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Actualités - ANALYSE

Une enquête serrée, politique autant que criminelle

Bien entendu l’enquête sur le massacre de Saïda se déroule dans un black-out total, par souci d’efficacité. Mais les responsables ne cachent pas qu’à première vue les indices laissés sur place par les assassins, visiblement exprès, ne sont qu’un leurre destiné à brouiller les pistes. On sait que les agresseurs ont abandonné dans leur fuite un lance-grenades et deux fusils-mitrailleurs Kalachnikov. Dont l’un porte sur sa crosse l’inscription “Kouate al-Chahid Abou Moussa – Fateh-Intifada”. Le colonel Abou Moussa est un antiarafatiste qui avait proclamé sa dissidence du Fateh à partir de Damas. Les autorités libanaises ont donc tendance à estimer que c’est pour aiguiller l’enquête dans cette direction que les meurtriers des juges ont laissé cette arme sur les lieux du crime. Ces responsables, sans lever le voile sur les investigations ni livrer de précisions, affirment qu’elles avancent vite et qu’un fil conducteur a déjà été repéré. On souligne cependant à Beyrouth que l’enquête est autant politique que criminelle. Dans ce sens qu’il s’agit de cerner les mobiles politiques pour démasquer les vrais commanditaires du crime. Ce qui est aussi important que d’identifier les exécutants. Un loyaliste qui se dit informé affirme à ce propos que «la décision de l’attentat a été prise par une partie dont le but dépasse sans doute la portée qu’on lui attribue généralement et qui serait de terroriser la magistrature libanaise». «Cela va plus loin aussi, pensons-nous, qu’un objectif de déstabilisation sécuritaire ponctuelle, poursuit-il. Et l’attentat ne se compare en aucune manière à la vague de massacres qui ensanglante l’Algérie. En fait il nous semble que cette opération criminelle est liée à la préparation de la prochaine phase régionale. Ainsi qu’au projet Barak de retrait du Liban dans un délai d’un an. Le message serait que dans le contexte du changement à venir il faudra prendre garde à la sécurité, en ouvrant bien les yeux sur la question des camps. Il est possible qu’on ait voulu faire tomber l’État libanais dans le piège d’une brusque confrontation armée avec les Palestiniens. Du même coup on aurait affaibli le régime et le pouvoir, ainsi que le rôle de la Syrie. Et Barak aurait eu de plus, si des troubles devaient éclater, un prétexte en or pour se dédire et retarder ou annuler le retrait israélien du Sud». Une opinion qu’en réalité peu de politiciens partagent. Dans ce sens qu’on estime généralement à Beyrouth qu’Israël n’est vraiment plus en mesure de payer le prix de l’occupation et veut effectivement y mettre fin. D’autres sources soupçonnent d’ailleurs les arafatistes, dont le Liban n’est pas actuellement l’ami. Il reste qu’objectivement, n’importe laquelle des parties qui ne souhaitent pas du bien pour ce pays peut avoir intérêt à tenter de le déstabiliser et d’y provoquer des troubles.
Bien entendu l’enquête sur le massacre de Saïda se déroule dans un black-out total, par souci d’efficacité. Mais les responsables ne cachent pas qu’à première vue les indices laissés sur place par les assassins, visiblement exprès, ne sont qu’un leurre destiné à brouiller les pistes. On sait que les agresseurs ont abandonné dans leur fuite un lance-grenades et deux...