Un enjeu stratégique et politique

La région de Jezzine, dont l’Armée du Liban-Sud (ALS) se retirerait prochainement, constitue un enjeu stratégique et politique pour les relations de l’État libanais avec la résistance anti-israélienne et les habitants. Située dans le prolongement de la zone de 850 km carrés occupée depuis 1985 par Israël au Liban-Sud, la région est reliée géographiquement à la Békaa-Ouest où sont installées des bases du Hezbollah. L’ALS ne s’y est déployée qu’en 1985. Paradoxalement, l’armée libanaise est présente à Jezzine où 280 soldats sont cantonnés dans une caserne. L’État libanais maintient également des fonctionnaires des principaux services publics (électricité, PTT, enseignement, etc.). Avec sa trentaine de villages, l’enclave de Jezzine (200 kilomètres carrés) ne fait pas partie officiellement de la zone de sécurité établie par Israël au Liban. L’armée israélienne n’y a pas de positions. Les miliciens de l’ALS ne s’y maintiennent toutefois qu’avec le soutien logistique israélien. Jusqu’en 1985, la région comptait plus de 30 000 habitants. Mais l’immense majorité a fui la région au fil des ans en raison de l’insécurité et du marasme économique. Aujourd’hui il reste moins de 5 000 personnes à Jezzine et la perspective d’un départ de l’ALS suscite une grande crainte. Beaucoup de jeunes de la région redoutent des représailles du Hezbollah ou des poursuites de la part de l’État libanais pour s’être engagés dans l’ALS soit pour des considérations matérielles, soit par conviction politique. Un représentant du pape, le père Bohivas, y a résidé jusqu’à sa mort en 1990 mais le Saint Siège ne l’a pas remplacé malgré les appels répétés des notables de la ville selon lesquels un envoyé papal leur assurait une certaine protection.