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Actualités - REPORTAGES

Histoire - Les victimes de la bataille de 1941 Les cimetières français oubliés de la zone occupée au Liban-sud(photo)

Peu de Libanais se rappellent peut-être que les forces armées du général Charles de Gaulle et celles du gouvernement de Vichy se sont affrontées sur notre terre durant la Deuxième Guerre mondiale, à l’époque où le Liban était encore sous mandat français. À Debbine, deux cimetières militaires français témoignent de cet épisode de l’Histoire, que Jacques Lhuillery, de l’AFP, retrace dans ce reportage : En pleine zone occupée par Israël au Liban-Sud, les stèles brisées et envalies par les herbes folles de deux petits cimetières militaires français, l’un chrétien l’autre musulman, rappellent qu’une autre guerre s’est livrée ici, en 1941. Alors que les troupes hitlériennes gagnaient du terrain dans les Balkans et que la France du maréchal Pétain avait autorisé les nazis à utiliser ses aéroports au Liban et en Syrie, les forces du British Commonwealth of Nations (ancêtre du Commonwealth) et celles de la France libre du général de Gaulle lancèrent la campagne de Syrie du 8 juin au 12 juillet 1941. Anglais, Australiens, Néo-Zélandais et «Français libres», montèrent de Palestine sur plusieurs axes vers Beyrouth et Damas. Mais au Liban-Sud, ils se heurtèrent à une résistance acharnée des Forces françaises du Levant (FFL), dirigées par le général Dentz, Haut-commissaire en Syrie de la France de Vichy. La bataille de Marjeyoun mit aux prises les FFL et la 25e Brigade australienne, les fameux Anzacs (Australian and New Zealand Army Corps), un corps célèbre depuis la sanglante bataille de Gallipoli en Turquie durant la Première Guerre mondiale.Oublié au bout d’une petite route cabossée à la sortie nord de Marjeyoun, le petit cimetière militaire musulman est calme et désert. Le silence n’y est rompu que par le vent qui balance quelques grands pins et le bruit sourd de l’artillerie israélienne qui tonne régulièrement au loin. Passée une vieille et lourde grille qui tient péniblement sur ses gonds, deux grands mâts rouillés ont oublié depuis longtemps le claquement des drapeaux. Atmosphère coloniale Dans le cimetière reposent une soixantaine de soldats algériens, tunisiens et libanais des Forces françaises du Levant. Le lieu à l’abandon semble figé dans une atmosphère coloniale, du temps où la France régnait sur la Syrie et le Liban. Noyés dans les graminées, les restes de pierres tombales brisées émergent à peine. Les inscriptions y sont difficilement lisibles : un nom, un numéro de régiment, une date. Quelques rares stèles couvertes de mousse sont toujours debout, dont celle du capitaine Dekkar Yahya, du 17e régiment de tirailleurs algériens, mort le 11 juin 1941. «Il y avait bien un gardien chargé d’entretenir les tombes, mais il n’est plus venu depuis des années», se souvient un voisin. Les autorités françaises ont décidé récemment de remettre le cimetière en état. Les murs d’enceinte ont été repeints en blanc et de nouvelles stèles sont en train d’être gravées. La tâche s’avère plus compliquée pour l’autre cimetière, chrétien, distant de quelques centaines de mètres et où sont également enterrés des Anzacs : il est truffé de mines, signatures mortelles du conflit entre l’occupant israélien et la Résistance libanaise. Un soldat israélien qui s’était aventuré entre les tombes, il y a quelques années, l’a payé de sa vie. Des Casques bleus néo-zélandais de l’Onust (Organisation de l’Onu pour la supervision de la trêve de 1949) ont eu plus de chance l’an dernier : ils ont déposé une gerbe sur la tombe de camarades tombés au combat et sont ressortis vivants, par miracle. Les autorités françaises ont bien songé à faire déminer l’endroit, mais le volontaire qu’ils avaient trouvé était un membre de l’Armée du Liban-Sud (ALS), ce qui politiquement et diplomatiquement n’était pas concevable. La campagne de Syrie fit plus de 3 000 morts dans les rangs britanniques, plus d’un millier du côté de la France pétainiste, et 650 tués et blessés pour la France libre.
Peu de Libanais se rappellent peut-être que les forces armées du général Charles de Gaulle et celles du gouvernement de Vichy se sont affrontées sur notre terre durant la Deuxième Guerre mondiale, à l’époque où le Liban était encore sous mandat français. À Debbine, deux cimetières militaires français témoignent de cet épisode de l’Histoire, que Jacques Lhuillery, de...