Prêt-logement - Les négociations ont duré 8 mois Protocole de coopération banques - Institut de l'habitat(photo)

L’Association des banques représentée par son président Farid Raphaël et l’Institut national de l’habitat représenté par son directeur général et président de son conseil d’administration Antoine Chamoun ont signé hier à l’hôtel Bristol un accord de coopération pour le prêt-logement destiné aux personnes à revenus limités. Cet accord, la grande majorité des Libanais l’attendaient depuis longtemps. Les négociations entre les partenaires concernés ont duré plus de huit mois. Les taux d’intérêt n’avaient pas constitué la seule pierre d’achoppement, si l’on croit M. Raphaël. «Il s’agissait de parvenir à une entente sur un produit fini qui servirait les intérêts de toutes les parties prenantes au contrat de prêt», dit-il. À la grande surprise des journalistes qui sont restés sur leur faim, la cérémonie d’hier a revêtu un caractère solennel et les détails sur les conditions d’obtention du prêt-logement n’ont pas été révélés. Seules les grandes lignes en ont été annoncées par M. Chamoun qui s’est engagé à répondre à l’attente des milliers de personnes à revenus limités en donnant les informations nécessaires lors d’une conférence de presse qu’il tiendra mardi prochain au siège du syndicat de la presse. La signature de cet accord de partenariat entre les secteurs public et privé constitue un événement vital pour le pays puisqu’il permettra d’une part le règlement d’un problème social lié à l’acquisition d’appartements par les moins favorisés qui traîne depuis des années et d’autre part une certaine reprise de l’économie en injectant des liquidités sur le marché. Outre les représentants du président de la République, le ministre Sleiman Frangié, du chef du Législatif, le député Mahmoud Abou Hamdane, et du chef du gouvernement, le ministre Anouar el-Khalil, la présence à cette cérémonie d’un nombre important de députés n’est pas passée inaperçue. Partenariat Le projet de prêt-logement, tel que présenté hier dans ces grandes lignes, s’articule sur une coopération entre le secteur privé représenté par les banques commerciales et le secteur public représenté par l’Institut national de l’habitat. Ainsi, la banque verse la totalité du montant du prêt au bénéficiaire. Ce dernier entreprendra de rembourser le prêt selon le délai convenu, sans les intérêts qui seront payés par l’Institut national de l’habitat. Le bénéficiaire du prêt devrait, après s’être acquitté de toutes ses dettes envers la banque, rembourser les intérêts à l’Institut national de l’habitat en plus du coût ou du service de ces intérêts. Ce remboursement des intérêts se ferait sur une période égale à celle du remboursement du prêt à la banque. Selon le directeur général de l’Institut national de l’habitat, la formule proposée présente plus d’un avantage, tant pour le bénéficiaire que pour la banque. Elle permettra à des couches de la population qui n’étaient pas en mesure d’obtenir des prêts compte tenu de leurs revenus limités de bénéficier des crédits bancaires destinés au logement. Avec la participation de l’Institut national de l’habitat, les échéances mensuelles des prêts seront moins importantes et grèveront moins le budget des bénéficiaires puisque les intérêts seront acquittés par l’institut. M. Chamoun a estimé par ailleurs que cette formule permet à l’institut de multiplier son potentiel de crédits. En effet, au lieu de verser la totalité du montant au demandeur de prêt-logement, il en paiera uniquement les intérêts aux banques concernées. M. Chamoun a d’autre part révélé qu’à part la formule classique de prêt-logement, l’Institut national de l’habitat a élaboré plusieurs projets de prêt- logement destinés à ceux qui désirent acquérir des unités de logement en construction ainsi qu’une formule d’épargne et de crédits qui s’adressent aux jeunes qui viennent d’entamer leur vie professionnelle. Bonne application «L’accroissement dans l’avenir du volume et des coûts des crédits affectés à de tels prêts est tributaire de l’efficience des mesures légales destinées à récupérer les sommes dues en cas de non paiement», a affirmé le président de l’Association des banques. M. Raphaël s’est félicité de l’initiative du gouvernorat de la Banque centrale, qui a contribué à la réussite de ce protocole de coopération. La Banque du Liban a autorisé en effet les banques désirant financer de tels prêts à leur affecter une partie de leurs réserves obligatoires en LL, dans une proportion de 60 % du montant de chaque prêt. Cette initiative a contribué, a-t-il dit , à résoudre le problème du coût très élevé des prêts en livres libanaises et a permis d’accorder des prêts en LL ; à des taux d’intérêt proches de ceux servis sur les devises étrangère. M. Raphaël a rappelé par ailleurs que le secteur bancaire avait par le passé coopérer avec le secteur public au niveau des crédits logements lorsque les établissements commerciaux ont souscrit à l’augmentation du capital de la Banque de l’habitat, qui était passé, conformément à la loi 283/93, de 50 millions à 50 milliards de LL. Le secteur bancaire est devenu ainsi actionnaire à 80 % de cette banque. Pendant les trois dernières années, celle-ci, rappelle-t-on, avait en dépit de ses maigres ressources octroyé plus de 2 000 prêts d’un montant moyen de 30 000 dollars. Le président de l’Association des banques a enfin indiqué que les prêts personnels des banques commerciales dont fait partie les prêts-logements se sont élevés en 1998 à un milliard et demi de dollars. Reste que le plus important est pour la grande partie de la population de connaître les noms des banques qui participeront à cette opération ainsi que les plafonds et les conditions d’octroi des prêts.