Développement - Tournée de Kourkoulas dans la région libérée Projet agricole de l'UE à Jezzine(photo)

L’Union européenne entamera prochainement un projet agricole à Jezzine. S’élevant à environ un million d’euros, dont six cent mille octroyés par l’UE, le programme échelonné sur deux ans consiste à aider les agriculteurs de la région dans la transformation et la conservation des produits alimentaires. C’est ce qu’a annoncé M. Dimitris Kourkoulas, chef de la délégation de la Commission européenne au Liban. Accompagné de MM. Giorgio Ficcarelli et Olivier Schott, respectivement conseiller de coopération et troisième secrétaire auprès de la délégation de la Commission européenne, M. Kourkoulas a effectué une tournée à Jezzine afin d’évaluer, sur le terrain, les besoins de la population. Avant de se diriger vers la localité récemment libérée, M. Kourkoulas a fait halte au Sérail de Saïda où il s’est entretenu avec le mohafez du Liban-Sud, M. Fayçal el-Sayegh. Une visite qui vise essentiellement à «informer le mohafez des nouvelles priorités de l’assistance de l’Union européenne dans la région». Le prochain projet pilote qui sera entamé en septembre à Jezzine s’inscrit dans ce cadre. La délégation s’est ensuite dirigée vers Kfarfalous où se trouve le dernier barrage de l’armée libanaise. Celui de l’ALS (Armée du Liban-Sud), présent jusqu’à la fin du mois dernier à l’entrée de Roum, a été déplacé vers Kfarhouna situé à sept kilomètres du chef-lieu du caza. Les travaux d’infrastructure ont commencé sur «l’ancienne route de la mort» où plusieurs habitants de Jezzine avaient péri au cours d’attentats à la bombe. Caterpillars et marteaux piqueurs troublent le silence de la route déserte qui serpente au milieu d’une immense pinède. Jezzine aussi est déserte. La voiture aux couleurs de la Commission européenne est presque la seule à sillonner les rues de la ville aux cascades. C’est comme si les délégations officielles et diplomatiques, qui ont défilé au cours des deux dernières semaines, ont fini par lasser les habitants. Au passage du véhicule de M. Kourkoulas, une passante lance placide à son amie «encore une voiture officielle». Au siège du caïmacamat, la délégation s’entretient avec un groupe de notables de la région, notamment, des présidents de coopératives agricoles et des médecins œuvrant au sein de l’hôpital de la commune ainsi qu’avec le caïmacam de Jezzine, M. Nabil Hammoud. M. Kourkoulas a évoqué brièvement les projets de l’Union européenne «qui a octroyé entre 1996 et 1999 des dons s’élevant à 250 millions de dollars au Liban». La Commission accorde également des prêts à long terme au pays. «Nous sommes à Jezzine, a-t-il dit, pour voir dans quels domaines la Commission européenne peut se rendre utile dans cette région». Présentant le premier projet qui sera mis en place, il a indiqué «qu’il aidera les agriculteurs à commercialiser leur production». L’Ordre souverain de Malte au Liban ainsi que l’ONG italienne Picu (Institut pour la coopération universitaire) participeront à la mise en place du projet pilote étalé sur deux ans. La Commission européenne tient aussi à aider Jezzine dans tous les domaines nécessaires. C’est dans cette optique que les représentants des coopératives du caza ont remis à la délégation un document sur les besoins de la région dans le domaine agricole. Ils souhaitent, parallèlement aux projets d’infrastructure, préserver l’environnement et les sites touristiques de la région. Ils demandent également des tracteurs débroussailleurs et des tracteurs pour labourer les champs (le système agricole de Jezzine reste jusqu’à présent traditionnel). Parmi les projets proposés figurent l’embouteillage de l’eau de source, la création de diverses usines pour l’extraction de jus de fruits, la production de l’huile d’olive et la fabrication d’insecticides et d’engrais. Jezzine qui produit chaque année 150 mille caisses de pommes, ne parvient pas à vendre sa production. La commercialisation de l’huile d’olive produite sur place pose aussi problème. Le projet de l’Union européenne, selon M. Paul Gasparani, responsable de Picu au Liban, «vise à pourvoir une assistance technique aux habitants de la ville dans les domaines agricole et agro-industriel». «Des stages de formation relatifs à la conservation et à la transformation des produits agricoles seront assurés», a-t-il indiqué. Dans le domaine humanitaire, la Commission aura également un rôle important à jouer. Les gouvernements italien et hollandais ainsi que Médecins sans frontières ont déjà proposé de fournir le matériel nécessaire. Seuls cinq médecins, dont un chirurgien, travaillent à l’hôpital gouvernemental de Jezzine. «Très souvent, raconte un habitant, la permanence n’est pas assurée dans cet unique hôpital du caza». Dans le cadre humanitaire, certains habitants souhaitent l’octroi d’aides ponctuelles. Allouer, par exemple, des sommes d’argent aux personnes nécessiteuses, notamment celles dont les proches (maris, pères, frères ou enfants) faisaient partie de l’ALS et n’ont plus actuellement aucune source de revenus. Donnant l’exemple de l’œuvre de l’Ordre souverain de Malte dans la région, une personne a suggéré la mise en place d’un système de parrainage entre des familles européennes et des familles de la région. La tournée des délégués européens s’est achevée par un déjeuner à la résidence de l’ancien ministre et député de la région, M. Edmond Rizk. L’Union européenne entamera son premier projet agricole à Jezzine dans quelques mois. Certes, d’autres programmes financés par les Quinze verront le jour dans la région. Jezzine est désormais accessible, mais beaucoup de choses restent à faire pour encourager les 60 mille habitants du caza à revenir dans leurs villages d’origine.