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Actualités - ANALYSE

Processus de paix - Beyrouth et Damas préfèrent ne pas faire équipe avec les palestiniens La méfiance toujours de mise entre arabes

Selon un diplomate arabe, l’échec des tentatives d’organiser un sommet arabe restreint tient «à la crainte de voir se rééditer le fiasco de l’alliance, dite de l’étau, qui a, un moment, regroupé les voisins d’Israël. On préfère donc maintenant se contenter d’une coordination élastique, au coup par coup». Une façon bien diplomatique d’ignorer que la raison principale du contretemps arabe découle de la profonde mésentente entre la Syrie et Arafat. Provoquée d’ailleurs à l’origine par la signature des accords d’Oslo qui avait fait voler en éclats le front de l’étau sus-dénommé. Une autre raison, plus générale, est que, par tradition, les Arabes ne se réunissent que pour mieux se disputer et qu’il vaut donc mieux éviter d’aggraver par un sommet l’état peu reluisant de leurs relations actuelles. Ce diplomate reprend en soulignant que «la Syrie et le Liban, échaudés par la volte-face antérieure des Palestiniens comme des Jordaniens, ne voient pas pourquoi ils mettraient maintenant leurs œufs dans le même panier que ces versatiles partenaires. D’autant que les objectifs et les intérêts ne concordent plus depuis que Jordaniens et Palestiniens ont conclu séparément des accords avec l’ennemi commun. Pour déchanter du reste par la suite, mais c’est là leur affaire. Damas et Beyrouth veulent bien d’une solidarité mais dans un cadre qui n’aurait rien de solennel ou de rigide comme le voudrait la tenue d’un sommet». Et d’ajouter que, «dupés ou pas, les Palestiniens et les Jordaniens ont déjà abouti dans leurs négociations avec l’État hébreu à certains points concrets. En revanche, sur le volet syrien comme sur le volet libanais, rien n’a été fait en pratique. Israël ne veut toujours pas s’engager à se retirer totalement du Golan. Et il continue d’exiger des mesures de sécurité au Sud-Liban pour s’en retirer. La logique des négociations veut que la pression s’accentue au fur et à mesure que l’on avance. Dans ces conditions, la Syrie et le Liban préfèrent ne pas faire équipe au départ avec les Palestiniens qui pourraient les lâcher en cours de route, les laissant affaiblis face aux concessions que les Américains leur demanderaient de faire». Les négociations ne devraient d’ailleurs pas tarder à reprendre. Maintenant que la crise du Kosovo est réglée, les États-Unis vont pouvoir se focaliser pleinement sur la question du Proche-Orient. Un diplomate occidental en poste à Beyrouth confirme que les préparatifs vont bon train. Et estime que les Israéliens sont cette fois déterminés à aller de l’avant, comme l’indique l’initiative prise par Barak qui, avant même de former son gouvernement, a mis sur pied un comité spécial pour les pourparlers de paix. De son côté, le président Clinton a appelé au téléphone le président Assad pour lui annoncer que la reprise du processus sur les volets syro-libanais et palestinien va se faire très bientôt. Quant à Madeleine Albright, elle a adressé après Jezzine un message au président Sélim Hoss pour inviter le gouvernement libanais à la retenue et lui demander de veiller à ce qu’aucune partie ne procède à une escalade de la violence, pour ne pas compromettre le redémarrage des pourparlers. Aux yeux des Américains, cette reprise implique en effet l’instauration d’une trêve durable sur le terrain au Liban-Sud, seul front arabe où s’exprime une résistance active à l’occupation israélienne. Abondant dans le même sens, Itamar Rabinovitch, qui avait conduit la délégation israélienne aux négociations de Wye Plantation en 1995, a affirmé qu’il n’est pas possible que les pourparlers reprennent alors que des Katioucha s’abattent sur la Galilée, oubliant de mentionner les bombardements israéliens de villages libanais. Il a rappelé que le matraquage des kibboutz du nord d’Israël par des roquettes avait conduit en 1996 à l’opération les raisins de la colère dont un des résultats avait été que les travaillistes avaient alors perdu les élections face au Likoud. L’ambassadeur israélien, qui s’exprimait dans une émission télévisée, a souligné que la principale force au Liban reste la Syrie, ajoutant qu’il n’y a aucun moyen de parvenir à un accord avec Beyrouth sans la caution de Damas. Il a souhaité que la Syrie fasse montre d’un peu de souplesse et laisse un peu de liberté de mouvement à la délégation libanaise lors des prochains rounds de négociations. De l’avis de Rabinovitch, le Liban peut être un bon instrument pour bâtir des relations de confiance entre Israël et la Syrie.
Selon un diplomate arabe, l’échec des tentatives d’organiser un sommet arabe restreint tient «à la crainte de voir se rééditer le fiasco de l’alliance, dite de l’étau, qui a, un moment, regroupé les voisins d’Israël. On préfère donc maintenant se contenter d’une coordination élastique, au coup par coup». Une façon bien diplomatique d’ignorer que la raison...