décident de leur côté une baisse équivalente des intérêts servis sur la livre, notamment sur les bons du Trésor à deux ans, dont le taux actuel est de 16 %», a souligné le secrétaire général de l’Association, M. Makram Sader, qui a confirmé qu’une baisse de 1 % sur les bons du Trésor (en LL) économiserait 230 milliards de LL par an (soit près de 150 millions de dollars) sur le service de la dette. Cette première baisse des taux d’intérêt sur le dollar, en prélude à une baisse parallèle sur la livre, a été – on s’en doute – bien accueillie dans les différents milieux économiques. Et pour cause : jamais, depuis l’effondrement de la monnaie nationale au milieu des années 80, la conjoncture économique locale n’a atteint un tel degré de déliquescence. Le président de la Bourse de Beyrouth, Gaby Sehnaoui, a tiré la sonnette d’alarme sur ce plan, précisant, dans une déclaration à l’AFP, que «le montant quotidien des transactions boursières a chuté à 200 000 dollars début mai, alors qu’il s’élevait à 1,3 million de dollars en moyenne en 1998». Selon M. Sehnaoui, «les investissements étrangers et libanais sont dans l’expectative, dans l’attente d’être fixés sur les nouvelles orientations économiques du gouvernement». Celles-ci devraient être définies dans le programme quinquennal de redressement économique et financier que le gouvernement s’apprête à soumettre, d’ici à la fin du mois, à la Chambre, parallèlement au projet de budget. Pour l’heure, les investisseurs libanais et étrangers boudent ainsi la Bourse de Beyrouth et se tournent plutôt vers les places de New York et Paris, comme le précise le président des courtiers, Nabil Aoun. En dépit de ce sombre tableau, le pouvoir continue d’afficher un optimisme inébranlable quant aux perspectives d’avenir. Un optimisme, qui a été exprimé publiquement, mardi, par le président Émile Lahoud qui a pris soin, quand même, de souligner que la relance économique nécessite un délai de deux à trois ans. Reste à savoir si le Libanais moyen, les entreprises commerciales, industrielles, touristiques et autres, les entrepreneurs et les divers pôles économiques peuvent encore tenir le coup trois ans… Et d’aucuns s’interrogent – compte tenu du contexte local et régional actuel – sur les données objectives réelles en base desquelles le chef de l’État peut affirmer que les Libanais verront enfin le bout du tunnel dans deux ou trois ans.
Les milieux économiques attendaient une telle mesure depuis longtemps et certains n’osaient même plus espérer qu’elle se concrétiserait à court terme. L’annonce officielle, hier, par l’Association des banques de baisser d’un point les taux d’intérêt servis sur le dollar a relancé le débat public sur les moyens qui devraient être mis en œuvre – urgemment – afin de sortir...