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Actualités - REPORTAGES

Interview - Deux acteurs crèvent les planches dans "Une bête sur la lune" Pour Corinne Jaber, jouer c'est être en contact avec la sensibilité de l'autre(photo)

INTERVIEW - Deux acteurs crèvent les planches dans « Une bête sur la lune » «Une bête sur la lune» de Richard Kalinoski, dans une mise en scène d’Irina Brook, occupe les planches du Monnot jusqu’au dimanche 6 juin. Un texte, véritable bijou d’humanité ; une mise en scène précise ; un jeu époustouflant de justesse. Corinne Jaber, alias Seta, déploie une énergie impressionnante. Simon Abkarian campe un monsieur Tomassian plus vrai que nature. Interview croisée avec deux acteurs . Brune, le regard charbonneux, aussi concentrée en interview que sur scène, Corinne Jaber dit éprouver une grande joie d’être au Liban. «C’est même un soulagement physique», affirme-t-elle. «Simon en avait tellement parlé. Puis l’accueil est vraiment chaleureux ; l’échange au niveau humain intense…» Corinne Jaber prête ses traits à Seta, le personnage féminin d’Une bête sur la lune. Cette actrice, née à Munich de mère allemande et de père syrien, dit avoir été doublement touchée par cette pièce : «D’abord le monde dans lequel elle se déroule m’est assez familier», souligne-t-elle. «C’est un monde oriental que je connais très bien et dans lequel je me sens à l’aise. Puis il y a le destin d’une femme». Dans la pièce, Seta a successivement 15, 20, puis 25 ans. Comment endosse-t-on de tels changements d’âges, comment les reproduit-on ? «Par l’énergie», indique l’actrice. «Quand elle arrive en Amérique, Seta est une jeune fille qui déborde de vitalité. Mais elle a également une importante force de vie : c’est une femme qui est heureuse d’être encore en vie, d’avoir réussi à échapper au terrible génocide et d’avoir eu la possibilité d’émigrer aux États-Unis». Le sourire qu’elle affiche pendant toute la pièce cache mal l’agitation fébrile, nerveuse, qui l’anime. «Pour elle, affirme Corinne Jaber, sa vie ne consiste pas à chercher comment survivre puisqu’elle a déjà survécu. Son histoire c’est plutôt d’éprouver ce que ça coûte d’aimer un homme. L’actrice poursuit : «C’est une véritable héroïne, elle est généreuse. Elle a réussi à sortir l’homme qui lui a sauvé la vie de son passé, de sa douleur». Pour exprimer une souffrance qu’elle n’a pas vécue, Corinne Jaber dit s’être mise en contact «avec une sensibilité qui nous lie tous. Je ne peux imaginer ce qu’a subi cette femme, mais je peux créer un lien entre elle et moi à travers cette sensibilité». Pour l’actrice, Une bête sur la lune marque un tournant dans sa carrière. «D’abord j’ai eu une relation exceptionnelle avec mon partenaire, nous avons pu développer un jeu intime». Elle estime que cette expérience a été réussie parce que «les acteurs ont su se mettre au service de la pièce, du metteur en scène, du public. Nous avons fait un véritable travail d’équipe». L’école Peter Brook Corinne Jaber a commencé à travailler dès 1987 avec Peter Brook dans le Mahabharata. «D’abord dans la pièce, en doublure, puis dans de petits rôles. Ensuite j’ai joué dans le film, j’avais un rôle plus intéressant», indique-t-elle. Cette collaboration qui a duré une dizaine d’années a donné à Corinne Jaber «le goût du théâtre. La recherche de la justesse dans le jeu. Rien n’est jamais acquis, les choses s’affinent avec le temps et la maturité». Jouer la comédie, «c’est savoir s’ouvrir à un texte, et en même temps à tout ce qui est en soi. C’est être sensible à la douleur de l’autre». Quant à la tension émotionnelle qu’elle reproduit tous les soirs, «c’est un mécanisme que je sais déclencher et maîtriser. C’est une technique». Qui a tout de l’authentique.
INTERVIEW - Deux acteurs crèvent les planches dans « Une bête sur la lune » «Une bête sur la lune» de Richard Kalinoski, dans une mise en scène d’Irina Brook, occupe les planches du Monnot jusqu’au dimanche 6 juin. Un texte, véritable bijou d’humanité ; une mise en scène précise ; un jeu époustouflant de justesse. Corinne Jaber, alias Seta, déploie une énergie...