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Actualités - ANALYSE

L'unité d'opinion fait toujours défaut Ce que l'Est en pense vraiment

Le rôle de l’Est politique est, on le sait, réduit à sa plus simple expression. Mais il n’en garde pas moins des opinions qui, de temps en temps, suivant les nécessités tactiques du moment, sont écoutées avec respect par le pouvoir, sinon prises en compte. Ce camp dont Bkerké cristallise généralement les points de vue estime aujourd’hui que «l’unanimité libanaise sur l’application de la 425 doit s’accompagner d’un consensus sur la méthode à suivre pour y parvenir, ce qui n’est pas encore le cas», dit un dignitaire religieux. Il rappelle que «les Libanais ont presque toujours été divisés en ce qui concerne le traitement de questions essentielles. Ainsi, dans le temps, le clivage interne sur la présence palestinienne avait provoqué la grande déflagration intérieure, tandis que l’ennemi israélien prenait prétexte à deux reprises de cette présence pour envahir le pays. Plus tard, les divisions et subdivisions intérieures ont fait voler en éclats aussi bien l’accord tripartite que l’accord du 17 mai. Seul l’accord de Taëf, du reste tronqué, a résisté mais cela au prix de l’élimination de ses adversaires et d’une nouvelle déchirure dans le tissu socio-politique du pays». «Aujourd’hui, enchaîne cet ecclésiastique, les Libanais sont d’accord pour rejeter l’occupation israélienne. Ils sont également convenus de la nécessité d’un jumelage libano-syrien. Sur les deux points cependant, il existe de profondes divergences d’interprétation et d’orientation. – Pour les uns, la 425 ne doit être associée à rien d’autre, l’intérêt national commandant que l’on récupère au plus vite le Sud. Pour les autres, l’important est que les efforts en vue de la libération s’inscrivent dans le cadre d’un plan plus général, incluant les intérêts de la Syrie et le traitement de la question des réfugiés palestiniens. – Pour les autres, le jumelage des volets libanais et syrien doit seulement signifier qu’aucun des deux pays ne signera une paix définitive avec Israël tant que l’autre n’aura pas obtenu gain de cause. Pour une troisième partie, ce jumelage signifie que le retrait israélien du Liban-Sud doit s’accompagner d’une restitution du Golan à la Syrie et vice-versa». «On voit donc, poursuit cette personnalité, qu’il y a des Libanais qui restent fidèles à la position que défendaient jadis un Sélim Hoss ou un Nabih Berry. À savoir que la 425 ne doit être ni fondue dans la 242 ni confondue avec la 338, et qu’il n’y a rien à négocier. Ce qui fait qu’en 1991 l’actuel président de la Chambre demandait : «Pourquoi aller à Madrid, nous n’avons rien à y faire». Un glissement de position s’est produit au fil des années au niveau des officiels, de plus en plus portés aux surenchères à l’égard des tuteurs. Mais cela plombe d’incohérence voire de contradiction la position du Liban. C’est certes compréhensible dans la mesure où la pression sur un pays affaibli par ses déchirements est trop forte. Il n’en reste pas moins qu’il est étrange de capitaliser les sacrifices certains d’une résistance extraordinaire au profit d’un partenaire dont les propres lignes de front restent calmes. En d’autres termes, si le don est fait à une nation déterminée, ses frontières débordent le cadre libanais. Ce qui implique qu’à terme le jumelage peut être porteur de fusion et c’est bien pourquoi il y a de nouveau conflit entre les Libanais, dont certains refusent cette perspective alors que d’autres l’accueilleraient peut-être avec joie. Le refrain est donc le même que jadis avec les Palestiniens. À cette différence près que le président Hafez el-Assad a tenu personnellement il y a cinq ou six ans à reconnaître l’État libanais en tant que tel et son indépendance, ce que la Syrie n’avait pas fait jusque-là Et qu’il a lui-même envoyé paître les surenchérisseurs libanais qui défilaient à Damas pour lui proposer des formules de fédération. Il n’empêche que le jumelage, en faisant du Sud le frère siamois du Golan, peut initier à terme des dérapages institutionnels. Il appartient donc à notre État de mettre les points sur les i. Et de tenter de réunifier les Libanais qui par leurs divisions se mettent eux-mêmes en péril».
Le rôle de l’Est politique est, on le sait, réduit à sa plus simple expression. Mais il n’en garde pas moins des opinions qui, de temps en temps, suivant les nécessités tactiques du moment, sont écoutées avec respect par le pouvoir, sinon prises en compte. Ce camp dont Bkerké cristallise généralement les points de vue estime aujourd’hui que «l’unanimité libanaise...